Sur la prostitution

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Vérié » 22 Sep 2007, 17:18

(Gaby @ samedi 22 septembre 2007 à 18:06 a écrit : Quelle polémique à deux sous, franchement Vérié...
Désolé, mais la vision que l'on a des causes de la prostitution n'est pas sans conséquence. Si l'on pense qu'il ne s'agit que d'une forme d'esclavage sexuel, il suffirait de réprimer les esclavagistes - les macs - et la prostitution cesserait.
Mais la répression a toujours été impuissante à faire disparaître la prostitution et les macs refleurissent sur un terreau fertile...

Sur le reste, bien évidemment d'accord avec vous pour s'opposer à la banalisation d'une activité dégradante et aux formules du genre "travailleurs(ses) du sexe" etc.
Vérié
 
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Message par Vérié » 22 Sep 2007, 17:30

(Zelda @ samedi 22 septembre 2007 à 18:13 a écrit : Une femme qui se prostitue, c'est une femme qui se croit coincée, alors prostitution pour éviter la clochardisation, oui, mais pour éviter l'usine ? Tu y crois vraiment ?


Tout dépend du niveau de conscience des gens en question. On peut comprendre que des femmes fuient des conditions de travail épouvantables, le chomage et des salaires de misère. Sinon, comment expliquer que c'est dans les pays les plus pauvres que la prostitution est la plus répandue, sous les formes les plus diverses.

A Cuba, où pourtant les gens ne crèvent pas de faim, il y a pas mal de gens prêts à se prostituer avec les étrangers-sacs à dollars... Sans parler des pays beaucoup plus misérables où les gens crèvent de faim. Dans les camps de réfugiés de l'ONU en Afrique et ailleurs, la prostitution sévit.

Ce "choix" ne dédouane en aucune façon le client qui profite de la situation.
Vérié
 
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Message par Gaby » 22 Sep 2007, 17:41

(Vérié @ samedi 22 septembre 2007 à 18:18 a écrit : Désolé, mais la vision que l'on a des causes de la prostitution n'est pas sans conséquence. Si l'on pense qu'il ne s'agit que d'une forme d'esclavage sexuel, il suffirait de réprimer les esclavagistes - les macs - et la prostitution cesserait.
Mais la répression a toujours été impuissante à faire disparaître la prostitution et les macs refleurissent sur un terreau fertile...
Mais enfin, l'esclavage tout court est aboli. Il existe toujours pourtant le "terreau" social pour sa réapparition, et effectivement il réapparait ci et là... Est-ce pour autant faux de prononcer des mesures répressives contre les esclavagistes et souhaiter des programmes publics de prise en charge des victimes (ce dont la bourgeoisie se moque) ?

Ce que tu défends au fond, ce n'est pas autre chose que l'impunité (repoussée jusqu'à la révolution prolétarienne) alors qu'il pourrait exister aujourd'hui des recours contre le proxénétisme. Ton idée c'est du genre "on n'y peut rien tant que la misère est la règle du monde". Personne ici ne doute que dans la société du fric, le phénomène perdure, c'est évident... Mais de là à se refuser tout recours et toute répression envers les macs, il y a un fossé !

En fait pour ton raisonnement, il en va de même avec mille sortes de choses. Il existe le "terreau fertile" pour le viol, et il réapparait ci et là... Il existe le "terreau fertile" pour l'assassinat intéressé, et il est présent ci et là... Il est vrai que par le passé sur ce forum, tu avais déjà dit que de toute façon dans les cas de viols, voir les flics ne servait à rien, c'est déjà trop tard ! Une bêtise d'ultra-gauche...

Alors je répête encore que la prostitution c'est la commercialisation du droit de viol (quel que soit les mécanismes personnels qui amènent à pareille situation, le proxénétisme ou le désespoir), et qu'en cela il faut se prononcer pour son abolition à terme ainsi que pour la criminalisation de ceux qui en tirent profit en exploitant la vente du corps d'autres humains, comme on vend de la viande.

Sous couvert de progressisme, il y a trop souvent des positions mi-figue mi-raisin, qui se veulent tolérantes mais qui en fait ne se posent pas la question de l'émancipation de tout ce qui avilit l'être humain, simplement sa "normalisation" en attendant des jours heureux. Ca me fout toujours en boule, c'est là que réside une forme de réformisme.
Gaby
 
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Message par Vérié » 22 Sep 2007, 17:47

(Zelda @ samedi 22 septembre 2007 à 18:32 a écrit : Vérié, tu sais bien que cette société se fiche comme d'une guigne d'éradiquer la prostitution, même pour ne parler que de la France !

[Une politique qui s'en donnerait les moyens viserait

1) à réprimer sévérement toute activité de proxénétisme.

2) à prendre totalement en charge les prostituées pendant le temps qu'il faut si elles sont droguées, et en leur proposant un emploi. On verrait bien si tant que ça préféreraient continuer la prostitution.

Or actuellement, c'est exactement l'inverse. On laisse la main-mise des proxos sur les filles, et l'Etat joue même le rôle de proxo via les contredanses pour raccolement sur la voie publique. Bref, il traite seulement les filles en infraction. Le proxo se fait jamais chopper, sauf dans les rares cas où les filles balancent, au risque de leur vie, et les clients sont intouchables. Encore une fois, seules les filles sont punies, doublement, triplement punies.
Certes, l'éradiquation de la prostitution n'est pas une priorité de l'Etat bourgeois, qui s'emploie plutot à la cacher pour qu'elle ne choque pas et ne dérange pas les riverains qui s'en plaignent, surtout dans les quartiers riches.

Néanmoins, à ma connaissance, les proxos, quand ils se font prendre sont assez sévèrement réprimés. En Suède, le gouvernement a décidé de pénaliser les "clients". Je ne connais pas le résultat de cette politique, mais je doute qu'elle ait mis fin à la prostitution.

Au début de la révolution russe, le gouvernement bolchevique a fait ce qu'il a pu pour combattre la prostitution. Mais la misère était telle qu'elle n'a pas cessé pour autant.

Il faut combattre les proxos, proposer des solutions aux prostitué(e)s qui le souhaitent, bien OK avec toi. Mais la prostitution ne disparaitra qu'avec les maux du capitalisme : chômage, misère, drogue, inégalité sociale etc.
___
Et désolé, mais il y a aussi des gens qui se lancent dans la prostitution pour l'argent facile, pas que dans les milieux les plus pauvres. La proportion entre les esclaves sexuels, les chomeurs et les autres ? Je n'en sais rien du tout.
Vérié
 
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Message par Vérié » 22 Sep 2007, 17:55

(Gaby @ samedi 22 septembre 2007 à 18:41 a écrit :
Ce que tu défends au fond, ce n'est pas autre chose que l'impunité (repoussée jusqu'à la révolution prolétarienne) alors qu'il pourrait exister aujourd'hui des recours contre le proxénétisme.
:33: :33: :33:
Ton interprétation de ce que j'écris est vraiment très personnelle et très originale !

Je suis bien entendu pour la répression du proxénétisme. Mais la comparaison avec l'esclavage n'a de sens que pour les femmes qui sont tenues en esclavage par des proxénètes. Ce n'est pas le cas de toutes. La prostitution existait bien avant l'arrivée des mafias de l'Est.

Par ailleurs, je ne crois pas du tout que l'Etat ne réprime pas le proxénétisme. Mais les corps policiers chargés de le réprimer sont les plus corrompus en raison du fric en jeu. Ce qui n'empeche pas qu'il y a des quantités de macs en taule.
Vérié
 
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Message par ravine chien » 22 Sep 2007, 20:52

(Zelda @ samedi 22 septembre 2007 à 18:15 a écrit : Je rêve ?

Les filles ne sont plus "mises sur le trottoir"... Elles y vont toutes seules et gardent le pognon pour elles ! Et ce serait après seulement, que leurs amoureux profiteraient de l'aubaine d'avoir une copine qui fait le tapin !

Il y a des trafiquants qui organisent la prostitution. Je trouve délirant que tu le nies.
Les trafiquants s'arrangent pour que les filles soient complétement acrro (à l'héroïne,au crack). Après, il n' a plus de proxénète, il y a un dealer...Quand on est tox, touver 4 à 500€/jour, la prostitution dite "volontaire" est une solution pour beaucoup.
ravine chien
 
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Message par sitting bull » 23 Sep 2007, 08:59

Je pense fondamentalement que c'est en abolissant les rapport marchands que l'on supprimera les causes de la prostitution . En attendant il faut bien lutter contre la prostitution mais on reste sur le terrain de la morale ce qui a ses limites

je met cet article que je trouve intéressant je ne veux pas polémiquer( je veux dire malhonnêtement :hinhin: ) car je crois qu'ici tout le monde est d'accord pour condamner la prostitution ses proxénètes de tout poils et les consommateurs


http://www.alter-france.net/article.php3?id_article=14


A un niveau d’analyse tout à fait superficiel, la prostitution est considérée comme une simple activité économique et la preuve la plus officielle qui soit c’est que l’Etat en tire profit puisque les prostitués(es) sont imposé(e)s sur leurs revenus. La chose peut paraître étrange puisque la législation condamnant le proxénétisme qui est l’acte de vivre de la part d’un tiers de la prostitution d’un(e) autre, l’Etat se livre exactement à la même activité mais lui le fait officiellement et ses prélèvements vont dans son budget.

Cette activité économique est productrice d’un service marchand. Il y a une demande face à laquelle se constitue une offre. Un prix se fixe lors de la confrontation de cette offre et de cette demande le prix n’est ni administré, ni réglementé, il se fixe librement en une pure démarche libérale ce qui devrait satisfaire nos actuels dirigeants. Mais diront les cuirs sensibles, c’est un service un peu particulier puisque ce qui est l’objet de cette activité c’est le corps (façon élégante de dire que c’est le c..). C’est exact. Dès lors, on croit quitter le simple aspect économique, qui à priori ne nous apprend pas grand chose, sinon des choses pas très propres de la part de l’Etat, pour entrer dans ce qui paraît essentiel, le moral.

Et c’est là que l’on commet la première erreur.

En effet, le moteur de la prostitution n’est pas l’immoralité ou l’amoralité, ou la perversité mais la nécessité, le besoin, l’impératif de survie de la part de celui, de celle qui se prostitue. Autrement dit le discours sur la morale cache, et ce n’est pas un hasard, l’essentiel du problème, de la vraie question : la situation économique et sociale, des femmes, parfois des hommes, voire des enfants qui se livrent à la prostitution. Le discours moral devient alors superficiel et même hypocrite, il cache la réalité qui est à l’origine même de la prostitution. D’ailleurs, les associations qui œuvrent en faveur des prostitué(es) n’interviennent jamais sur l’aspect moral mais au contraire sur la situation économique de celles/ceux-ci. Elles essayent de faire sortir les prostituées de leur situation en les insérant économiquement et socialement, c’est à dire en trouvant un substitut à la prostitution en terme de revenu. Mais il y a plus grave encore. La prostitution nous apparaît, dans son principe comme le summum de la déchéance : être obligé de se vendre pour vivre.

Et c’est là que l’on commet la deuxième erreur.

En effet, sur le principe, quelle différence y a-t-il à vendre son c.. ou son cerveau ? son c.. ou ses bras ? Quelle différence, toujours sur le principe, y a-t-il à vendre son corps pour le plaisir d’un autre ou pour le profit d’un autre ? Quelle différence de considération (en tant qu’être humain) y a-t-il pour celui/celle qui est ainsi instrumentalisé(e) ? Force est de constater qu’il n’y en a aucune. La différence porte sur l’objet de ce qui s’échange et non sur le principe qui est rigoureusement le même : on utilise l’autre, ce dont on a besoin de lui, non pas en le considérant comme un être humain respectueux de ce qu’il est, mais en considérant simplement ce qui peut être utile à celui qui l’achète : dans un cas c’est le c.., dans l’autre le cerveau ou les bras. « J’ai besoin de lui, je le prend je n’en est plus besoin, je le vire » dit légitimement et en toute amoralité celui qui paye. Or il n’y a pas que la prostitution qui fonctionne comme cela, c’est tout le salariat, fondement même de notre société marchande qui fonctionne de cette manière et donc, d’une certaine manière nous sommes donc tous(tes) des prostitués(es). [ ndlr : Dans son ouvrage "Abécédaire de l’ambiguïté", Albert Jacquard développe cette idée à la lettre P].

Mais va-t-on me répliquer vous assimilez prostitution et salariat. Je ne les assimile pas, je constate simplement qu’ils sont basés l’un et l’autre sur le même principe : l’instrumentalisation de l’être humain à des fins qui lui sont étrangères (le plaisir de l’un, le profit de l’autre) et que, si l’on fait exception de l’aspect dit moral, il s’agit d’une même pratique sociale.

Mais rétorquera-t-on, on ne peut pas faire abstraction de l’aspect moral. Observation très mal venue concernant un système, le salariat qui est parfaitement amoral, ne serait ce que parce que c’est le calcul économique (rentabilité, baisse des coûts), et lui seul, qui dicte la manière dont les individus vont pouvoir vivre : gagner leur vie par l’emploi et pouvoir consommer grâce à leur revenu. Ceci est tellement vrai que dans certaines sociétés (Allemagne, Pays Bas) qui ne sont portant pas considérées comme des sociétés dépravées, la création d’Eros Center, véritables entreprises de services, ont donné à la prostitution son véritable aspect, celui d’une production marchande avec un personnel rémunéré, reconnu socialement et bénéficiant de toutes les garanties propres au salariat (couverture sociale, retraites).

Conclusion de tout cela. La prostitution est un pur produit d’une société inégalitaire basée sur l’instrumentalisation des êtres humains ce qui explique que dans ce type de société, son éradication est tout simplement impossible. Remettre en question le principe de la prostitution aujourd’hui c’est remettre en question le principe même du salariat, ce que ne fera jamais un Etat qui a justement pour mission de garantir sa pérennité.

Le gouvernement C.R.S, dans cette affaire, comme dans tant d’autres nous le verrons, montre sa véritable face de faux c.. (si je puis m’exprimer ainsi concernant ce sujet). La répression qui va frapper les prostitués(es) n’aura qu’une seule conséquence : la clandestinité de cette activité.

Patrick MIGNARD
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Message par Paingrillé » 23 Sep 2007, 10:34

Alors lui il confond tt et il dit n’importe quoi.
il se contredit lui-même. pour lui, d'abord la prostitution est sociale, c'est un "service" (avec o/ D) et après il compare la prostitution à une offre individuelle du corps. il mélange travail et produit.
Le problème avec la prostitution c’est que ca s’insère aussi ds le domaine du privé , ca peut pas etre slt calqué sur les rapports écos.

Et sinon je suis d’accord avec Pumz, vs oubliez les clients ds l’affaire pour mener une politique efficace d’éradication de la prostitution(zelda). Les clients sont trop nombreux et viennent de ttes les classes sociales….c’est la que les rapports économiques apparaissent pr moi comme une limite pour expliquer d’où vient la prostitution, d’autant plus comme il a été dit , que la prostitution n’a pas grd chose a voir avec pauvreté et richesse d’un pays a plus grande échelle.
Paingrillé
 
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