par Mariategui » 19 Mai 2006, 19:09
Cela dit, la comparaison entre Thorez et le PCV me laisse un peu sceptique car le stalinisme peut recouvrir bien de réalités différentes (au delà d'un noyeau commun fait de conceptions centristes -étapisme- et de violence à l'encontre de ces concurrents ouvriers). Le PCV dirigeait une lutte de libération nationale, Thorez défendait l'état bourgeois francais... Il fallait évidemment une direction alternative pour le mouvement ouvrier et paysan vietnamien, mais cette distinction est nécessaire pour ne pas tomber dans les critiques idiotes de l'OCI qui voyaient des capitulations vietnamites partout. En outre, je crois à la distinction entre les critiques de l'intérieur, qui se solidarisent des événements tout en essayant des les infléchir et les critiques des commentateurs extérieurs. Je pense d'ailleurs que c'est une méthode plus efficace "tendanciellement" que celle des critiques de l'extérieur. D'ailleurs, cette question des critiques rejoins la question de l'internationalisme. J'ai l'impression que la LCR durant cette époque essayait de se lier aux mouvement de libération nationale dans l'espoir manifestement optimiste et un naif de les infléchir, mais on même temps, on fesait une politique à visée internationale, attachée à la lutte de classes mondiale et assez ouverte à apprendre des luttes d'autres prolétariats. En revanche, j'ai l'impression que les autres groupes (plus pragmatiques ou plus national troskistes?) faisaient de la politique pour le prolétariat francais seulement. Les critiques sur le PCV révélaient bien plus des enjeux politiques intérieurs (combattre les illusions sur les potentialités du stalinisme local) que de l'international. J'ai l'impression que c'est toujours la même chose, la LCR qui s'investi dans le soutien critique (et parfois pas si critique) et les autres groupes qui dénoncent les illusions du prolétariat francais sur Morales.Or, cette politique de dénonciations des illusions sur place me paraît entièrement juste mais en France, je reste sceptique. Il faudrait peut être d'abord que le prolétariat francais soit solidaire avant de dénoncer ses éventuelles illusions?
Sur la phrase de Puig, une victoire malgré la direction du PCV, je pense que c'est plus une vue de l'esprit qu'autre chose. On adapte la réalité à e qu'on voudrait qu'elle soit plus qu'à ce qu'elle a vraiment été. Les cadres politiques et les militants du PCV ont été la colonne vértébrale de la résistance armée et civile au Vietnam. Ils irriguaient toutes les structures de masse du pays. Dans ces conditions, difficile de dire que la victoire a été acquise malgré la direction stalinienne... Pourtant, je comprends ce que tu veux dire, je dirais personnellement que la victoire a été obtenu malgré le stalinisme (c'est à dire, un corpus politique que je qualifie de centriste et de conciliateur) mais c'est aussi une victoire du PCV et de sa direction. Je ne fait pas cette distinction par "stalinophilie" (je suis surpris qu'on les pas fait encore, wolf ne doit pas être par là) mais par simple souci de coller à la réalité pour mieux pouvoir l'expliquer. Cette victoire est pour beaucoup dans le prestige de ce parti. Sinon, Pierre Rousset a écrit des articles intéressant sur la guerre des partisans au Vietnam et sur les trésors d'ingéniosité des soldats du FLN dans sa lutte contre l'impérialisme. Si cette direction s'est révélé désastreuse sur le plan politique, sur le plan militaire, elle s'est révélé très ingénieuse et efficace.
Pour Clavez, on peut effet en regretter la situation actuelle du peuple vietnamien, mais pour tirer quelles conclusions sur le passé? La lutte de libération nationale serait moins juste? Ils n'avaient qu'à attendre la révolution mondiale libératrice ou la constitution de nouveaux groupes trotskistes? Je crois que simplement le prolétarait fait avec les moyens du bord, y compris donc avec les stals.
J'essayerais de revenir après sur les autres points.