("Le Monde daté du 25 septembre" a écrit :
DISPARITION
Livio Maitan, grande figure de la gauche italienne
LE MONDE | 24.09.04 | 15h55
Livio Maitan, qui fut l'un des principaux dirigeants de la IVe Internationale trotskiste, est mort à Rome, mercredi 16 septembre, d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 80 ans.
Intellectuel et militant, le vieux dirigeant trotskiste n'a jamais choisi entre l'action et la réflexion politiques, qu'il a toujours menées de front : "Un homme profondément enraciné dans la culture et la formation du mouvement ouvrier international du XXe siècle dont il fut le spécialiste et l'interprète", a résumé l'un de ses proches. Livio Maitan a été, à la fin des années 1980, parmi les fondateurs du Parti de la refondation communiste (PRC), aujourd'hui dirigé par Fausto Bertinotti, tout en collaborant régulièrement au journal Liberazione et en signant plus d'une vingtaine d'essais politiques. Il a été l'artisan de la publication en Italie de l'œuvre de Léon Trotski.
Né en 1923 à Venise, Livio Maitan, après des études de lettres classiques à l'université de Padoue et un parcours militant dans la mouvance socialiste, adhère à la IVe Internationale en 1947. L'année suivante, il devient l'un des dirigeants du Front démocratique populaire, et entre à la direction de la IVe Internationale, où il restera jusqu'à sa mort. Il anime notamment la revue de l'organisation internationale, avant de fonder, en 1950, la revue Bandiera Rossa, l'organe des Groupes communistes révolutionnaires (GRC), qui se transformeront en Ligue communiste révolutionnaire (LCR) au début des années 1980.
En 1989, Livio Maitan contribue à la dissolution de la Ligue, qui se rapproche du mouvement Démocratie prolétaire, pour aboutir à la création de Refondation communiste. Depuis quelques années, le militant trotskiste avait quitté le devant de la scène politique, mais son influence est restée intacte auprès des jeunes générations qui lui demandaient régulièrement conseil. Il a continué à écrire, soutenant activement, en 2002, le nouveau projet éditorial destiné à remplacer, après plus d'un demi-siècle d'existence, "sa" revue Bandiera rossa. Il venait de terminer et d'envoyer à son éditeur un ultime livre consacré à Une histoire de la IVe Internationale.
Selon Alain Krivine, ce "militant cultivé, plein d'humour et de chaleur humaine" était "à l'opposé de la caricature que certains peuvent se faire d'un dirigeant trotskiste". Ses amis rappellent que Livio Maitan avait deux passions dans la vie : la révolution et le football. Supporteur fervent de la Lazio, l'un des deux clubs romains, il ne se contentait pas d'encourager ses couleurs au stade olympique de Rome. Ancien joueur de la Serenissima, l'équipe de Venise, dans les années 1940, l'octogénaire continuait à chausser chaque semaine les crampons.
Jean-Jacques Bozonnet