(stef @ vendredi 14 février 2003 à 09:01 a écrit :Pelon :
a écrit :A moins que l'intervention de Piquet soit à usage interne. Vous voyez, même à LO, ils changent. Il faut donc que nous nous rapprochions de la gauche.
1/ Piquet était un défenseur du vote "Gauche Plurielle" au second tour, c'est à dire pour des partis bourgeois tels que les radicaux, les verts, etc.
Il faut rappeler que telle était aussi la position de LO dans les années 70 - puisqu'elle appelait alors à voter pour l'Union de la Gauche, donc notamment les "Radicaux de Gauche"...
Or, pour un tkyste, cette position est contraire à
ses principes les plus élémentaires : défenseur acharné de l'indépendance de classe, un tkyste ne saurait voter - pour quelque raison que ce soit - pour un représentant de parti
bourgeois.
Ce n'est pas forcément toujours simple à expliquer vue que la politique des appareils du PCF ou du PS et celle des partis bourgeois "démocratiques" est quasi-identique. Mais c'est
une question de principe (voir ce qu'en dit :marx: dans "Les luttes de classes en France").
2/ L'autre position de principe évidente d'un trotskyste - ou alors je n'ai rien compris au Programme trotskyste (et je mets au défi x ou y de le prouver), c'est qu'il est inconditionellement pour toute défaite - même minime - de la bourgeoisie. Dans le cadre d'élections à deux tours, cela signifie inconditionellement voter pour une organisation ouvrière si c'est possible au second tour. Donc pour le vote PCF ou PS. Sauf si on considère que le PS est un partis de nature de classe bourgeoise - chose qui
se démontre théoriquement (bonne chance !), vue l'importance de la défaite politique que cela représenterait.
3/ La position de LO est d'autant plus intenable qu'effectivement la politique du PCF et du PS n'est pas plus réactionnaire aujourd'hui qu'en 1976, 78, etc.
C'est une position platement opportuniste déterminée exclusivement par les illusions que les masses ont vis-à-vis des appareils.
Elle n'aurait de cohérence que si elle se combinait à une autocritique de la politique suivie dans les années 70 (auquel cas, ce serait un politique gauchiste classique, comme :lenine: les critiquait).
4/ Cette affaire n'est pas seulement une question abstraite, de principes. Quand on voit le saut qualitatif dans l'offensive de la bourgeoisie qui a eu lieu depuis la victoire de Chirac, on mesure que le
devoir d'un révolutionnaire était de tout faire pour l'éviter - et même de combattre l'abstention.
Que les travailleurs aient étés dégoûtés de la politique de la gauche plurielle est une évidence. Les laisser au nom de cela tomber dans le piège visant à laisser passer Chirac en est une autre !
Et tout ceci n'a rien à voir avec le fait - comme le dit Pelon - de "se rapprocher de la gauche" (socialement assexuée). C'est même très exactement le contraire.
Si ma réponse est découpée en partie, je n'ai pas choisi de te répondre paragraphe par paragraphe.
Donc mon n) n'est pas la réponse à ton n).
1)LO n'était pas dans les années 70 un " défenseur du vote pour la gauche au second tour ".
Tout d'abord parce que nous n'appelions pas à voter pour les membres de l'union de la gauche
(PC, PS, Radicaux de Gauche) ni aux législatives, ni aux municipales, ni aux cantonales etc.
Ensuite, dans les présidentielles de 74 ou 81, toute notre campagne a expliqué que
les travailleurs ne pouvaient pas compter sur Mitterrand ou ses alliés pour obtenir satisfaction
mais essentiellement sur leurs luttes. Nous n'avons pas fait campagne sur le second tour qui
nous apparaissait secondaire puisqu'il mettrait de toutes façons en place un ennemi des
travailleurs.
Si nous avons finalement appelé à voter pour Mitterrand (annoncé après le premier tour), c'est
nous l'avons dit par solidarité avec les travailleurs qui subissaient le gaullisme depuis 23 ans (en 81)
et avaient des illusions sur un changement (" ce sera peut-être un peu mieux ").
Nous avons plus que personne mis en garde les travailleurs en expliquant qui était Mitterrand et
que si nous appelions à voter pur lui, ce n'était en aucun cas pour nous qu'il était " synonyme de " progrès ", ni " de moindre
mal ". Nous avons expliqué quel serviteur zélé de la bourgeoisie était Mitterrand et le fait qu'il ait
réussi son OPA chez les socialistes en 71 ne faisait en aucun cas de cet homme au passé d'extrême droite et de droite un socialiste. Nous avons aussi rappelé son passé dans les pires horreurs de l'impérialisme français quand il enchaînait les postes de ministres : " L'"Algérie, c'est la France, la seule négociation, c'est la guerre ".
