Un texte intéressant

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par pietro » 25 Avr 2008, 15:22

Je me souviens avoir passé en 1970 une nuit de discussion avec un dirigeant de la Cause du peuple (ancien secrétaire de l'UEC en 68-69)qui travaillait avec moi dans une imprimerie à lui expliquer notre analyse (lo)de la GRCP et de la nature de l'état chinois.

Cela lui paraissait incompréhensible et c'était difficile de lui rendre "concrêt" ce"tte analyse. Moi-même j'avais du mal faute d'information concrête sur les évènements à illustrer cette position qui me paraissait très juste "intuitivement" : revenir aux faits matériels, de classe : les heurts ont bien eu lieu entre des étudiants enca
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Message par pietro » 25 Avr 2008, 15:37

Je me souviens avoir passé en 1970 une nuit de discussion avec un dirigeant de la Cause du peuple (ancien secrétaire de l'UEC en 68-69)qui travaillait avec moi dans une imprimerie à lui expliquer notre analyse (lo)de la GRCP et de la nature de l'état chinois.

Cela lui paraissait incompréhensible et c'était difficile de lui rendre "concrêt" ce"tte analyse. Moi-même j'avais du mal faute d'information concrête sur les évènements à illustrer cette position qui me paraissait très juste "intuitivement": revenir aux faits matériels, de classe : les affrontements ont bien eu lieu entre des étudiants encadrés par l'armée et les ouvriers des grandes villes. Il fallait pour le régime remettre au pas la classe ouvrière et les paysans pauvres après les échecs de la politique des "cents fleurs" et face à l'isolement politique et économique du pays.

Merci d'avoir remis en ligne la LDC de 1967 qui est vraiment éclairante : toute l'EG délirait beaucoup sur la Chine qu'elle parait de toutes les vertus (film "la chinoise", mise en exergue du régime... albanais et j'en passe) C'est le sérieux de l'analyse de LO qui m'avait convaincu à l'époque car elle revenait AUX FAITS et non aux délire des discours pseudo marxisants.

Les maoistes avaient en fait une position anticommuniste et anti ouvrière tout en s'affublant des colifichets et des truismes des discours marxisant du PC Chinois.
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Message par Vérié » 25 Avr 2008, 15:49

PUisque Granit demande une biblio, voici quelques livres et textes :

-Les habits neufs du président Mao, chronologie de la révo culturelle, par Simon Leys, Champ libre.
-Révol cul dans la Chine pop, meme auteur/éditeur.
-Ombres chinoises, Simon Ley 10-18. Particulièrement intéressant car Simon Ley est retourné vivre en Chine six mois en 1971. Il fait justice du mythe de l'égalitarisme maosite et décrit avec humour les privilèges des nouveaux mandarins du régime.
-Mémoires du garde rouge Dai Hsiao-AI, Albin Michel. Raconte notamment les afrontements des gardes rouges avec les ouvriers de Shanghai, comment ils ont été encadrés, logés, nourris par l'armée pendant leur voyage. On voit aussi que beaucoup de ces jeunes suivaient le mouvement, ravi de fair eun voyage qui les sortait de leur province et de voir des grandes villes pour la première fois.
-La vengeance du ciel, de Ken Ling, Robert Laffont. Mémoires intéressantes d'un autre garde rouge qui s'est vraiment placé du côté des ouvriers, s'est heurté au pouvoir, et a été écarté par l'armée quand Mao a décidé que la comédie était terminée.
-Regards froids sur la Chine, Seuil. Par des intellos maoisants ou ex-maoisants qui commencent à s'interroger. Le chapitre le plus intéressant est sans doute celui où ils expliquent de quelle façon ils se sont informés, et de quelle façon le régime maosite manipule visiteurs, journalistes étrangers. (Ce qui recoupe parfaitement ce que Simon Leys avait déjà révélé).
-La Chine à l'heure de la révolution culturelle. CLT de LO 1967.

Pour la mythologie mao-stalinienne :
-La construction du socialisme en Chine, Bettelheim, Maspéro.
-La révolution culturelle en deux tomes, de Daubier Maspèro. (Un des textes les plus caricaturaux.)

Quand on a lu ça, on a déjà une assez bonne vision des événements. De toute manière, j'imagine que Conviviado n'a pas mis les pieds en Chine (ce que personne ne lui reproche), et qu'il ne peut comme tout le monde que se fier à des lectures et des analyses, quant à moi j'y ai passé quinze jours début 80. (Ce qui ne fait évidemment pas de moi un spécialiste...)

QUE SONT LES STARS MAOISTES DEVENUES ?

Il faut toute de meme rappeler un phénomène assez significatif. Dans les années
1968-74, il y a eu une véritable mode, un engouement pour la Chine et son Guide génial qui a entraîné d'innombrables journalistes et unviersitaires. La plupart d'entre eux n'étaient pas des militants, mais des universitaires bien en cours dans les salons bourgeois, tels Betthleim, Althusser, Samir Amin, Daubier, Macchiocci et cie. Des horreurs mondaines comme l'écrivain Sollers, le nouveau philosophe Glucksman et bien entendu Serge July ont été maoistes.

PLus aucun des ces stars intellectuelles auto-proclamés et encensées par l'inteligentsia de l'époque n'oserait aujourd'hui se revendiquer de ses "analyses" de l'époque. De toute cette bande noire ;) il n'est pas sorti un seul théoricien communiste. Ne parlons meme pas des pitotables dirigeants des organisations ML comme Jurquet (PCMLF) qui est retourné piteusement au PC.

Alors certes, il y a aussi des trotskystes qui ont retourné leurs vestes. Cela arrive dans tous les mouvements. Mais à la différence de l'abondante production des "théoriciens" maoistes, les analyses des auteurs trotskystes tiennent toujours la rampe aujourd'hui, meme si on peut en critiquer divers aspects. Des intellectuels trotskystes comme Mandel (LCR) ou Cliff (SWP= sont restés toute leur vie fidèles à leurs idée. Conviviado serait bien en peine de nous citer un seul intellectuel maoiste fidèle à ses idées et toujours en activité. Le maoisme intellectuel n'a été qu'une mode, un feu de paille (qui n'a pas mis le feu à la plaine).

De tout cela, il ne reste absolument rien, sinon les souvenirs attendris de Convidiado sur son passé.
Vérié
 
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Message par Vérié » 25 Avr 2008, 18:36

(El convidado de piedra @ vendredi 25 avril 2008 à 19:13 a écrit : J'avais pas vu ceci
a écrit :Les maoistes avaient en fait une position anticommuniste et anti ouvrière tout en s'affublant des colifichets et des truismes des discours marxisant du PC Chinois.
Merci pour mes camarades ouvriers et paysans communistes et maoistes torturés et assassinés par Pinochet.
On t'a déjà répondu qu'on ne met pas sur le meme plan les militants maoistes et le régime de Mao. Pas plus qu'on ne mettait sur le meme plan les militants communistes et Staline.

Mais, répond au moins à une question : comment expliques-tu qu'il ne reste rien du mouvement maoiste et qu'il ne reste rien de tous ces super "intellos" maoistes ? Qu'il n'y en ait pas un seul qui ait survécu politiquement ? Alors que les militants trotskystes ont réussi à maintenir une tradition révolutionnaire internationaliste dans des conditions beaucoup plus dures, dans l'isolement complet, depuis la contre-révolution stalinienne des années trente ?
Vérié
 
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Message par Zappa » 25 Avr 2008, 18:38

"La Chine ébranle le monde" de Jack Belden, est à la révolution chinoise ce que "les dix jours qui ébranlèrent le monde" sont à la révolution russe.
Sinon je voulais savoir, El Convivado, si t'avais des textes de Mao Tse Toung à passer. Pour ma part j'ai jamais lu que le petit livre rouge, compilation que j'ai trouvé assez pathétique de différents textes. Je voulais aussi te demander selon toi, qu'est-ce qui a fait qu'on est passé de la Chine maoïste à la Chine d'aujourd'hui?

Pour ma part, je reste convaincue qu'il n'y a pas eu de grands mouvements de la classe ouvrière en Chine, que ça soit à la prise du pouvoir en 1949, ou pendant la Révolution culturelle. Et pour cause en 1949, le seul parti qui aurait pu mettre en branle la classe ouvrière, le PC chinois, s'est refusé à le faire. Certes il y avait les événements de 1927, la répression anti-communiste à mort ect... Ce qui n'a toute fois pas empêché Mao et Tchang Kaï Chek de "faire la paix" avec virile poignée de main au moment de l'invasion du Japon. La posture du PCC vis à vis des ouvriers ressemblaient à celle des castristes à Cuba : "Vous voulez combattre? Venez rejoindre notre guérilla !" Cette tactique n'ayant pas remporté de franc succès, cela a fatalement eu pour effet, comme Jack Belden le raconte bien, qu'au moment de la victoire des maoïstes, les ouvriers ont regardé comme des ovnis ces "paysans-soldats" venus montés de toutes pièces "des soviets" dans leurs villes. Et tel un dogmatique je continue à penser que sans intervention de la classe ouvrière, point de socialisme possible. Je sais que certains maos argumentaient sur l'axe : "On peut faire une révolution ouvrière sans la classe ouvrière". Tas choisi l'axe "Si,si y a eu une intervention des ouvriers". Pour ma part tu m'as pas convaincu, parce qu'en effet les actes ont une autre importance que les mots.
Quant au fait que les pauvres maoïstes n'auraient pas pu construire une Internationale... Les Bolcheviks y consacraient de grands efforts au moment où une famine dévastait le pays. Et en plus, contrairement à l'époque de la révolution russe, des groupes se disant maoïstes se sont constitués d'eux mêmes, pour le plus souvent exploser quelques années plus tard...
Sinon à lire sur la Chine, y a la très bonne autobiographie d'un militant communiste, devenu Trotskyste, Peng Shuzhi : "L'envol du communisme en Chine" qui était encore l'année dernière disponible à la fête. Malheureusement Peng Shuzhi est mort avant d'avoir pu terminé son auto-biographie et il n'y a donc pas son témoignage et ses analyses de la révolution maoïste. On sait juste d'après le premier tome qu'il a fait de la prison sous Mao...
Zappa
 
