Bon, j'ai pas eu bcp de chance avec mon précédent cheveu sur la soupe. Peut-être celui-ci inspirera davantage.
Je poursuis épisodiquement ma lecture de "Psychologie, marxisme, matérialisme" (1945), et dans un § intitulé "le matérialisme dialectique", Naville a ces mots qui me laissent plus que songeur :
D'abord, mais pas de pb à ça, il revient sur Hegel et l'hégélianisme. Il explique ceci :
a écrit :"le devenir s’y accomplit intégralement dans le savoir absolu. Le mouvement dialectique trouve son origine, sa source, dans la théorie de l’aliénation, dans l’opposition interne de la conscience déchirée par sa participation à l’être, à la négativité, mais il trouve aussi son accomplissement, et par conséquent sa fin, dans l’intégration méthodique de savoir absolu"
Bref, le devenir est enfermé dans une sorte "d'accomplissement de l'esprit". Ceci pour résumer.
Bien sûr, Marx va, comme on sait, remettre tout ça "sur ses pieds" : "Hegel avait fait de l’homme l’homme de la conscience au lieu de faire de la conscience la conscience de l’homme réel, vivant dans le monde réel" (p. 168). Là où Hegel "ne met fin au drame du monde moderne que dans et par la philosophie", Marx donc, quant à lui -- et en passant par Feuerbach --, revient sur terre : "on sortait du cercle de la réalisation de l’Idée et l’on retrouvait l’homme réel et concret".
Ensuite, à propos de Feuerbach, Naville insiste pour relativiser son apport (ses mérites sont, dit-il, "minces") : somme toute, dit-il, Feuerbach n'a guère fait que renouer "la tradition interrompue du matérialisme Diderot-d’Holbach", c'est-à-dire, explique Naville, montrer que la philo n'est que "la systématisation de la philosophie" et que
a écrit :"le vrai matérialiste doit se fonder sur les sciences réelles et partir du positif absolu, de la nature de l’homme vivant, sensible, réel et non de la négation de la négation".
:hum: Naville précise :
a écrit :"au fond, ce que Marx admire chez lui, c'est précisément ce qui faisait la grande forces des Encyclopédistes de gauche"
a écrit :"toutes les questions que Feuerbach pose, et qu'il a suscitées chez ses admirateurs, sont des questions que le XVIIIe matérialiste avait déjà posées, mais qu'il fallait reprendre avec un nouveau matériel scientifique"
Bref, Feuerbach se contente de remettre le matérialisme au goût du jour, "par-dessus Kant, Fichte et Hegel", qui plus est "à l'époque d'un prodigieux progrès des sciences et des techniques", mais, qu'on se le dise, "l'homme selon Diderot apparaît bien plus près du matérialisme dialectique que l'homme selon Feuerbach"... Du coup, on se demande un peu pourquoi Marx et Engels font si grand cas de Feuerbach...
On le comprend mieux ensuite :
a écrit :"la grande action de Feuerbach, c'est [...] d'avoir opposé à la négation de la négation, qui prétendait (on comprend : chez Hegel) être le positif absolu, le principe reposant sur lui-même et positivement fondé sur lui-même"
Naville curieusement ajoute :
a écrit :"Marx y renonce explicitement à la négation de la négation, après Feuerbach, comme fondement de la positivité des processus naturels. Il le remplace par une réalité fondée sur elle-même, c-à-d telle qu'elle apparaît directement à la perception et à l'action et telle que la découvrent les sciences et les techniques. C'est un point capital, qui montre que Marx dut revenir en arrière pour réinterpréter ultérieurement les formes de la dialectique" (p. 169)
D'où donc Naville sort-il ce truc ?
Faut-dire, un peu plus loin, il explique que chez Marx et Engels,
a écrit :"la dialectique hégélienne est en partie niée absolument, abandonnée au passé, et non absorbée et rénovée"...
Et qu'il ne parle plus vraiment de "matérialisme dialectique" mais de ... "réalisme dialectique" ! :hum: