(james saint%angel @ samedi 7 août 2004 à 10:12 a écrit : Conseiller du groupe Thomson pour le Moyen-Orient il a permis à l'industrie française degagner de nombreux contrats.
a écrit :Préfet du Var en 1997 il a ré-installé l'autorité républicaine dans ce département
a écrit :Jean-Charles Marchiani a toujours combattu pour un seul idéal : la grandeur de la France
a écrit :L'incarcération de Jean-Charles Marchiani est pour nous non seulement une injustice mais un sévère coup porté contre notre pays
a écrit :L’homme du jour
Jean-Charles Marchiani
Dans la catégorie des hommes de l’ombre, rompus aux basses besognes, mêlant intérêt " supérieur " de l’État, affaires de grosses entreprises et politique d’une droite ultra, Jean-Charles Marchiani se pose un peu là. L’homme, qui était convoqué hier matin par le juge Philippe Courroye dans les locaux du pôle financier du Palais de Justice de Paris, a commencé sa carrière de barbouze en 1960 dans les rangs du service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). Très tôt cité dans de premières affaires, notamment l’assassinat de Stefan Markovitch, garde du corps d’Alain Delon en 1968, Marchiani devient l’homme à tout faire de Charles Pasqua. Fort de ses " liaisons parallèles " avec les services secrets arabes, il négocie en 1988 la libération des otages français du Liban, qu’il obtient quatre jours avant l’élection présidentielle. Mais il use aussi de ses relations et hautes protections pour conclure d’autres affaires : vente d’armes à l’Angola avec Pierre Falcone ; vente de chars Leclerc au Moyen-Orient, pour laquelle il perçoit une commission de 1,3 million d’euros ; contrat entre Aéroports de Paris et une société privée, qui lui aurait valu d’empocher un pot-de-vin de 1,48 million d’euros... Sans compter l’affaire Elf où il lui est reproché d’avoir encaissé 5 millions de dollars. En dépit d’un passé sulfureux, Marchiani est nommé par Pasqua, en 1995, préfet du Var où il s’illustrera en déclenchant une véritable croisade avec le maire FN de Toulon, Le Chevallier, contre le directeur du Théâtre de Châteauvallon et le groupe de rap NTM. Mis au placard par la gauche revenue au pouvoir, il s’engage au RPF de Charles Pasqua et Philippe de Villiers, en 1999, et se fait élire député européen. Un mandat qu’il a perdu au dernier scrutin de juin. Le juge Courroye, qui avait demandé en vain à plusieurs reprises la levée de son immunité, pouvait alors le convoquer.
Y. H.
a écrit :
Leur société
Affaire Marchiani - Le charme discret (et coûteux) des sommets de l’État
Mis en examen dans trois affaires de commission, Jean-Charles Marchiani, ancien préfet du Var et bras droit de Charles Pasqua, a été incarcéré dans le quartier réservé aux personnalités de la prison de la Santé.
Il vient de perdre son immunité parlementaire de député européen. N’étant pas réélu, le juge Courroye, qui avait tenté à plusieurs reprises de faire lever cette immunité, a pu enfin l’inculper et le faire incarcérer.
Il est soupçonné d’avoir touché un pot-de-vin de la part d’un homme d’affaires, Iskandar Safa, qui était intervenu lors de la libération des otages français au Liban.
Ensuite, il y a eu l’attribution d’un marché public à la société Aéroport de Paris (ADP), l’installation d’un système de stockage et de tri de bagages à Roissy. La commission perçue par Marchiani frisait 1,5 million d’euros, somme partagée avec un frère et un cousin de Pasqua.
Il y a eu également le contrat conclu entre une société allemande et le ministère de la Défense pour équiper des chars Leclerc, pour lequel Marchiani aurait touché 1,23 million d’euros.
Il a été également mouillé dans l’affaire du trafic d’armes avec l’Angola et dans une affaire de commissions versées par Elf en marge de contrats au Nigeria (d’un montant de 5 millions de dollars).
L’ex-préfet et ex-député a protesté, invoquant des «missions confidentielles», prétendant qu’il avait toujours «respecté la loi et la morale».
En fait de «loi» et de «morale», il s’agit-là des basses oeuvres de la vie politique et économique en régime capitaliste. Les commissions servent à assurer des marchés, à soutenir financièrement les partis de gouvernement. Elles sont en tout cas inhérentes au fonctionnement du système.
Dans le cas de Marchiani, il y a sûrement des règlements de comptes politiques, ici entre factions gaullistes. Pasqua et Marchiani avaient suivi Balladur contre Chirac à la présidentielle de 1995, ce que Chirac ne leur a, peut-être, pas pardonné. Une dizaine de proches de Pasqua étant actuellement poursuivis par la justice, celui-ci a écrit à Chirac une lettre pour rappeler entre les lignes qu’il en sait long sur les zones d’ombre du parti gaulliste.
En attendant, cette énième affaire de corruption dans les hautes sphères de l’État montre combien il serait nécessaire de lever le secret commercial et bancaire, non seulement pour en finir avec la corruption des sommets de l’État et de l’économie, mais aussi pour mettre fin à une coûteuse gabegie, qui se nourrit de l’argent de la collectivité.