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Message par Matrok » 25 Avr 2008, 19:16

Ce que je trouve hallucinant dans cette discussion, c'est que personne ne parle de ce qu'a été cette "Graande Rrévolution Cuulturelle Prrrrolétarienne"... pour la population chinoise ! Personne ne parle des livres brûlés, des monuments détruits. Personne ne parle de la jeunesse embrigadée et tenue par la peur des représailles des autres "gardes rouges" eux aussi embrigadés et fanatisés. Personne ne parle des individus arrêtés, torturés et humiliés en public, souvent sur simple dénonciation ou parce qu'ils étaient artistes, profs, ou tout simplement de la famille d'une autre victime désignée. Personne ne s'interroge sur les relents de féodalisme distillés par la propagande dans un pays qui vient de sortir du joug féodal.

Tiens, je ne résiste pas à citer ces passages des Cygnes Sauvages de Jung Chang. Le père de la narratrice est un fonctionnaire, membre du PC depuis l'âge de 17 ans en 1938, il a connu la république de Yen-an, la guerre civile, la réforme agraire, etc... C'est également un lettré, qui a une profonde connaissance de la culture classique chinoise. C'est un incorruptible, qui a toujours été dans la ligne du PC, y compris pendant la campagne anti-droitiste qui a suivi les "cents fleurs" (dont pourtant une des victimes sera sa femme, emprisonnée en raison de sa proximité par le passé avec des membres du Kuomintang) et pendant le "Grand Bond en Avant". Cependant la "Révolution Culturelle" est arrivée. Les gardes rouges ont débarqué chez lui et lui ont ordonné de brûler tous ses livres quelques jours plus tôt, ce qu'il a fait. Il en sort profondément choqué et pour la première fois le doute s'empare de lui.

a écrit :    On l'obligea à participer à de nombreuses réunions de dénonciation. (...) Le plus souvent ces assemblées débutaient par un chant : "Dix mille ans, encore dix mille ans et dix mille ans de plus pour notre Grand Maître, notre Grand Leader, notre Grand Commandant, notre Grand Timonier, le président Mao !" Chaque fois, tout le monde hurlait les trois "dix mille ans" et les quatre "Grands", en brandissant à l'unisson le Petit Livre rouge. Mon père s'y refusait. Il disait que la formule des "dix mille ans" était utilisée jadis à l'époque des empereurs et qu'elle ne convenait pas au président Mao puisqu'il était communiste.
    Sa réaction provoquait immanquablement un torrent de cris hystériques et une avalanche de coups. Une fois, tous les accusés reçurent l'ordre de s'agenouiller et de se prosterner devant un gigantesque portrait de Mao accroché au fond de l'estrade. Tous obéirent, sauf mon père. Il déclara que la prosternation était une pratique féodale humiliante que les communistes avaient résolu d'éliminer.

Que les lecteurs du FALO choqués par tant d'insolence de la part d'un ennemi de la révolution prolétarienne se rassurent, les gardes rouges l'ont bien tabassé après. Il sera déporté en camp de rééducation quelques années plus tard et finira fou.

Peut-être on peut trouver que rappeler ces faits est anecdotique, sauf que ça n'a rien de débordements accidentels : c'est ce qu'a été en pratique la "Révolution Culturelle". Et c'est révélateur de sa nature. Il ne s'agit en rien d'une révolution : le pouvoir n'a pas changé de main et ceux-là même qui ont organisé l'embrigadement des gardes rouges et leur encadrement étaient au pouvoir avant, pendant et après la "Révolution Culturelle". Il s'agit en fait d'une répression de masse organisée par Mao Tsé Toung, visant à asseoir son pouvoir totalitaire, sur l'ensemble de la population et en premier lieu sur le Parti Communiste

D'ailleurs j'ai même un gros doute sur l'importance dans ce phénomène des luttes fractionnelles au sommet de l'état. Les préparatifs de la "Révolution Culturelle" ont commencé bien avant l'éviction des adversaires politiques de Mao Tsé Toung, et quand elle a eu lieu les gardes rouges ont été mis devant le fait accompli et n'y ont en aucun cas participé.
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