Une tribune pour les poètes

[zarta]

Catharos,
"je hais la France" : ça fait pas un peu fasciste quand même (les histoires de vengeance et tout, c'est limite à mon goût). peut-être que je comprends mal les problèmes des régions qu'ont une histoire très riche et une langue, mais enfin, je trouve ça vraiment limite. J'essaie de comprendre le problème d'un "pays" colonisé, mais quand même je trouve ça un peu comme le nationalisme corse : on veut notre pays à nous tout seul parce qu'on est mieux que tout le monde. Peut être que je comprends mal...

Pour Tovarich,
je trouve ça bien, même si ça peut tourner à la Aragon, c'est bien Aragon. Ce que je trouve dommage, c'est comme on l'a déjà dit : faut parler plus du présent et de la Révolution... à venir. Faut la faire, la révolution, pas pleurer une qu'a raté.

[tovarich1917]

) mais commençons toujours par cette petite ode pindarique :

Ode contre les célébrités

STROPHE
Défie-toi des idoles, et des célébrités :
Car souvent ils ne sont que déplaisants criards,
Histrions tout emplis d'une gloire usurpée,
Tragiques énergumènes dont on fait des Césars.
De n'importe quel être, le culte est dangereux,
Sois avare de respect, pingre d'admiration,
Sans quoi l'on voit encor en tous temps et tous lieux,
Pavaner ces sangsues toutes gavées de renom.
Refuse la grandeur à qui trop la convoite,
Réserve le triomphe à qui l'a mérité,
Souviens-toi qu'il est grand nombre d'Erostrates,
Que Vertu ne rime point avec célébrité.

ANTISTROPHE
Oh ! Combien je déteste ce grand culte nouveau,
Qui ne sait adorer que chanteurs et sportifs,
Qui se fait des icônes de pantins de plateau,
Prend pour loi la vulagte de quelque plumitif.
Spectacle que cela ! Spectacle et illusion !
Je honnis et j'accuse ces fausses célébrités !
Ô plus cruelle offense, plus vile trahison
Qui se puisse à l'Esprit et à la Dignité !
L'Egalité gémit, la Raison est en pleurs,
De voir tels misérables être acclamés si haut,
Alors que l'on abreuve les vices de clameurs,
Les vertus en cortège marchent à l'échafaud.

EPODE
Vous, icônes, malgré vos zélateurs
Sachez-le, je vous hais,
Vous pouvez bien régner çà, mais mon coeur
Vous ne l'aurez jamais.
Que mon amour pour les Muses vous écarte
A jamais de mes yeux ;
Apprenez-moi à vaincre, lois de Sparte,
Contre les prétentieux,
Qu'en votre nom il se dévoile un Brute
Pour le moindre César,
Qu'on voie enfin l'agonie et la chute
De toute fausse gloire.

[tovarich1917]

Quand je saurai écrire du latin correct, et c'est pas pour tout de suite.
En plus, Jaurès faisait des poèmes en latin, regarde où ça l'a mené

[Crockette]

Moi j'aime bien ce que Bernard Lavilliers a dit sur les poètes attachés plus à la forme qu'aux idées : ils se regardent les doigts de pieds, avec un soleil entre les oreilles"...

Bernard lui est un poète pragmatique avec des effets de style incisifs tels que : "cercle noir cisaillant le ciel vide" (en parlant d'olobo, un rapace utilisé pour une métaphore sur la politique américaine en Afrique).

Sinon j'aime bien aussi : "quand le pauvre saura prendre au lieu de mériter", des petites phrases qui réveillent.

Bon je vous l'accorde y a pas de rimes.

[tovarich1917]

Tout le monde croit que la forme est un carcan qui opprime inévitablement le fond, et que le grand mérite des poètes du XXème est d'avoir jeté la forme aux orties...
Alors qu'au XVIème siècle déjà, ce bon Joachim Du Bellay (mais si, vous le connaissez : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un long voyage... ) insistait déjà sur le fait de ne pas sacrifier le fond à la forme. Ce qui ne l'a pas empêché d'écrire de très beaux sonnets en alexandrins.
Moi, je pense que la forme transcende le fond. La rime ne sert pas qu'à créer une musique : il s'agit aussi de mettre en relation des mots "à la prononciation aussi similaire que possible, mais au sens aussi éloigné que possible". Et puis, la forme fixe, c'est quand même beaucoup plus beau que les vers blancs ou libres, je trouve. En tout cas, moi, la poésie du XXème siècle ne me séduit absolument pas...

[othar]

Un poeme qui vaut ce qu'il vaut, il est d'un jeune homme de 17 ans,... depuis longtemps disparu 8)
c'est Jean-François Feldman dans "slave"!

J'ai bon? :22: