a écrit :L'annuaire SFR va voir du pays
Plan social à Montrouge chez Timing, sous-traitant de l'opérateur. Qui délocaliserait au Maroc.
Par Mathieu DESLANDES
vendredi 20 août 2004
«Annuaire SFR, bonjour. Quel numéro demandez-vous ?» Derrière la voix qui vous répond, un salarié de Timing. La société, basée à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, sous-traite les activités de renseignement téléphonique de l'opérateur SFR. 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Mais plus pour très longtemps. En juin, la direction de B2S, la maison mère de Timing, a présenté un plan social. A en croire les syndicats, les communications passées la nuit seront prises en charge par un centre d'appel au Maroc au 31 décembre prochain. Un an plus tard, les appels du dimanche traverseront à leur tour la Méditerranée. Conséquence : 210 postes pourraient être supprimés dans les mois qui viennent, sur 340 contrats de travail au total. Selon une porte-parole de la direction, l'effectif touché serait «nettement moins» important.
Economies. Le site commence à avoir l'habitude de se faire démembrer. En 2001, un pan des services de Montrouge partait pour Casablanca. L'an dernier, l'activité de vente par correspondance de Cegetel Services était délocalisée à Vineuil, en Loir-et-Cher. A chaque fois, la direction a mis en avant la nécessité de faire des économies. Il est vrai qu'à force de se mettre en grève en 1997, 2001 et 2002 les salariés ont fini par obtenir des conditions de travail et de rémunération moins défavorables que dans bon nombre de centres d'appel. Notamment des majorations de 50 % pour le travail de nuit et une rémunération des arrêts maladie dès le premier jour (et non à partir du septième).
Pour les dirigeants, le centre d'appel de Montrouge n'est pas suffisamment compétitif. «En 2003, raconte Christelle Glémet, déléguée syndicale CGT chez Timing, B2S, qui venait de racheter Timing, a feint de découvrir que nous faisions des pertes (12,5 millions d'euros lors du rachat, ndlr), et a cherché à supprimer nos acquis sociaux. On a d'abord réussi à faire reculer ce projet. Mais on se retrouve aujourd'hui avec un plan social sur le dos.»
En arrière-plan du conflit, les négociations pour le renouvellement du contrat qui lie Timing et SFR-Cegetel. Selon une source partie prenante au dossier, il est signé depuis le mois de juin. Ce qu'un porte-parole de la direction de Timing refuse de confirmer. «La direction nous dit que Cegetel attend de voir ce que va donner le plan social pour se décider, rapporte Christelle Glémet. Ils entretiennent une incertitude pour nous mettre la pression... En substance, ça veut dire : "Calmez-vous sur les revendications ou vous risquez de tout perdre." Mais c'est du bluff.»
Contacté hier à plusieurs reprises, Maxime Didier, le président de B2S, «en rendez-vous professionnels toute la journée» selon sa porte-parole, n'a pas été en mesure de répondre à nos questions. Ces derniers mois, il a cependant exposé sa stratégie à plusieurs reprises dans la presse : il reprend, à bas prix, des sociétés en difficulté. Charge à lui de les «redresser». B2S, qui a repris Timing en 2003, est le numéro 2 des centres d'appels français, derrière Téléperformance. Il a dégagé en 2003-2004 un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.
Fusion. Pour Timing, outre la suppression de l'activité de nuit et du dimanche, un déménagement est prévu, en septembre, de Montrouge à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Dans les locaux de Mediatel, une autre filiale du groupe, où «les salariés sont payés 10 % moins cher que ceux de Timing et ont une convention collective absolument merdique», dixit Christelle Glémet. Les syndicats craignent une fusion des deux sociétés, prélude à «la dénonciation de tous les accords salariaux obtenus chez Timing» et à «un nivellement par le bas». «Il est temps que nous nous fassions entendre, lance Sandra Demarcq, déléguée syndicale centrale Sud chez B2S. Car le cas de Timing n'est pas isolé au sein du groupe. Un autre plan social se prépare au centre d'appel de Noos, au Mans, dont une partie de l'activité risque d'être transférée au Maroc.» Les salariés manifesteront lundi à Paris, devant le siège de Vivendi Universal, la maison mère de SFR- Cegetel . Pour les banderoles, un slogan est déjà prêt : «Annuaire SFR, bonjour. Dans quel pays délocalisez-vous ?»