A propos d'une motion...

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par com_71 » 03 Fév 2003, 21:44

(jean-claude @ lundi 3 février 2003 à 12:43 a écrit :pour mieux comprendre, iajoulik fait partie de la fraction?

Le fait que Iajoulik soit ou non de la fraction ne change rien aux textes qu'il cite, qui sont compréhensibles en eux-mêmes.
Par ailleurs sa manière même de les citer ex-abrupto est quand-même bien révélatrice du fait qu'il est en définitive extérieur à cette discussion.

Et je n'avais pas encore lu çà qui confirme (par le fond et par la forme) que Iajoulik n'est pas de la fraction.
(Iajoulik @ . a écrit :... le vote à 97,6% reflète naturellement les voix des délégués au congrès, donc indirectement les effectifs relatifs majorité/minorité... ou du moins, pour la minorité, les effectifs "officiellement" reconnus par LO comme membres de l'orga, c'est-à-dire ceux qui étaient déjà membres de LO au moment de la constitution de la fraction (ou au moment où ils l'ont rejointe) ! Il ne semble pas prévu que les camarades qui, depuis, militent avec la minorité (sans être auparavant membres de LO) puissent un jour être "officiellement" comptabilisés par LO... ce qui affecte évidemment quelque peu le résultat des votes du congrès.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 21:45

(morise @ lundi 3 février 2003 à 21:10 a écrit :Louis Christian R., plus le temps de répondre.
Mais une demande spéciale à nos géniaux archivistes : pourrait-ils retrouver un texte de LDC, bilingue rouge, des années 75 (n°26 ?) qui parlait du PSU. C'est un des premiers textes LO que j'ai lu sérieusement (ça y est, encore un coming-out sur mon age...), et avec lequel je n'était absolument pas d'accord... avant d'être convaincu par les discussions, et par les faits.

Allez, les archivistes de LO au boulot ! Tas de Fainéant ! (et la paresse est un mal typiquement petit bourgeois)
Louis
 
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 22:02

(emman @ lundi 3 février 2003 à 21:57 a écrit :
(LouisChristianRené @ lundi 3 février 2003 à 19:50 a écrit :
a écrit :La dizaine de camarades de travail que j'avais réunis au vestiaire la semaine suivant les élections, enthousiastes de notre score électoral, n'ont pas bougé beaucoup plus leur popotin qu'avant ce résultat, malgré de multiples et diverses tentatives. L'activité que je menais moi semblait, et encore aujourd'hui, leur convenir, et leur suffire


La question est la ! A la fois, il y a une demande incontournable, mais nos propositions sont elles a la hauteur ! De toute façon, et on le vois tres bien avec cet afflux militant qu'on a eu ces derniers temps a la ligue : suppose que notre offre politique séduise des dizaines de milliers de travailleurs, d'étudiants, de petits bourgeois et de chomeurs et qu'ils se précipitent a la ligue ! La ligue exploserait dans les mois qui suivent ! Tout simplement, parce que ce n'est pas UNE SEULE organisation qui peut porter ca sur ses épaules, pas plus la ligue ou lo ou n'importe qui d'autre !

Maintenant ce n'est pas que je me résigne a ce qu'il n'y ait qu'un parti centriste : c'est le fond d'une recherche stratégique pour le mouvement ouvrier en france Effectivement, il n'y a pas actuelement d'espace pour construire une organisation révolutionnaire. Est ce qu'il y a de la place pour construire une organisation centriste Peut etre Dans le cas d'une montée révolutionnaire, qu'est ce qui serait plus favorable aux travailleurs : que des orga réformistes, plus des petits bouts d'orga révolutionnaire, ou une orga centriste, "non délimité" dans laquelle les révolutionnaires interviendraient ? A mon avis, la deuxieme solution serait plus favorable aux travailleurs Maintenant, Byrrrrh pense le contraire. Mais en cas de montée un peu radicale, des orga centristes se formeraient de toute façons, et seraient bien plus redoutable ! Le cas du psu est de ce point de vue éclairant ! Né a partir du ps a partir de la guerre d'algérie, il a su capter toute une frange radicalisée apres 68 Et pas que des petits bourgeois, mais aussi des ouvriers, des syndicalistes. Le but n'est pas de recreer le psu mais au contraire, d'empécher le psu !

Le problème, c'est qu'en periode de reaction, c'est pas les révolutionnaires qui influencent les partis centristes, c'est les partis centristes qui influencent les révolutionnaires... :(

Effectivement : et c'est en partie parce que nous avons une appréciation totalement différente de la période, que nous avons des stratégies totalements différentes ! Parce que je suis d'accord avec toi sur le constat : en période de recul grave du mouvement ouvrier, ce qu'il fait c'est conserver l'utopie révolutionnaire, et dont conserver l'acquis d'une orga indépendante révolutionnaire. Personnelement c'est ainsi que je vois les choses.

Mais sommes nous dans cette période. Je ne le crois pas. Au contraire, en période de montée (meme relative) des luttes et de la conscience ouvrière, on doit au contraire adopter une politique dynamique et conquiérente. selon les rythmes de cette montée, on peut soit directement poser le probleme du parti révolutionnaire, soit choisir des médiations (donc un parti centriste).

Il se peut que nous ou vous nous trompions sur la période. Maintenant, les erreurs de part et d'autre n'ont pas manqué Assez systématiquement, la ligue a survalorisé des phénomènes limités. Tout aussi systématiquement, LO s'est refusé a voir des dynamiques porteuses de mobilisations.

Personnelement, je fait un constat sur les deux organisations : elles ont une tendance lourde a faire des erreurs symétriques, mais aussi a recentrer leurs engagements Pour l'instant, ni la ligue n'est tombé dans un opportunisme sans principe, ni lo n'est devenu un résidu sectaire d'une vieille histoire du mouvement ouvier

Maintenant, tout cela n'existe pas jusqu'a temps que cela existe. Et moi je pense que les confirmations, dans un sens ou dans l'autre, arriveront assez vite
Louis
 
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Message par com_71 » 03 Fév 2003, 22:09

(LDC @ 5/73 a écrit :
OÙ VA LE P. S. U. ?   (10/5/ 73)
Après Mai 68, le P. S. U. se rangeait lui- même parmi les organisations révolutionnaires. Il eut même l'ambition un moment d'être le pivot autour duquel l'extrême gauche, si bigarrée, pourrait s'organiser et s'ordonner. Il faisait en tous cas tout ce qu'il pouvait pour ne pas perdre le contact avec les groupes d'extrême gauche et rester à leurs côtés même si cela lui valait quelque réprobation, allant parfois jusqu'à la rupture, de la part du P. S. et surtout du P. C. F. Depuis quelque temps, imperceptiblement au début, plus ouvertement ces derniers mois, cette politique est en train de changer.
Cela s'est manifesté de manière particulièrement nette lors des récentes élections législatives. Alors que, lors d'élections partielles précédentes, le P. S. U. avait cherché l'accord avec Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste, cette fois il n'en fut rien. Des pourparlers, entamés au dernier moment, le furent davantage pour la forme (c'est- à- dire pour permettre à la direction du P. S. U. de répondre aux éventuelles questions de certains de ses militants) qu'avec la volonté d'aboutir à un accord quelconque.
De toute évidence, le P. S. U. ne voulait pas se compromettre avec les trotskystes. Certes, Rocard avait plus de chance de conserver son siège de député - qu'il a malgré tout perdu - ou Le Foll de reconquérir le sien - ce qu'il a réussi - en s'alliant avec l'Union de la Gauche qu'avec les révolutionnaires. Mais ce n'était pas simple opportunisme électoral. Les prises de positions du P. S. U., et notamment de son secrétaire général, soulignant les côtés positifs du programme commun, les accords passés avec P. S., P. C. F. et Radicaux entre les deux tours, et même en ce qui concerne le P. S. et les Radicaux avant le premier tour (ils renoncèrent à présenter un candidat contre Rocard), la déclaration commune signée avec ces trois partis avant le second tour enfin, tout cela indique bien une orientation politique.
Elle a été confirmée le Premier Mai. Les deux années précédentes, à Paris du moins, le P. S. U. avait participé à la manifestation indépendante organisée par les gauchistes. Cette année, et bien que le cortège des révolutionnaires rejoignait, contrairement aux années précédentes, celui des syndicats, le P. S. U. refusa de s'y joindre.
Le P. S. U. prend donc ses distances d'avec les gauchistes. Est- ce parce qu'il a perdu au cours de l'année 1972 une partie de ceux qui constituaient son aile gauche, maoïstes ou trotskystes, certains allant constituer un nouveau groupe avec la Gauche Révolutionnaire, d'autres rejoignant la Ligue Communiste ou Révolution ? L'équilibre maintenu depuis 1968 aurait- il été rompu ainsi en faveur de la droite ? Mais le P. S. U. n'a- t- il pas perdu aussi de ce côté, pratiquement dans le même temps, bon nombre de ses membres qui sont allés rejoindre le nouveau P. S. ? N'est- ce pas donc plutôt à cause de cette nouvelle orientation qu'une grande partie de l'extrême gauche a dû s'en aller ?
Et, ce pas à droite, que signifie- t- il ? N'est- il qu'une des oscillations du P. S. U., parmi d'autres passées ou à venir ? Ou bien ce parti est- il en train de reprendre son ancienne place, qu'il avait un moment perdue, sur l'échiquier politique ?
D'OU VIENT LE P. S. U. ?
Pour saisir la véritable nature du P. S. U. il est indispensable de se reporter à ses origines et de considérer quels étaient ses buts, son programme et sa politique avant Mai 1968.
Trois groupes, principaux sont à l'origine du P. S. U. : la Nouvelle Gauche, le M. L. P. (Mouvement de Libération Populaire) et le P. S. A. (Parti Socialiste Autonome). La Nouvelle Gauche était formée d'un amalgame assez hétéroclite de gens, principalement des intellectuels, qui refusaient à la fois la S. F. I. O. et le P. C. F. et parmi lesquels on retrouvait d'ex- trotskystes en rupture de Quatrième Internationale et d'anciens opposants du P. C. F. bien souvent mal déstalinisés.
L'Union de la Gauche Socialiste naquit de l'alliance de cette Nouvelle Gauche avec le M. L. P. Celui- ci était formé de chrétiens. Il comptait cependant dans ses rangs un certain nombre de militants syndicalistes. Cet apport a marqué le P. S. U. et le marque encore. Non seulement il a lié le P. S. U. à la C. F. D. T., mais il lui a donné une figure à part dans une gauche française de tradition laïque, anticléricale et libre- penseuse. Et Michel Rocard pouvait déclarer, il y a quelques mois encore, à l'occasion d'un débat sur la possibilité pour les prêtres d'accéder à un poste dans l'enseignement public, que le P. S. U. envisageait le problème d'une manière particulière... car il comptait dans ses rangs une majorité de croyants.
Un peu plus tard, l'U. G. S. s'unifiait avec le P. S. A. pour donner naissance au P. S. U. Le P. S. A. était un petit morceau de la S. F. I. O.. Il s'en était détaché en s'opposant à la politique algérienne de celle- ci - en 1956 Guy Mollet, leader de la S. F. I. O. devenu chef du gouvernement, aggravait la guerre en Algérie et y envoyait les rappelés - puis à sa politique pro- gaulliste - le même Guy Mollet fut de ceux qui allèrent chercher de Gaulle en 1958 et accepta d'en être le ministre dans les premiers temps de la Cinquième République.
En fait, le P. S. A. était un groupe de notables sociaux- démocrates, anciens ministres comme Depreux, Tanguy- Prigent ou Auban, députés, maires ou conseillers municipaux, en bref, un bout de l'appareil de la S. F. I. O., qui tentaient de préserver l'avenir.
Après plus de douze ans de participation à la plupart des gouvernements de la Quatrième République, avec toutes les responsabilités dans la poursuite des guerres coloniales d'Indochine ou d'Algérie, et les compromissions avec les partis de droite que cela implique, avec pour finir la compromission avec le gaullisme, la S. F. I. O. était fort déconsidérée. Son influence électorale, critère décisif pour tout politicien bourgeois, fût- il de gauche, ne faisait que décroître inexorablement.
Depreux et ses amis estimèrent donc qu'il était opportun d'abandonner la vieille maison. Ils n'étaient pas moins compromis que les autres, ni moins responsables dans la politique de la S. F. I. O.. Ils bénéficiaient simplement de la réputation d'en constituer la gauche. Et, en s'en démarquant à temps, ils espéraient se sauver de la débâcle dont on pouvait se demander si elle n'était pas toute proche.
Ils ne furent d'ailleurs pas les seuls, dans cette période, à estimer que les vieilles formations de la gauche non- communiste avaient fait leur temps, et qu'il fallait refaire du neuf... même si c'était avec de vieux politiciens. Mendès- France lui- même, ex- président du Conseil, abandonna un peu plus tard le Parti Radical pour s'inscrire au P. S. U.. Son projet politique, dont il ne faisait guère mystère, était de fonder un grand parti de la gauche non- communiste, susceptible de faire pièce au P. C. F. Pour cela il fallait donner l'impression de faire du nouveau, secouer les vieux appareils, les forcer à s'unir et à se transformer. C'était en somme un projet similaire à celui que s'efforce de réaliser aujourd'hui Mitterrand avec le nouveau P. S. A l'époque la S. F. I. O. ne se prêta pas à une opération comme celle qu'a réussi Mitterrand il y a deux ans. Peut- être n'était- elle pas descendue assez bas ! En tous cas le P. S. U. put paraître un moment à Mendès- France sinon comme l'embryon de ce nouveau parti de toute la gauche non- communiste, du moins susceptible de l'aider à le construire.
Ce sont donc ces notables S. F. I. O. qui servirent d'axe au nouveau parti. Ce sont eux qui lui donnèrent ici ou là une implantation locale, quelques municipalités, quelques députés même, comme en Bretagne par exemple. C'est d'ailleurs le plus connu d'entre eux, Edouard Depreux, ex- ministre de l'intérieur, qui devait devenir secrétaire général du parti. Michel Rocard lui- même, qui lui succéda, venait des Jeunesses Socialistes, c'est- à- dire du même courant. Au départ le P. S. U. fondamentalement ne fut donc rien d'autre qu'une fraction de la Social- Démocratie complétée par des chrétiens progressistes et des syndicalistes chrétiens.
Et ce n'est que secondairement que le P. S. U. se nourrit des faiblesses et des défauts du P. C. F. et de la faillite des organisations révolutionnaires, plus particulièrement de la Quatrième Internationale. Certes, quelques militants du P. C. F., déçus de la passivité de leur parti, devant la guerre d'Algérie notamment, rejoignirent alors le PSU.. De même un certain nombre de trotskystes sans que l'on sache trop d'ailleurs s'il s'agissait de gens qui abandonnaient le camp de la révolution, ou de militants révolutionnaires cherchant, à la suite de l'échec du P. C. I., éparpillé aux quatre vents après 1948, les voies et les moyens de reconstruire un parti révolutionnaire et qui voyaient dans le P. S. U. une possibilité de continuer leur travail militant.
