par stef » 05 Fév 2003, 13:08
Intervention de M Raffarin au CES Force Ouvrière réagit
La Confédération Générale du Travail Force Ouvrière a porté la plus grande attention à l’intervention du Premier ministre.
Le sentiment immédiat est que le Premier ministre s’apprête à mettre en route une réforme qui, en définitive, ne concerne pas tous les français comme on nous le promettait, mais les seuls salariés. Les régimes des artisans, des commerçants, le régime agricole, ne sont pas concernés. Or, ils bénéficient cependant d’importants transferts financiers (au total près de sept milliards d’euros en 2003) de la part des régimes de salariés, privés et publics confondus, alors que cela devrait relever de la solidarité nationale.
Dans ces conditions, la CGT-Force Ouvrière estime que la situation des retraites des salariés doit être appréciée en fonction des données concernant l’activité des salariés qui, en moyenne, est de 37, 5 ans. Il faut donc dire clairement qu’allonger celle-ci au-delà est une solution illusoire puisqu’elle aurait pour objectif principal de réduire le montant calculé des retraites des salariés.
Il y a donc urgence à revenir sur les dispositions de la loi Balladur de 1993. C’est une question d’équité et de justice, particulièrement au moment où se succèdent les plans sociaux qui claquent la porte des usines et des bureaux au nez de milliers de personnes. Depuis les travaux du COR, on sait que cette mesure ne coûterait que 0,3 point de PIB supplémentaire à l’horizon 2040.
Par ailleurs, Force Ouvrière rappelle que les employeurs ont aussi leur part de responsabilités ce qui semble avoir été oublié par le Premier ministre. De 60 à 65 ans, les retraites complémentaires sont financées par l’AGFF gérée paritairement par le patronat et les confédérations de salariés. Il suffirait que le MEDEF décide unilatéralement, en octobre 2003, de ne plus financer cette structure pour que le principe de la retraite à 60 ans auquel le Premier Ministre déclare être attaché, vole en éclat.
Cela signifie que la procédure de concertation doit aussi passer par des négociations.
D’une manière générale, le Premier ministre a affiché implicitement, donc relativement prudemment, les intentions du gouvernement. À n’en pas douter les manifestations du 1er février ont pesé. Pour autant les pistes annoncées conduisent à faire accepter des sacrifices aux salariés et à institutionnaliser, dans les droits à la retraite, le système bonus/malus de la retraite à la carte et ainsi à faire sauter la référence de la retraite à 60 ans à taux plein. Quoi qu’il en soit, la recherche de la pérennisation des régimes par répartition passe par une réaffectation des richesses produites.
Pour Force Ouvrière, d’autres initiatives syndicales sont nécessaires pour que les salariés ne soient pas seulement écoutés mais entendus. C’est sur ces bases que la délégation Force Ouvrière conduite par Marc Blondel se rendra le 6 février à l’entrevue avec Messieurs Fillon et Delevoye.