(jean-claude @ mardi 25 février 2003 à 23:31 a écrit :Cette histoire d'amitié (Plenel-ben saïd), c'est un vrai problème qui se pose à tout le monde, dans tous les corps de métiers, mais spécialement dans les métiers de la presse et de l'édition.
Naïvement et légitimement on pourrait se dire: "pas de problème: les idées sont une chose, l'amitié en est une autre. Elle a sa part de sympathie, d'attirance irrationnelle, de souvenirs communs. Elle appartient à la sphère privée. Donc il suffit de ne pas mélanger"
Mais ce n'est pas si simple. Je suis sûr, par exemple que le choix du monde pour Olivier contre Arlette résulte directement de l'amitié Plenel-Ben Saïd (peut-être agravé par d'autres considérations, et par un zèle forcené de la journaliste désireuse de plaire à Plenel, car c'est vrai qu'il fait régner la terreur dans sa rédaction).
On peut se dire, c'est dégueulasse. Mais au fond si on se regarde bien, nous avons tous tendance à fonctionner comme cela, même sans s'en rendre vraiment compte, d'autant que la plupart du temps cela ne soulève pas de problème moraux. Et nous avons des réflexes de fidélités qui nous poussent à protéger nos amis et ceux qu'ils nous recommandent. Et si on regarde mieux, on réalise qu'on fonctionne presque exclusivement dans cette logique et qu'on ne ferait pas grand chose sans ces réseaux.
C'est un réflexe qui semble très enraciné dans l'être humain, comme une sous structure qui double la structure et qui empêche qu'elle fonctionne normalement.
J'ai par exemple quelques amis au "monde". Ce sont des amis et donc je les aime bien. Ils m'ont donné en plus un vrai coup de main dans des moments difficiles. Je n'ai pas une grande considération pour la qualité de leur travail. Je les y trouve carriéristes, laches, mondains, mais cela ne m'empêche de les aimer.
Par eux, j'ai su quelques indiscrétions, pas importantes, rien de scoop. J'allais naturellement en faire état dans le cours du forum, simplement pour faire avancer la discussion. Et quelque chose m'arreté... je ne pouvais pas leur faire ça. Pourtant je ne leur faisais prendre aucun risque, mais je ne pouvais pas utiliser leurs confidences contre eux.
Je dis cela parce que cela me semble faire partie des limites, des constantes de l'être humain, au delà du système des rapports économiques.
Je crois que la campagne contre Arlette correspondait à un problème politique pour Jospin. Il s'agissait d'un électorat (potentiel) qui risquait de se détourner du vote Jospin au 2nd tour. Le PS ayant fait le chois de ne rien dire et faire contre Le Pen, les stratèges du PS pensant que plus il ferait de voix, plus Chirac aurait de difficultés au 2nd tour. L'histoire n'a pas tourné comme prévu.
Pour revenir au traitement de LO par Le Monde, il suffit de voir les déclarations du PS de l'époque pour comprendre que ce que le journal publiait (de même que Libération) allait au delà de l'anti communisme. C'était bel et nien une campagne de presse dont je ne m'imagine pas qu'elle n'ait pas été orchestrée. Bien entendu, les petits journalistes ne sont pas forcément informés sur les diners en ville de Plenel ou Colombani. Par contre, la réunion de rédaction leur donne bien l'orientation. Pour appuyer ce que je dis : en plus des articles malveillants qui furent écrits durant la campagne, il y a eu une édition avec dossier sur LO et Arlette ainsi que des affichettes dans les kiosques pour annoncer ce dossier. Ceci ne peut être de la simple responsabilité de Monnot.