Mais, fondamentalement, l'apport des uns et des autres ne changea rien à la nature social- démocrate du P. S. U.. Au mieux ils lui donnèrent un style, animèrent d'interminables débats qui ne débouchaient sur rien et lui fournirent quelques colleurs d'affiches et distributeurs de tracts, plus ou moins dévoués, type de militants que la S. F. I. O. ne possède plus guère et qu'elle ne se soucie d'ailleurs plus d'avoir dans ses rangs.
Certes, durant les dernières années de la guerre d'Algérie, le P. S. U. put paraître non seulement à la gauche de la S. F. I. O., ce qui n'était en rien un critère, mais aussi à celle du P. C. F. Ce n'était, hélas, pas davantage un critère de politique révolutionnaire, le P. C. F. étant d'une apathie totale, et se refusant même pendant longtemps à parler du droit à l'indépendance de l'Algérie, condamnant ceux de ses membres qui cherchaient dans l'insoumission ou le refus de servir en Algérie une solution que la politique de leur parti ne leur offrait pas. Face à cela il suffit au P. S. U. d'apporter son soutien aux formes de refus individuelles et son appui aux déserteurs ou aux réseaux de soutien au F. L. N., pour apparaître comme un modèle de radicalisme. Face au P. C. F. il l'était. Mais sa politique, qui ne visait pas à provoquer une mobilisation des masses françaises et notamment de la classe ouvrière contre la guerre, n'était pourtant en rien une politique révolutionnaire prolétarienne. Et la guerre finie, les accords d'Evian signés, le P. S. U. revint à sa vraie place, et se trouva dès lors privé de son principal attrait auprès de tous ceux que l'inertie de la gauche écoeurait. Ses effectifs diminuèrent. Il n'apparut plus guère que comme un petit parti coincé entre la S. F. I. O. et le P. C. F., dont le programme et la raison d'être essentiels étaient de servir de trait d'union entre les deux.
UN P. S. U. RÉVOLUTIONNAIRE ?
Mai 68 devait fournir un second souffle au P. S. U. Yvan Craipeau, ancien dirigeant du P. C. I., l'un des leaders de la tendance trotskyste du P. S. U. et qui est d'ailleurs demeuré au sein de ce parti alors qu'une bonne partie de cette tendance le quittait il y a quelques mois, écrit dans son livre Le mouvement trotskyste en France : «Le P. S. U. a pourtant su à son cinquième congrès rompre avec sa direction et refuser l'entrée déguisée qu'on lui proposait dans la F. G, D. S.. La logique de sa nouvelle orientation le conduisait alors dans la voie révolutionnaire».
En fait, le refus d'adhérer, directement ou indirectement, à la F. G. D. S. avant 1968, n'a rien à voir avec une quelconque orientation révolutionnaire. La F. G. D. S., tentative de regroupement de la gauche non- communiste, S. F. I. O., Radicaux, Convention des Institutions Républicaines, par Mitterrand et autour de Mitterrand, se heurta, comme toutes les tentatives semblables, à une série d'oppositions. Ni les hommes ni les appareils politiques n'acceptaient aisément de faire passer leurs intérêts particuliers derrière l'intérêt général, fut- ce celui de la gauche non- communiste toute entière, et de s'effacer derrière Mitterrand. Ils l'acceptèrent d'ailleurs si peu que la F. G. D. S. finit par disparaître.
Le refus du P. S. U., qui comptait alors dans ses rangs un Mendès- France, qui avait lui aussi des ambitions en la matière, fut simplement le refus de se saborder d'hommes et d'un petit appareil politique, qui avaient toujours l'espoir de jouer un rôle plus important. Les raisons qu'avaient les militants révolutionnaires au sein du P. S. U. de repousser la F. G. D. S. ne furent là que pour servir de couverture à cette raison plus fondamentale.
Ce sont les circonstances - et non une orientation définie d'avance - qui ont amené le P. S. U. à se gauchir en Mai 68. Et il l'a fait pour deux raisons essentielles.
Tout d'abord - comme au temps de la guerre sa faible implantation et son faible impacti sur les événements lui permettaient d'aller beaucoup plus loin que des formations plus importantes que lui, et en premier lieu le P. C. F. La même chose est arrivée, toutes proportions gardées, à la C F. D. T., qui elle aussi put se permettre d'aller plus loin, en paroles du moins, dans la mesure où la C. G. T. par son poids suffisait à bloquer la situation. En quelque sorte le souffle de Mai 68 emporta le plus loin les organisations et les appareils dont le poids social et politique était le plus léger.
D'autre part, Mai 68 vit surtout une radicalisation de la jeunesse étudiante. C'était là l'une des bases du P. S. U., par U. N. E. F. interposée. Il en subit alors forcément la pression.
Certes, après Mai 68, beaucoup de «gauchistes» adhérèrent au P. S. U.. Celui- ci apparaissait -au milieu d'un fourmillement de groupes anarchistes, maoïstes et trotskystes, incapables de s'unir comme beaucoup l'avaient espéré un instant pour former un parti révolutionnaire -comme la plus puissante de ces organisations, la seule qui pouvait faire figure de parti. Mais est- ce à dire que le P. S. U. social- démocrate était devenu révolutionnaire ? Que, comme l'écrit Craipeau, «Ie P. S. U. sortait de la crise profondément transformé par l'adhésion de milliers de combattants de mai (et en même temps le retrait des réformis- tes et d'abord de Mendès- France)». Un parti n'est pas la somme des illusions que peuvent avoir ses militants ou une partie de ses militants sur lui. Sinon le P. C. F. n'aurait, lui, jamais cessé d'être tout ce qu'il y a de plus révolutionnaire.
En fait, le P. S. U. demeurait suivant l'expression employée par Craipeau lui- même lors du congrès du parti qui suivit Mai 68, «le cul entre deux chaises». Bien que Craipeau dise maintenant, des thèses qui sortirent de ce congrès et qu'il dénonçait si vertement alors, «qu'on ne peut nier leur cohérence interne ni l'effort qu'elles traduisent pour appréhender la réalité selon la méthode marxiste» son mot, qui fit alors scandale, dépeignait
bien la situation. En effet, exactement comme avant 1968 le PSU se voulait le trait d'union entre le P. C. F. et la S. F. I. O., après 68, il trouva sa justification et sa raison d'être dans une situation à mi- chemin entre la gauche non- communiste, le P. C. F. et les gauchistes. Et depuis il a vécu, tant sa vocation est d'être en quelque sorte un parti «en creux», des faiblesses et des défauts des trois grands courants politiques qui se partagent la gauche et l'extrême gauche de ce pays : l'incapacité de la gauche non- communiste à constituer un parti à vocation majoritaire qui puisse prétendre à gouverner le pays à l'exemple des partis sociaux- démocrates anglais ou allemand, l'impasse politique du P. C. F. qui n'a d'autre perspective que de s'intégrer complètement dans le jeu politique de la société et de l'Etat bourgeois français mais qui en est empêché par sa nature de parti stalinien, la faiblesse, l'opportunisme et le sectarisme du mouvement révolutionnaire.
QUEL EST L'AVENIR DU P. S. U. ?
Aujourd'hui trois raisons militent pour la disparition du P. S. U.. Tout d'abord autour de Mitterrand un nouveau Parti Socialiste s'est créé. Il n'a certes pas encore atteint tout son but. Il n'a pas regroupé toute la gauche non- communiste. Il n'a pas encore fait la preuve qu'il pouvait être plus important que le P. C. F., sur le plan électoral en particulier. Mais, depuis sa création, il a obtenu des résultats encourageants dans ce sens. Ainsi les récents résultats des élections législatives ont montré que sur ce plan il avait repris du poil de la bête, qu'il refaisait presque jeu égal avec le P. C. F., en tous cas si l'on ajoute aux voix du P. S. celles de ses alliés radicaux de gauche. Il a surtout réussi à apparaître comme une force nouvelle, qui peut caresser l'espoir de parvenir au pouvoir dans le cadre même des institutions de la Cinquième République. Enfin, il attire à nouveau un certain nombre de gens, comme des syndicalistes de la C. F. D. T. par exemple... qui étaient de ceux qu'attirait le P. S. U. jusque- là. Bref, cette vieille machine essoufflée et en perte de vitesse qu'était la S. F. I. O. a fait place à un P. S. sinon flambant neuf, du moins assez retapé pour faire bonne figure.
Mais alors il n'y a plus de raison essentielle et fondamentale pour qu'un bout de l'appareil social- démocrate continue à se tenir à l'écart. D'autant plus que les perspectives qu'offre un P. S. nouvelle manière sont maintenant bien meilleures que celles d'un petit P. S. U. : Rocard en sait quelque chose quand il compare son sort électoral à celui d'un Chevènement par exemple ! Comme, d'autre part, ce P. S., dans la tradition de la S. F. I. O. d'ailleurs, est tout à fait capable de laisser des tendances dites de gauche se manifester en son sein, même les prétextes idéologiques qui justifiaient l'existence d'un P. S. U. sont en train de disparaître. Ainsi, on peut voir le C. E. R. E. S. reprendre aujourd'hui à son compte une bonne part des théories et des discussions du P. S. U., notamment sur l'autogestion. Si demain le P. S. U. veut rejoindre le P. S., il a d'ores et déjà le prétexte tout trouvé pour le faire. Et c'est bien la conclusion à laquelle sont parvenus Martinet et ses amis de l'aile droite qui ont rejoint ces derniers temps le P. S.
Ensuite, il y a le pacte d'unité entre le P. S. et le P. C. F., concrétisé par la signature du Programme Commun, et leur alliance électorale aux dernières législatives. Longtemps le rôle du P. S. U. fut d'être le héraut de l'unité de la gauche. Aujourd'hui cette unité est faite, du moins aussi loin qu'elle peut aller compte tenu de la nature du P. S. et du P. C. F.. Mais elle n'est pas faite autour du P. S. U.. Elle est même faite sans qu'il y joue le moindre rôle. C'était peut-être prévisible puisque ce qui peut compter en la matière c'est le poids respectif des différents partenaires et non pas l'ancienneté dans les intentions et les déclarations unitaires. Mais pour le P. S. U. une unité P. S.- P. C. F. qui se fait sans lui se fait contre lui. Les dernières élections législatives l'ont montré durant lesquelles le P. S. U., après avoir fait mine de faire cavalier seul, n'eut entre les deux tours que le recours de se rallier quasiment à l'Union de la Gauche, seule possibilité pour lui de conserver un siège au Parlement.
Enfin, il y a l'existence d'organisations révolutionnaires sur sa gauche qui apparaissent de plus en plus fortes. Certes il n'existe pas encore de parti révolutionnaire. Mais Lutte Ouvrière ou la Ligue Communiste - pour ne citer qu'elles - sont maintenant de taille à concurrencer le P. S. U. quant à l'impact et au poids qu'elles peuvent avoir dans n'importe quelle bataille politique dans ce pays. On l'a vu lors des récents mouvements des étudiants, lycéens et jeunes des C. E. T.. Dans celui- ci à des degrés divers la Ligue Communiste, Révolution, l'A. J. S., Lutte Ouvrière, d'autres groupes révolutionnaires plus petits même, sont apparus et ont joué un rôle. Le P. S. U. a été totalement absent. Mais c'est même vrai maintenant sur le plan électoral, qui était pourtant jusqu'ici celui ou le P. S. U. pouvait affirmer son existence et son importance face aux groupes révolutionnaires. Ainsi lors des dernières législatives le nombre des suffrages qui se sont portés sur les candidats révolutionnaires de la Ligue Communiste et de Lutte Ouvrière n'est pas si loin de celui qu'ont obtenu les candidats du P. S. U. La seule raison qui fit la faveur du P. S. U. après 1968 dans le milieu gauchiste est donc en train, elle aussi, de disparaître.
Tout cela veut- il dire que les jours du P. S. U. sont comptés et qu'il ne reste plus qu'à l'enterrer ? Ce serait aller trop vite en besogne.
D'abord le P. S. U., comme tout appareil et tout groupe politique un peu structuré peut fort bien vivre et se survivre longtemps, indépendamment des circonstances qui lui ont donné naissance.
Surtout le contexte politique tel qu'il apparaît aujourd'hui n'est pas figé. Il peut changer. Les jeux sont loin d'être faits. De nouvelles circonstances peuvent à nouveau survenir qui redonnent une raison d'être au P. S. U. Comme il y a eul'Algérie, puis Mai 68. D'ailleurs le Parti Socialiste nouvelle manière est encore fragile et menacé tant de l'intérieur que de l'extérieur ; l'unité du P. S. et du P. C. F., maintenant que nous sommes hors période électorale, peut subir bien des avatars ; le parti révolutionnaire est encore à construire.
Ce qui est sûr en tous cas c'est que l'avenir du P. S. U. en tant que tel ne dépend pratiquement pas du P. S. U. lui- même mais de toutes les forces politiques qui l'entourent. Ce qui est sûr également c'est que le P. S. U. ne mourra pas d'une hémorragie de militants sur sa gauche. Car ce ne sont pas les militants révolutionnaires qui ont donné naissance au P. S. U. ou l'ont maintenu en vie.
D'autres peuvent encore le quitter pour rejoindre la Ligue Communiste ou Révolution ou former un nouveau groupe gauchiste. Cela peut affaiblir un peu plus le P. S. U. et rendre encore moins crédible l'image qu'il voudrait donner de lui- même. Mais cela ne peut le tuer. Chacun de ceux qui le quitte sur sa gauche peut bien proclamer en s'en allant que le P. S. U. est cette fois bien fini. Leur sortie ne marque pas la mort du P. S. U. mais, au mieux, celle de leurs illusions sur lui.
La fin du P. S. U., ce ne peut être que le retour au bercail de sa fraction social- démocrate, c'est- à- dire l'adhésion de son groupe dirigeant au nouveau Parti Socialiste. Elle est inscrite dans la logique des choses et dans la nature du P. S. U. Seuls les délais en sont imprévisibles. A ce moment- là l'aventure du P. S. U. aura effectivement vécu.



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Message par stef » 03 Fév 2003, 22:10

a écrit :Pour l'instant, ni la ligue n'est tombé dans un opportunisme sans principe

Arrêtes-toi LCR ! Soutenir un gouvernement bourgeois, revendiquer des réformes, c'est quoi ? Une simple divergence conjoncturelle ? :headonwall:

Encore une fois : aucun militant ouvrier n'a à s'en féliciter. Mais la réalité c'est quand même ça, non ? 30 secondes d'honnêteté !
stef
 
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Message par com_71 » 03 Fév 2003, 22:53

(iajoulik @ . a écrit : Il ne semble pas prévu que les camarades qui, depuis, militent avec la minorité (sans être auparavant membres de LO) puissent un jour être "officiellement" comptabilisés par LO... ce qui affecte évidemment quelque peu le résultat des votes du congrès.


La forme : A un membre de la fraction, il ne semblerait pas, il saurait.
Le fond : Les critiques de Iajoulik vont bien au delà de celles de la fraction.
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 23:15

(stef @ lundi 3 février 2003 à 23:10 a écrit :
a écrit :Pour l'instant, ni la ligue n'est tombé dans un opportunisme sans principe

Arrêtes-toi LCR ! Soutenir un gouvernement bourgeois, revendiquer des réformes, c'est quoi ? Une simple divergence conjoncturelle ? :headonwall:

Encore une fois : aucun militant ouvrier n'a à s'en féliciter. Mais la réalité c'est quand même ça, non ? 30 secondes d'honnêteté !

J'aimerais savoir quel gouvernement bourgeois on a soutenu :headonwall: tu dis vraiment n'importe quoi :perso-bouffon:

Et la aussi pour quelles réformes ont est pret a se vendre pour un plat de nouilles :bounce: :bounce:
Louis
 
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Message par gipsy » 03 Fév 2003, 23:19

a écrit :J'aimerais savoir quel gouvernement bourgeois on a soutenu  tu dis vraiment n'importe quoi


Recemment encore, même si j'ai bien noté là dessus que tu n'étais pas d'accord avec la ligne de la LCR, il me semble bien que soutenir le PT correspond bien à soutenir un gouvernement bourgeois( puis qu'un gvt de front populaire est bien un gouvernement bourgeois)
gipsy
 
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