Sous-traitants et délocalisation: Timing

Message par boispikeur » 23 Août 2004, 19:51

Dans Libération

a écrit :L'annuaire SFR va voir du pays
Plan social à Montrouge chez Timing, sous-traitant de l'opérateur. Qui délocaliserait au Maroc.

Par Mathieu DESLANDES
vendredi 20 août 2004





«Annuaire SFR, bonjour. Quel numéro demandez-vous ?» Derrière la voix qui vous répond, un salarié de Timing. La société, basée à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, sous-traite les activités de renseignement téléphonique de l'opérateur SFR. 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Mais plus pour très longtemps. En juin, la direction de B2S, la maison mère de Timing, a présenté un plan social. A en croire les syndicats, les communications passées la nuit seront prises en charge par un centre d'appel au Maroc au 31 décembre prochain. Un an plus tard, les appels du dimanche traverseront à leur tour la Méditerranée. Conséquence : 210 postes pourraient être supprimés dans les mois qui viennent, sur 340 contrats de travail au total. Selon une porte-parole de la direction, l'effectif touché serait «nettement moins» important.

Economies. Le site commence à avoir l'habitude de se faire démembrer. En 2001, un pan des services de Montrouge partait pour Casablanca. L'an dernier, l'activité de vente par correspondance de Cegetel Services était délocalisée à Vineuil, en Loir-et-Cher. A chaque fois, la direction a mis en avant la nécessité de faire des économies. Il est vrai qu'à force de se mettre en grève ­ en 1997, 2001 et 2002 ­ les salariés ont fini par obtenir des conditions de travail et de rémunération moins défavorables que dans bon nombre de centres d'appel. Notamment des majorations de 50 % pour le travail de nuit et une rémunération des arrêts maladie dès le premier jour (et non à partir du septième).

Pour les dirigeants, le centre d'appel de Montrouge n'est pas suffisamment compétitif. «En 2003, raconte Christelle Glémet, déléguée syndicale CGT chez Timing, B2S, qui venait de racheter Timing, a feint de découvrir que nous faisions des pertes (12,5 millions d'euros lors du rachat, ndlr), et a cherché à supprimer nos acquis sociaux. On a d'abord réussi à faire reculer ce projet. Mais on se retrouve aujourd'hui avec un plan social sur le dos.»

En arrière-plan du conflit, les négociations pour le renouvellement du contrat qui lie Timing et SFR-Cegetel. Selon une source partie prenante au dossier, il est signé depuis le mois de juin. Ce qu'un porte-parole de la direction de Timing refuse de confirmer. «La direction nous dit que Cegetel attend de voir ce que va donner le plan social pour se décider, rapporte Christelle Glémet. Ils entretiennent une incertitude pour nous mettre la pression... En substance, ça veut dire : "Calmez-vous sur les revendications ou vous risquez de tout perdre." Mais c'est du bluff.»

Contacté hier à plusieurs reprises, Maxime Didier, le président de B2S, «en rendez-vous professionnels toute la journée» selon sa porte-parole, n'a pas été en mesure de répondre à nos questions. Ces derniers mois, il a cependant exposé sa stratégie à plusieurs reprises dans la presse : il reprend, à bas prix, des sociétés en difficulté. Charge à lui de les «redresser». B2S, qui a repris Timing en 2003, est le numéro 2 des centres d'appels français, derrière Téléperformance. Il a dégagé en 2003-2004 un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.

Fusion. Pour Timing, outre la suppression de l'activité de nuit et du dimanche, un déménagement est prévu, en septembre, de Montrouge à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Dans les locaux de Mediatel, une autre filiale du groupe, où «les salariés sont payés 10 % moins cher que ceux de Timing et ont une convention collective absolument merdique», dixit Christelle Glémet. Les syndicats craignent une fusion des deux sociétés, prélude à «la dénonciation de tous les accords salariaux obtenus chez Timing» et à «un nivellement par le bas». «Il est temps que nous nous fassions entendre, lance Sandra Demarcq, déléguée syndicale centrale Sud chez B2S. Car le cas de Timing n'est pas isolé au sein du groupe. Un autre plan social se prépare au centre d'appel de Noos, au Mans, dont une partie de l'activité risque d'être transférée au Maroc.» Les salariés manifesteront lundi à Paris, devant le siège de Vivendi Universal, la maison mère de SFR- Cegetel . Pour les banderoles, un slogan est déjà prêt : «Annuaire SFR, bonjour. Dans quel pays délocalisez-vous ?»


boispikeur
 
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Message par othar » 23 Août 2004, 20:39

je pense qu'on peut profiter de ce message pour détourner un peu le sujet et réfléchir à une argumentation face aux délocalisations qui soit correcte politiquement
i.e. qui par exemple, ne tombe pas dans le piège du nationalisme (cf "produisons français", etc)

cela dit je ne sais pas si des arguments ont déjà été regroupés dans un sujet précédent?

En effet, réfléchir "théoriquement au problème" doit aider à mieux se dépatouiller dans les discussions que l'on peut avoir là-dessus avec des travailleurs.
(bien sur cela ne suffira pas si on discute avec quelqu'un dont l' entreprise va être délocalisée à très court terme!)
othar
 
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Message par Marck » 23 Août 2004, 23:17

Il y a déjà eu un fil sur le sujet ici:http://forumlo.cjb.net/index.php?act=ST&f=14&t=4234

à défaut d'un exemple d'argumentation avec des travailleurs, on y trouvera une discussion avec un pro-capitaliste :x
Marck
 
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Message par othar » 23 Août 2004, 23:58

merci pour le lien, j'avais la flemme de chercher :emb:
othar
 
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Message par boispikeur » 24 Août 2004, 11:10

Un comptee-rendu dans l'Huma de la mobilisation

a écrit :Délocalisation.
" Devine d’où je t’exploite ! "




À Montrouge (Hauts-de-Seine), les salariés d’un centre d’appels sous-traitant de Cegetel luttent contre la suppression de 210 emplois.

On se demande bien pourquoi, mais c’est ce qui s’appelle un " plan de sauvegarde de l’emploi " (PSE) : à Montrouge (Hauts-de-Seine), dans le centre d’appels Timing, une filiale de B2S (numéro deux dans ce secteur d’activités) ayant pour client unique SFR Cegetel (groupe Vivendi Universal), 210 emplois (sur un total de 348) vont être supprimés à cause de la délocalisation de la plupart des services vers le Maroc. Hier, en début d’après midi, à l’appel de la CGT et de SUD, une centaine de salariés de Timing, auxquels se sont joints des syndicalistes de Cegetel, sont venus protester sous les fenêtres du siège de Vivendi Universal, avenue de Friedland, dans le 8e arrondissement de Paris. Avec de la verve dans le slogan : " SFR, bonjour, dans quel pays délocalisez-vous ? ", " Bénéfices généreux, PSE miséreux ", " Cegetel délocalise, SFR nous jette ", " Devine d’où je t’exploite ".

Derniers maillons de la chaîne, les salariés des centres d’appels sous-traitants subissent de plein fouet la pression toujours accrue sur les coûts ; cela se répercute sur les salaires, sur les conditions de travail et, au bout du compte, sur les emplois par l’intermédiaire de délocalisations vers les " zones franches " en France ou en dehors des frontières de l’Union européenne et, en particulier, vers les pays francophones du Maghreb. " Nous étions une entreprise " dédié au dieu Cegetel qui engrangeait, grâce à notre travail, de substantiels profits, raconte-t-on à la CGT de Timing. Mais un jour, Cegetel a estimé que nous n’étions plus assez dociles et a décidé de diversifier ses sous-traitants pour nous diviser, en signant un contrat avec un centre d’appels à Nancy et plus récemment avec une entreprise basée à Casablanca au Maroc, où les coûts salariaux sont bien plus intéressants (pour les patrons, pas pour nous !), et où la main-d’ouvre est moins combative. " Pour SUD Cegetel, " la direction de Timing avait déjà fait subir à ses salariés un plan de réduction des coûts par l’intermédiaire de la diminution des temps de pause et la hausse de la productivité ". Mais en plus de ce " chantage ", souligne encore le syndicat, " SFR, pour des raisons tenant à la rentabilité (pas pour éviter une faillite, mais pour engranger encore plus de profits au mépris de l’être humain et de la planète), a décidé de " transférer " leurs emplois ailleurs ".

Pour la fédération CGT des PTT, " la mobilisation des salariés de Timing et de Cegetel devant le siège de Vivendi met en lumière la politique sociale scandaleuse menée dans le secteur des télécoms ". " Avec l’exemple criant des centres d’appels, on retrouve à France Télécom et Cegetel une même stratégie à triple détente au sein de l’entreprise, chez les sous-traitants et dans les délocalisations, poursuit la fédération. Le patronat des centres d’appels surfe sur la misère et les subventions. Les centres d’appels sont en pleine expansion dans les zones de province qui ont connu toutes les graves crises industrielles de ces quarante dernières années. Mais cela ne suffit pas : les patrons des centres d’appels délocalisent dans des pays peu regardants sur le bien-être des salariés, très mal payés et surexploités. Sur le même principe que les zones franches en France, ils bénéficient de conditions d’installation exceptionnelles. "

Par cette lutte qui montre, selon elle, " les convergences possibles entre salariés des maisons mères et ceux des sous-traitants ", la CGT préconise de " mettre fin à de telles pratiques " et d’" imposer d’autres choix ". " La solution la plus efficace serait de reprendre l’intégralité des salariés de cette entreprise dans le cadre d’une réintégration des activités au sein des maisons mères ", estime la CGT PTT. Par ailleurs, elle réclame un " contrôle public " sur les subventions qui " ne doivent pas être utilisées pour développer le dumping social ".

Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, SFR Cegetel, qui vient de réaliser un résultat d’exploitation de près de 2 milliards d’euros en 2003 (+ 37 %), se dédouane à bon compte, en renvoyant toute la " responsabilité " dans cette affaire à la direction de son sous-traitant.

Thomas Lemahieu



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Message par boispikeur » 26 Août 2004, 14:08

Dans LO

a écrit :B2S-Timing (Montrouge - 92) : 210 suppressions d'emplois annoncées

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Les employés du centre d'appels Timing -des "télé-conseillers", s'il vous plaît- viennent d'apprendre un plan social avec 210 suppressions d'emplois. Ils étaient chargés du trafic de renseignements pour les abonnés SFR par le 222 et de la vente de mobiles par correspondance.

L'entreprise de télémarketing Timing est une filiale du groupe B2S-Céritex. Elle travaille en sous-traitance pour Cégétel-SFR (groupe Vivendi)

La direction de B2S vient de décider la délocalisation de leur activité dans un centre au Maroc. La direction Cégétel fait communiqué sur communiqué pour convaincre qu'elle n'y est pour rien et qu'elle n'est pas responsable de la société Timing! Mais c'est elle qui passe les marchés et qui, comme les patrons des centres d'appels, empoche les bénéfices. Et ce n'est pas pour donner du travail aux travailleurs marocains qu'ils font cela, c'est pour pouvoir payer des salaires moindres. Parallèlement, la direction de Cégétel veut changer les horaires de ses employés en particulier avec menace de fermeture des centres le dimanche en re-basculant là aussi le trafic vers des sous-traitants.

Lundi 23 août, un rassemblement d'une centaine de personnes a eu lieu devant le siège de Vivendi avec les grévistes de Timing mais aussi une participation d'employés de Cégétel. Les grévistes ont exprimé leur colère sous les fenêtres des bureaux de la direction de Vivendi en dénonçant ces suppressions d'emplois.

Et ce qui est important, ce sont justement ces liens qui se sont créés entre des télé-conseillers d'une entreprise sous-traitante et ceux de l'entreprise qui passe les marchés. Un nouveau rendez-vous a d'ailleurs été pris pour revenir dire leur fait à leurs patrons communs.

Correspondant LO

boispikeur
 
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