Je pense fondamentalement que c'est en abolissant les rapport marchands que l'on supprimera les causes de la prostitution . En attendant il faut bien lutter contre la prostitution mais on reste sur le terrain de la morale ce qui a ses limites
je met cet article que je trouve intéressant je ne veux pas polémiquer( je veux dire malhonnêtement :hinhin: ) car je crois qu'ici tout le monde est d'accord pour condamner la prostitution ses proxénètes de tout poils et les consommateurs
http://www.alter-france.net/article.php3?id_article=14A un niveau d’analyse tout à fait superficiel, la prostitution est considérée comme une simple activité économique et la preuve la plus officielle qui soit c’est que l’Etat en tire profit puisque les prostitués(es) sont imposé(e)s sur leurs revenus. La chose peut paraître étrange puisque la législation condamnant le proxénétisme qui est l’acte de vivre de la part d’un tiers de la prostitution d’un(e) autre, l’Etat se livre exactement à la même activité mais lui le fait officiellement et ses prélèvements vont dans son budget.
Cette activité économique est productrice d’un service marchand. Il y a une demande face à laquelle se constitue une offre. Un prix se fixe lors de la confrontation de cette offre et de cette demande le prix n’est ni administré, ni réglementé, il se fixe librement en une pure démarche libérale ce qui devrait satisfaire nos actuels dirigeants. Mais diront les cuirs sensibles, c’est un service un peu particulier puisque ce qui est l’objet de cette activité c’est le corps (façon élégante de dire que c’est le c..). C’est exact. Dès lors, on croit quitter le simple aspect économique, qui à priori ne nous apprend pas grand chose, sinon des choses pas très propres de la part de l’Etat, pour entrer dans ce qui paraît essentiel, le moral.
Et c’est là que l’on commet la première erreur.
En effet, le moteur de la prostitution n’est pas l’immoralité ou l’amoralité, ou la perversité mais la nécessité, le besoin, l’impératif de survie de la part de celui, de celle qui se prostitue. Autrement dit le discours sur la morale cache, et ce n’est pas un hasard, l’essentiel du problème, de la vraie question : la situation économique et sociale, des femmes, parfois des hommes, voire des enfants qui se livrent à la prostitution. Le discours moral devient alors superficiel et même hypocrite, il cache la réalité qui est à l’origine même de la prostitution. D’ailleurs, les associations qui œuvrent en faveur des prostitué(es) n’interviennent jamais sur l’aspect moral mais au contraire sur la situation économique de celles/ceux-ci. Elles essayent de faire sortir les prostituées de leur situation en les insérant économiquement et socialement, c’est à dire en trouvant un substitut à la prostitution en terme de revenu. Mais il y a plus grave encore. La prostitution nous apparaît, dans son principe comme le summum de la déchéance : être obligé de se vendre pour vivre.
Et c’est là que l’on commet la deuxième erreur.
En effet, sur le principe, quelle différence y a-t-il à vendre son c.. ou son cerveau ? son c.. ou ses bras ? Quelle différence, toujours sur le principe, y a-t-il à vendre son corps pour le plaisir d’un autre ou pour le profit d’un autre ? Quelle différence de considération (en tant qu’être humain) y a-t-il pour celui/celle qui est ainsi instrumentalisé(e) ? Force est de constater qu’il n’y en a aucune. La différence porte sur l’objet de ce qui s’échange et non sur le principe qui est rigoureusement le même : on utilise l’autre, ce dont on a besoin de lui, non pas en le considérant comme un être humain respectueux de ce qu’il est, mais en considérant simplement ce qui peut être utile à celui qui l’achète : dans un cas c’est le c.., dans l’autre le cerveau ou les bras. « J’ai besoin de lui, je le prend je n’en est plus besoin, je le vire » dit légitimement et en toute amoralité celui qui paye. Or il n’y a pas que la prostitution qui fonctionne comme cela, c’est tout le salariat, fondement même de notre société marchande qui fonctionne de cette manière et donc, d’une certaine manière nous sommes donc tous(tes) des prostitués(es). [ ndlr : Dans son ouvrage "Abécédaire de l’ambiguïté", Albert Jacquard développe cette idée à la lettre P].
Mais va-t-on me répliquer vous assimilez prostitution et salariat. Je ne les assimile pas, je constate simplement qu’ils sont basés l’un et l’autre sur le même principe : l’instrumentalisation de l’être humain à des fins qui lui sont étrangères (le plaisir de l’un, le profit de l’autre) et que, si l’on fait exception de l’aspect dit moral, il s’agit d’une même pratique sociale.
Mais rétorquera-t-on, on ne peut pas faire abstraction de l’aspect moral. Observation très mal venue concernant un système, le salariat qui est parfaitement amoral, ne serait ce que parce que c’est le calcul économique (rentabilité, baisse des coûts), et lui seul, qui dicte la manière dont les individus vont pouvoir vivre : gagner leur vie par l’emploi et pouvoir consommer grâce à leur revenu. Ceci est tellement vrai que dans certaines sociétés (Allemagne, Pays Bas) qui ne sont portant pas considérées comme des sociétés dépravées, la création d’Eros Center, véritables entreprises de services, ont donné à la prostitution son véritable aspect, celui d’une production marchande avec un personnel rémunéré, reconnu socialement et bénéficiant de toutes les garanties propres au salariat (couverture sociale, retraites).
Conclusion de tout cela. La prostitution est un pur produit d’une société inégalitaire basée sur l’instrumentalisation des êtres humains ce qui explique que dans ce type de société, son éradication est tout simplement impossible. Remettre en question le principe de la prostitution aujourd’hui c’est remettre en question le principe même du salariat, ce que ne fera jamais un Etat qui a justement pour mission de garantir sa pérennité.
Le gouvernement C.R.S, dans cette affaire, comme dans tant d’autres nous le verrons, montre sa véritable face de faux c.. (si je puis m’exprimer ainsi concernant ce sujet). La répression qui va frapper les prostitués(es) n’aura qu’une seule conséquence : la clandestinité de cette activité.
Patrick MIGNARD