Jacques FONTENOY
a écrit :En guise de défense, Jean-Charles Marchiani évoque l'"amnésie" de ses anciens amis politiques
Lemonde.fr | 11.10.05
A la fin de la première semaine d'audience, on avait laissé Jean-Charles Marchiani en compagnie de l'encombrant "cadeau" de 2,5 millions de marks de son "voisin de palier" , Yves Manuel, qui lui vaut d'être poursuivi pour trafic d'influence (Le Monde du 7 octobre). Lundi 10 octobre, son tour est venu de s'expliquer sur les raisons pour lesquelles, entre août 1994 et septembre 1999, ses comptes suisses ont été crédités, via une société offshore, d'un montant équivalant à la moitié de la commission perçue par M. Manuel sur un marché d'armement.
Rappelons que, pendant cette période, M. Marchiani, qui venait d'être nommé préfet chargé d'une mission de service public, a exercé de 1993 à 1995 des fonctions de conseiller au cabinet du ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, puis de 1995 à 1997, celles de préfet du Var, incompatibles avec la perception de telles sommes. Signalons encore que, pour l'administration fiscale, en 1995 puis en 1997, le préfet de la République n'était pas imposable. Ajoutons enfin que, pendant l'enquête, les multiples comptes suisses de M. Marchiani ont été évalués à 9 millions d'euros. "Quand on voit tout cela, on est un peu étonné..." , lance le président du tribunal, Olivier Leurent. "Etonné pourquoi, Monsieur le Président ?", répond le prévenu.
Le ton est donné. Pendant les trois heures que va durer son audition à la barre, Jean-Charles Marchiani ne se départira pas de cet aplomb qui, faute de mieux, lui tient lieu de défense. Entre deux tirades, il gonfle la poitrine, pose ses deux mains sur ses hanches et jette un regard circulaire sur la salle d'audience comme pour mesurer l'effet produit par ses propos. C'est qu'il a fort à faire, Jean-Charles Marchiani, pour tenter d'accréditer une thèse que tous les acteurs du dossier, jusqu'à ses amis, contredisent.
Même son coprévenu Yves Manuel qui, depuis le début de l'audience, n'en est pourtant pas à une concession d'amour-propre près, peine à soutenir la version selon laquelle il aurait mis ces 2,5 millions de marks à la disposition de M. Marchiani afin de soutenir ses missions dans la lutte contre le terrorisme à l'étranger. Un mécénat privé "patriotique" en quelque sorte, que justifieraient les faits d'armes de l'ancien agent des services secrets.
"Depuis vingt ans, je mène au Moyen-Orient et en Afrique des actions en rapport avec mes convictions politiques au profit des minorités chrétiennes notamment", explique-t-il. Une diplomatie parallèle qui, selon M. Marchiani, a permis la libération des otages français au Liban, l'arrestation du terroriste Carlos et qui se serait accompagnée d'un financement tout aussi parallèle sur des comptes suisses dont il était l'ayant droit.
"CAFÉ DU COMMERCE"
"Si vous m'accusez de trafic d'influence, je dis non. Si vous m'accusez d'avoir monté un service parallèle qui n'était pas orthodoxe, alors oui, je plaide coupable !" , tonne M. Marchiani, glissant au passage que, en remerciement de son rôle dans la libération des pilotes français détenus en Bosnie, en 1995, "le directeur de cabinet de Chirac m'a donné plusieurs mois après, et en tout et pour tout, 960 000 francs en espèces".
Quant à tous ceux qui, tels l'ancien premier ministre Edouard Balladur, les anciens ministres des affaires étrangères et de la défense, Alain Juppé et François Léotard, l'ancien patron de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Jacques Dewatre, ou encore l'ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, Maurice Ulrich, ont déclaré sur procès-verbal qu'il était "inenvisageable qu'un fonctionnaire soit mandaté pour collecter des fonds et soit l'ayant droit économique de comptes en Suisse" destinés à financer des opérations extérieures, ils souffrent tous d'"amnésie" , selon M. Marchiani.
"Mais comment expliquez-vous que vous continuez à percevoir des versements de M. Manuel, alors que vous n'êtes plus chargé d'aucune mission au ministère de l'intérieur ?" , demande le président. "Ce sont des fonds que j'ai acceptés parce que je n'avais aucune raison de les refuser" , répond avec une logique déroutante le prévenu. "Mais pourquoi avoir donné procuration sur ces comptes à votre femme et à vos enfants ?" , insiste M. Leurent. "Aujourd'hui que je suis vivant, vous vous rendez compte de l'épidémie d'amnésie. Imaginez que je sois mort, vous voyez comment ils se seraient occupés de ma femme et de mes enfants ! Alors oui, j'ai pris mes précautions", répond M. Marchiani.
Le président a gardé pour la fin un petit dossier qu'il ouvre avec gourmandise. Il contient le contenu des conversations téléphoniques interceptées au printemps 1994 sur une des lignes utilisées par l'ancien député européen. On y entend Jean-Charles Marchiani converser avec anxiété de son dossier et remuer ciel et terre auprès de tout ce qu'il compte d'influents amis politiques afin d'être épargné par les juges. "Chirac est prévenu, Perben est prévenu, il faut qu'ils fassent quelque chose, ça urge !", dit-il à l'un de ses interlocuteurs. "Oh, c'était juste une discussion de café du commerce...", tempère M. Marchiani devant le tribunal.
Pascale Robert-Diard
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