Quand, après 81, nous avons vu le gouvernement " de gauche " à l'œuvre, des travailleurs se sont souvenus de nos mises en garde et nombreux sont ceux qui nous ont dit " vous aviez raison ". La popularité de notre porte parole, bien antérieure à la percée électorale de 1995 est en grande partie due au discours que nous tenions depuis des années.
2)Je trouve contradictoire tes 2 phrases " …la politique des appareils du PCF ou du PS et celle des partis bourgeois "démocratiques" est quasi identique " et " L'autre position de principe évidente d'un trotskyste, c'est qu'il est inconditionnellement pour toute défaite - même minime - de la bourgeoisie ".
Si je suis d'accord sur la 2ème citation, le problème c'est qu'en l'occurrence, il n'y avait pas défaite, même minime, de la bourgeoisie. La 1ère citation apporte d'ailleurs de l'eau à mon moulin.
3)La position de l'OCI était " gouvernement PS-PC sans ministres bourgeois ". Elle développait une propagande essentiellement basée sur la rupture de l'union de la gauche avec les radicaux. Cette position dogmatique, calquée sur ce que disait Trotsky en 36 par exemple, n'aidait absolument pas les travailleurs. Il est vrai que cette politique n'a pas eu beaucoup d'impact sur les masses, et c'est tant mieux, l'OCI ne présentant pas de candidat pour appeler à voter dès le 1er tour pour les Mitterrand.
En 1936 le grand Parti Radical était prépondérant dans le Front Populaire, le PS et le PC, bien que déjà pourris, n'étaient pas intégrés à l'appareil d'Etat et à la bourgeoisie comme ils le sont aujourd'hui. Troisième différence, les masses étaient mobilisées et bien des tactiques prennent un tout autre sens dans ces circonstances. Et si tu veux rappeler la tactique des bolcheviks quand ils disaient " dehors les ministres bourgeois " nous en sommes encore plus loin.
Plus sérieusement, la bourgeoisie, dans les années 70, comptait bien plus sur le PS que sur le microscopique appareil des Radicaux de Gauche maintenue en survie par Mitterrand pour des raisons tactiques " d'équilibrage " de l'union de la gauche avec le PC.
L'OCI aurait mieux fait d'utiliser ses forces pour mettre en garde les travailleurs et les armer politiquement plutôt que de leur raconter des sornettes. Qui sait, Jospin et Cambadélis serait peut-être encore des militants trotskystes (c' est une mauvaise plaisanterie, je n'y crois pas).
4) Sur ton 3) je pense avoir répondu dans mon 1). Je ne reconnais pas la politique de LO dans ce que tu écris.
5) " Cette affaire n'est pas seulement une question abstraite, de principes. Quand on voit le saut qualitatif dans l'offensive de la bourgeoisie qui a eu lieu depuis la victoire de Chirac, on mesure que le devoir d'un révolutionnaire était de tout faire pour l'éviter - et même de combattre l'abstention. "
Je ne comprends pas. Soit tu parles du premier tour et nous n'appelions pas à l'abstention mais au vote pour Arlette. Soit tu parles du 2ème tour et comme tu ne préconises pas le vote Chirac…
A moins que tu ne refasses l'histoire et imagine " l'erreur " que l'abstention aurait représenté dans un duel Chirac Jospin. Les conditions seraient alors différentes et, si Chirac l'avait emporté, il n'aurait pas eu 82 % avec la rafle qui a suivi aux législatives. Nous serions donc, de toutes façons dans une situation différente avec un ennemi au gouvernement…comme si Jospin l'avait emporté.
6) Que tu ne veuilles pas te rapprocher de la gauche (socialement asexuée), soit. Mais je parlais de Piquet. D'autre part, puisque tu aurais été pour le vote Jospin, je te rappelle qu'il aurait été, non pas le candidat " du PS, parti ouvrier " mais de l'ensemble de la gauche plurielle. Tu aurais donc appelé à voter, suivant ta logique, pour un candidat représentant des secteurs de la bourgeoisie (les radicaux, les verts). Ne serais-tu plus trotskyste ?
:hinhin: