J'ouvre une rubrique qui promet sans doute d'être polémique, et où je vais en agacer certains très fort qui vont me crier dessus (virtuellement gnac gnac) mais bon, n'ayant pas peur des confrontations musclées pourvu qu'elles soient sincères, je me lance.
Sur un sujet d'actualité qui me touche comme beaucoup d'entre vous ici, je me dis "Qu'en dit LO ?".
Et je trouve cet article, qui me va sur le fond, mais me déplaît par les petits passages suivants, qui me semblent prendre le lecteur pour un enfant fragile qui ne saurait entendre une réalité que réconfortante. Et ceci ne me convient pas du tout. J'y lis même une forme de paternalisme assez horripilant.
Le texte entier d'abord
Concours de démagogie autour des migrants de Calais
26 octobre 2016
Le démantèlement de la « jungle » de Calais est présenté par le gouvernement comme une opération humanitaire. Certes, la vie de ces milliers de migrants dans un tel bidonville, dans le froid, la boue, les rats, est inhumaine. Et peut-être une partie des réfugiés répartis dans différents centres à travers le pays y trouveront-ils un peu du répit et de l’espoir qu’ils recherchaient en fuyant leur pays, souvent au péril de leur vie. Encore faut-il qu’ils y aillent volontairement. Heureusement, malgré l’agitation xénophobe de nombreux politiciens, dans de nombreuses communes, des associations et les habitants eux-mêmes accueillent les réfugiés avec cette humanité qui fait défaut aux notables à la tête des partis de gouvernement.
Car, dans cette affaire, le premier souci du gouvernement n’est pas d’aider les migrants, mais de les éloigner de la Manche. Depuis près de vingt ans, des migrants se pressent vers ce littoral, pour rejoindre l’Angleterre où ils ont de la famille ou dont ils parlent la langue. En vertu d’un de ces accords sordides dont les grandes puissances ont le secret, la France gère la frontière britannique, moyennant finances. Elle a disposé des centaines de gendarmes, dressé des dizaines de kilomètres de barbelés et elle construit un nouveau mur. Et, comme de nouvelles « jungles » vont se reformer dans les semaines à venir, police et gendarmerie se préparent à les démanteler immédiatement. On a connu opération plus humanitaire !
L’existence même de la « jungle » résulte de la politique du gouvernement, qui n’a pas voulu accueillir ces migrants dignement. Quand Grande-Synthe, près de Dunkerque, s’est retrouvée avec un bidonville, le maire a construit un camp d’accueil digne de ce nom, avec l’aide de Médecins sans frontières ; le gouvernement, opposé au projet, n’a pas versé un centime. Cela souligne l’hypocrisie qui consiste à baptiser « humanitaire » l’éloignement forcé de migrants par la police.
L’attitude de la droite et du FN, qui s’opposent à l’arrivée des migrants dans les communes ou dans les régions qu’ils dirigent, est encore pire, s’il est possible. En concurrence électorale, ils multiplient les promesses démagogiques, contre le regroupement familial ou l’aide médicale aux sans-papiers, pour une politique toujours plus dure envers les étrangers.
Ces gens-là voudraient-ils qu’on rejette à la mer les réfugiés qui franchissent la Méditerranée ? Qu’on renvoie les Soudanais ou les Érythréens sous la férule de leur dictateur, les Syriens ou les Irakiens sous les bombes ? Qu’on érige un mur autour de l’Hexagone ou de l’espace Schengen ?
Gauche et droite expliquent que la France ne peut plus accueillir de migrants. 1,3 million d’entre eux auraient gagné l’Europe en 2015. Mais l’Union européenne compte 510 millions d’habitants ! Et il est mensonger de dire que la France, un des pays les plus riches au monde, ne peut accueillir quelques dizaines de milliers de réfugiés. Par le passé, du million de pieds-noirs après la guerre d’Algérie aux 120 000 boat-people vietnamiens et cambodgiens en 1979, des arrivées massives n’ont pas posé de problème réel.
Les politiciens expliquent qu’il n’y a pas assez d’emplois ou de logements pour accueillir les réfugiés. Ils voudraient opposer les pauvres d’ici aux pauvres d’ailleurs. Mais c’est une fausse opposition, visant à masquer la division de la société entre les travailleurs et les capitalistes. Les migrants sont-ils responsables des six millions de chômeurs ? Non, bien sûr. Et la droite prévoit-elle de créer des emplois ? Non, elle promet d’en supprimer, en taillant à la hache dans les services publics. Si elle revient au pouvoir, la vie des immigrés sera peut-être plus dure, mais ce sont en fait tous les travailleurs qui seront attaqués !
Sarkozy explique sans craindre le ridicule que nos ancêtres sont les Gaulois. Mais la réalité est que la classe ouvrière française s’est construite avec des immigrés italiens et polonais, espagnols et portugais, maghrébins et africains, au fil des générations. Et les migrants de Calais seront demain des travailleurs d’Europe.
