le réalisme en littérature

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par lavana » 16 Août 2009, 09:31

(luc marchauciel @ samedi 15 août 2009 à 13:50 a écrit :
Bon, je vais essayer de pas discuter sur le même ton que le Convive..
En polar, c'est exactement l'inverse qui est vrai : la littérature dit "noire" est justement celle qui se veut réaliste et qui montre les travers de la société. Des grands anciens américains Hammet et Chandler jusqu'au néo polar français post 68ard, dont Jonquet était un représentant, et pas des plus manchots. On y trouve quelques auteurs d'extrème croite( comme ADG en France, qui paraît-il a du talent) mais surtout beaucoup de gens d'extrême gauche (dont des posts maos pas repentis, d'ailleurs...).Beaucoup plus sans doute que dans la littérature des Chantal Goya de la classe ouvrière qui semble émouvoir El Convidado.


Je sais bien qu'on s'exprime rapidement souvent ici. Mais là, Luc ,tu reprends les formules toutes faites qui servent d'alibi pour une littérature le plus souvent assez médiocre et sans intérêt.

Bien sûr, on peut se servir d'un polar comme base de discussion mais bon...inutile de leur attibuer des qualités qu'ils n'ont pas autre que la facilité de lecture et la moins grande appréhension. C'est comme le cinéma. Un truc facile qui effraie moins.

Il doit y avoir des auteurs à citer qui tentent de faire oeuvre utile.


Quant aux "Chantal Goya". je n'ai pas remarqué ce genre chez le Convive. De quoi veux-tu parler ?
lavana
 
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Message par Vérié » 16 Août 2009, 10:34

a écrit :
Convidado
N'oublie pas toute la littérature de gare, elle ne parle que de cela, des crimes et des policiers (que sont sympathiques bien que "noirs"(dépressifs faudrait dire) pour être encore plus sympathiques) comme la télé, qui les montre sympathiques aussi, et la radio (dans le temps) qui les montre encore sympathiques. Tous sympathiques,il y a d'autres qui sont philosophes mais humains,et quelques uns sont sympathiques benêts, d'autres violents mais sympathiques à la fin, d'autres brutales mais nécessaires, d'autres qui torturent et tuent mais sympathiques aussi, bref il y en a des "sympathiques" pour tous les gouts; cela suffit que ce soit des policiers pour qu'on travaille le réflexe de Pavlov..."sympathique"...

Convive, il me semble que tu fais un contrensens. Tu confonds l'ensemble de la littérature dite "noire" avec les séries TV genre Navarro, Commissaire Moulins, Julie Lescaut etc et les romans de style SAS.

C'est un préjugé courant et j'imagine que tu dois mal connaître cette littérature. La fonction sécuritaire des séries TV policières, avec bon flic rassurant, est évidente. Mais les romans d'Evangelisti ou ceux de Thomas Cook, entre beaucoup d'autres, ne font pas du tout l'apologie de la police et de la répression. Un grand nombre de films "noirs" non plus.
a écrit :
Bien sûr, on peut se servir d'un polar comme base de discussion mais bon...inutile de leur attribuer des qualités qu'ils n'ont pas autre que la facilité de lecture et la moins grande appréhension. C'est comme le cinéma. Un truc facile qui effraie moins.


Tu généralises beaucoup trop : il y a de tout dans le polar, comme il y a de tout dans la littérature dite "blanche". Les romans noirs sociaux restent minoritaires dans la masse de la production dominée par les anglo-saxons commerciaux, certes ; mais il en va de même dans l'ensemble de la production littéraire et cinématographique, pour les raisons que tu soulignes : l'influence de la petite bourgeoisie et de son individualisme forcené, les objectifs commerciaux etc. C'est vrai dans presque tous les domaines de l'expression artistique. Dans la chanson, pour un Nougaro ou un Béranger, il y a 10 ou 100 Serge Lama et... Chantal Goya.

Donc, il faut éviter tout autant de faire l'apologie de tout un genre, le genre "noir" en l'occurence, comme de le rejeter en bloc. Y compris sur le plan de la "facilité" : certains romans noirs sont tout aussi élaborés, complexes et bien écrits que certains produits de la littérature primée par les lecteurs de France Inter ou de Télérama. Jean François Vilar est tout de même à cent coudées au dessus de Houelbeck ou Catherine Millet... :sygus:
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Message par Vérié » 16 Août 2009, 14:02

a écrit : Convidado
C'est à dire la grande majorité, l'ensemble de la masse de la production "noire" est une sous littérature à des évidentes fins de propagande politique (bien quelle prenne la forme d'une fin plutôt monétaire en premier analyse).
(...) Je ne prétends pas discuter ni connaitre toutes et chacune des romans policiers (que je n'ai pas le temps de lire et qui m'ennuient mortellement



Tu parles donc d'une littérature que tu ne connais pas, pour l'essentiel, et que tu assimiles aux séries TV et à quelques collections "formatées" (il y en a de moins en moins.)

Mais les idées réactionnaires et individualistes sont tout aussi présentes dans la littérature "blanche" ! Pourtant il serait grotesque de dire que toute la littérature n'est que de la propagande bourgeoise.
a écrit : Convidado
D'ailleurs le parcours de Jonquet montre comment ce type d'idéologie est le refuge de tous ceux qui "ont perdu toutes illusion" et ne leur reste que "le désespoir et le néant".


L'immense majorité des écrivains sont d'origine et demilieux bourgeois et petits bourgeois. La seule différence des auteurs de polars est que leur origine sociale est en général plus modeste que celle des BHL ou Finkielkraut, et qu'ils sont souvent eu une expérience professionnelle avant de vivre de leurs écrits, quand ils en vivent.
Il est donc logique que beaucoup d'auteurs aient suivi les évolutions idéologiques de la petite bourgeoisie : gauchisme dans les années qui ont suivi mai 68, puis désillusion et conformisme.

Toutefois, désolé, mais l'évolution de Jonquet n'est pas emblématique de l'évolution des auteurs. Quelques-uns ont suivi une évolution du même ordre, mais d'autres sont restés fidèles à leurs idées, comme Vilar et Evangelisti que je citais plus haut.

Les écrivains de littérature blanche n'ont pas davantage échappé à cette évolution.
Regarde le cas de Vargas llosa. Et pourtant, il a écrit un magnifique polar social engagé sans équivoque, dont je te recommande la lecture Qui a tué Palomino Molero ?
A lui seul, ce livre devrait te prouver que toute la littérature "noire" (et non pas policière, comme police) n'est pas pourrie...
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Message par Vérié » 17 Août 2009, 09:05

Il n'y a pas, contrairement à ce que tu sembles croire, de frontière étanche entre les littératures "noires" et "blanches". C'est pourquoi je te citais l'exemple de Qui a tué Palomino Molero ? de Vargas LLosa. Ce livre a été publié en 1986, donc plusieurs années avant que Llosa devienne candidat de la droite. Dire que LLosa est "tombé dans le polar" est absurde. Ce roman fait partie de son oeuvre de dénonciation de la société de classe péruvienne au même titre que La ville et les chiens et d'autres.

Tu expliques toi-même que tu ne lis pas de romans, et encore moins de romans noirs. Comment donc peux-tu être aussi catégorique ? :33:
a écrit : Convidado
Je ne "assimile pas" le "noir" avec les productions pour la télé. Je critique la racine foncièrement réactionnaire de son point de vue de fond. C'est Schopenhauer (et je suis encore gentil) contre Marx. C'est la négation de toute vision d'ensemble pour le point de vue du sujet écrasé par "la vie" (le capitalisme pour faire court). Après avoir lu des polars...on reste hébété et quand c'est bien écrit, énervé...mais autrement aussi con qu'au début.

C'est un point de vue individuel, sans perspective


Encore une fois, c'est une vision caricaturale et réductrice. Il n'y a pas de "point de vue de fond" général des romans noirs et des auteurs de ce genre de littérature ! Il y a autant de points de vue que de romans et d'auteurs ! Comme pour le reste d ela littérature.

Ce qui est vrai, c'est que les écrivains, comme la majorité des artistes et intellectuels d'ailleurs, sont souvent très individualiste et que leur métier, la concurrence qui les oppose aux autres écrivains, les rend encore plus individualistes. Il y a parfois un décalage entre le contenu idéologique de leurs oeuvres et leur comportement personnel. Mais ça ne concerne pas spécifiquement le "noir" !

Certains romans, contrairement à ce que tu affirmes, ont une vision d'ensemble, collective. Par exemple Les rues de feu de Thomas Cook. A la fin du roman, le personnage principal, un flic blanc, marche dans les rangs des manifestants contre la ségration et affronte physiquement ses anciens collègues. On ne peut pas faire plus clair ! Donc, Convidado, tu as tendance à caricaturer un genre que tu ne connais visiblement pas, ou très mal.

___

PS Je ne connais pas Roa Bastos. Peux-tu m'indiquer un ou deux de ses romans disponibles ?
Vérié
 
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Message par lavana » 18 Août 2009, 17:11

(Vérié @ dimanche 16 août 2009 à 10:34 a écrit :
a écrit :
Bien sûr, on peut se servir d'un polar comme base de discussion mais bon...inutile de leur attribuer des qualités qu'ils n'ont pas autre que la facilité de lecture et la moins grande appréhension. C'est comme le cinéma. Un truc facile qui effraie moins.


Tu généralises beaucoup trop : il y a de tout dans le polar, comme il y a de tout dans la littérature dite "blanche". Les romans noirs sociaux restent minoritaires dans la masse de la production dominée par les anglo-saxons commerciaux, certes ; mais il en va de même dans l'ensemble de la production littéraire et cinématographique, pour les raisons que tu soulignes : l'influence de la petite bourgeoisie et de son individualisme forcené, les objectifs commerciaux etc. C'est vrai dans presque tous les domaines de l'expression artistique. Dans la chanson, pour un Nougaro ou un Béranger, il y a 10 ou 100 Serge Lama et... Chantal Goya.

Donc, il faut éviter tout autant de faire l'apologie de tout un genre, le genre "noir" en l'occurence, comme de le rejeter en bloc. Y compris sur le plan de la "facilité" : certains romans noirs sont tout aussi élaborés, complexes et bien écrits que certains produits de la littérature primée par les lecteurs de France Inter ou de Télérama. Jean François Vilar est tout de même à cent coudées au dessus de Houelbeck ou Catherine Millet... :sygus:
Sur ce passage sur lequel tu me réponds, Vérié.

Evidemment que je généralise trop. Mais si je partage les grandes lignes de ce qu'écrit Le Convive et si je peux être d'accord aussi avec toi. Sans vouloir entamer un débat sur la facilité ou la complexité de tel ou tel auteur. Je pense qu'il faut non seulement défendre les auteurs qui le méritent mais critiquer et démolir le plus possible l'immense majorité de la production qui est une immense entreprise de décervelage.

Tout cela sous le couvert de la distraction et de la détente.

Malheureusement aucune organisation politique ne peut se permettre ce genre d'attitude qui serait très vite accusé d'être un projet dictatorial d'enfermer et de contraindre les esprits qui se croient libres alors qu'il s'agit en fait de les libérer en les transformant.


C'est pour ça que j'aime bien les philippiques du Convive qui nous rappellent l'essentiel tout en sachant que c'est un projet démesuré.
lavana
 
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Message par Vérié » 18 Août 2009, 18:28

a écrit : Lavana
Je pense qu'il faut non seulement défendre les auteurs qui le méritent mais critiquer et démolir le plus possible l'immense majorité de la production qui est une immense entreprise de décervelage.

Mais pourquoi donc la production "noire" serait-elle davantage une entreprise dde décervelage que la production blanche ? :33:
Tout ce qu'on peut dire, c'est que certaines collections - genre SAS, brigades machin etc - sont en effet des vecteurs de propagande nationaliste et fascisante, avec apologie de la violence, de la torture, du racisme etc.

Mais des collections "roses" comme Arlequin sont tout autant des entreprises de décervelage ! Et nombre de romans "blancs' - ceux de Houellbeck par exemple - sont porteurs d'une idélogie tout aussi nauséabonde.

Il n'y a donc aucune raison de privilégier la dénonciation d'un genre particulier. Par exemple, en URSS, sous le stalinisme, le polar fut un "refuge" où certaines critiques du système étaient tolérées par les censeurs - peut-être parce qu'ils pensaient qu'il s'agissait d'une littérature de "distraction" et que ça ne prêtait pas à conséquence. On peut citer les romans des frères Vainer, auteurs très opportunistes, mais de haut niveau littéraire, par exemple La face cachée de la lune sur la mafia ousbèke sous Brejnev.

Les romans "noirs" de l'auteur cubain de très grand talent Padura ne sont pas censurés non plus. Certes Padura est très prudent et il ne critique jamais directement ni Castro ni le parti, mais ses romans nous offrent tout de même un tableau de la société cubaine contemporaine très intéressant et très réaliste qu'on ne trouve pas ailleurs. Je t'invite par exemple à lire Electre à la Havane et Passé parfait. Ce dernier livre raconte l'itinéraire d'un bureaucrate des JC cubains.

Aux Etats Unis, les auteurs progressistes sont nombreux.

Bref, ça n'a aucun sens de stigmatiser un genre littéraire particulier !

Si tu prends l'exemple du cinéma, c'est la même chose. A côté des thrillers d'espionnages financés par la CIA, il y a d'excellents polars sociaux, comme le récent Frozen river (voir le fil).
Vérié
 
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