Bien sûr, à toutes les époques, des démagogues ont opposé les travailleurs français aux étrangers, pour le plus grand bonheur des bourgeois, qui savent « diviser pour mieux régner ». Quand on cible les plus démunis, on épargne les plus riches. Mais le mouvement ouvrier socialiste puis communiste a su, à chaque étape, accueillir, intégrer dans ses rangs les nouveaux venus, et en faire des alliés, des camarades de combat. À nous d’en faire autant aujourd’hui.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 24 octobre 2016
Les passages en question :
Heureusement, malgré l’agitation xénophobe de nombreux politiciens, dans de nombreuses communes, des associations et les habitants eux-mêmes accueillent les réfugiés avec cette humanité qui fait défaut aux notables à la tête des partis de gouvernement.
Agitation xénophobe de nombreux ? nombreux ? c'est une phrase de journaliste ça ! Nombreux, c'est plus ou moins que beaucoup ?
Quant à l'autre "bord", c'est tout aussi précis "des"... 2% ? 10% ? 50% ? Peu importe "des" suffira à notre contentement absolu. Ben non bien sûr... Et dire ça sans parler des réactions xénophobes d'autres habitants, ou bien les mettre sous le tapis en disant implicitement, "vous comprendrez que dans l'agitation xénophobe ambiante, pas mal d'habitants aient des réactions xénophobes même si c'est mal". Ca m'énerve. Les faits ont la peau dure, et les petites contorsions pour les présenter sous un jour plutôt qu'un autre ben... les gens intelligents, nombreux dans les entreprises n'est-ce pas, n'achètent pas. Parler vrai, c'est parler vrai, c'est pas parler comme des curés de gauche.
Depuis près de vingt ans, des migrants se pressent vers ce littoral, pour rejoindre l’Angleterre où ils ont de la famille ou dont ils parlent la langue.
Ouais, enfin, ou pas. Un minimum de modalité aurait été utile ici, peut-être ceci, ou peut-être cela. Encore une fois, des milliers de gens = des dizaines de raisons.Le problème n'est pas pourquoi ils veulent aller en Angleterre, le problème, c'est qu'ils veulent y aller, et que quelque en soient les raisons, ils ont le droit d'y aller.
En vertu d’un de ces accords sordides dont les grandes puissances ont le secret, la France gère la frontière britannique, moyennant finances.
sordide ? qu'est-ce que ça a de sordide de s'accorder entre pays ? Ca mérite pas au moins une petite phrase d'explications ça ? "secret" ? C'est pas des accords publics ?
Elle a disposé des centaines de gendarmes, dressé des dizaines de kilomètres de barbelés et elle construit un nouveau mur.
Ouais enfin, le gouvernement par la voie de Cosse dit que c'est pour empêcher les migrants d'aller se tuer sur les voies du TGV. On répond pas à ça ? On met les miettes sous le tapis ?
Quand Grande-Synthe, près de Dunkerque, s’est retrouvée avec un bidonville, le maire a construit un camp d’accueil digne de ce nom, avec l’aide de Médecins sans frontières ;
Et on ne donne pas la couleur politique du maire, le nom du maire, le nombre de migrants ? Les gentils n'ont pas de parti ? Pour une fois qu'il y aurait un traitement humain, ça ne mérite pas un paragraphe de développement ?
Ces gens-là
"Ils" suffit.
Et il est mensonger de dire que la France, un des pays les plus riches au monde
Puisque je pinaille, je rappelle quand même que c'est dans LO qu'on lit souvent "impérialisme de seconde zone" ce qui me fait d'ailleurs bcp rire, et c'est toujours bon de rire. Du coup, moi, je dis "impérialisme de 3ème zone", n'écoutant que mon anti-patriotisme primaire.
Et puis pour parler enfin de ce que j'eus aimé voir comme raisonnement et qui n'y figure pas : c'est assez cocasse de dire d'un côté "On ne peut pas nourrir toute la misère du monde." et de dire en même temps "On ne veut pas que ces personnes aillent en Angleterre et ne fassent "que" passer par chez nous." Les gens sont libres, c'est un fait. Libres d'aller et venir, en jet privé s'ils sont riches, en TGV ou voiture s'ils sont des occidentaux dans la moyenne, à pied ou à la nage s'ils sont des migrants. Soit l'on est pour cette liberté, car on en profite, et l'on trouve bien normal que tous les humains puissent en profiter, et passer par la France pour tenter leur chance en Angleterre si ça leur chante. Soit on est contre cette liberté. Ou contre cette liberté pour ceux qui ont le mauvais goût de voyager à pied ou à la nage, bref le mauvais goût d'être pauvres ? Eh bien ceux qui en seraient à penser ainsi sans même s'en rendre compte sont donc prêts à voter le retour officiel par la grande porte des privilèges et d'une loi pour les riches ou pas trop pauvres, et d'une autre loi, d'airain elle, pour les pauvres, qui du coup, se voient tout simplement privés du statut d'êtres humains pour être transformés en... cafards nuisibles ?