Salut camarades,
Dans Le Bulletin [
Lutte Ouvrière] du (dé)confinement en Bourgogne et Jura, du samedi 30 mai 2020 - n°48
USA : l’arrestation et la mort d’un Noir se transforment en émeutes Le meurtre révoltant d’un Noir américain à l’origine d’une explosion de colère Aux Etats-Unis, le gouvernement a envoyé 500 soldats de la Garde Nationale pour essayer d’enrayer les manifestations qui se déroulent depuis mardi à Minneapolis, au nord du pays. Là-bas,l’assassinat de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc qui l’a étouffé pendant 5 minutes, a provoqué un scandale. La vidéo de ce meurtre a fait le tour du pays et provoqué des émeutes à Minneapolis, une ville qui n’est pourtant pas parmi les plus pauvres de la région. Depuis hier, les manifestations ont lieu dans d’autres grandes villes comme New York et Los Angeles. A Louisville, dans le Kentucky, la même colère s’est exprimée pour réclamer justice pour Breonna Taylor, femme noire tuée elle aussi par la police en mars dernier.
Les autorités craignent que la révolte se répande
Les autorités ont réagi très vite, comme si elles étaient particulièrement inquiètes. Les 4 policiers responsables ont été limogés, mais l’un d’entre eux, enfin, a été arrêté, ce qui alimente la colère des manifestants.
Trump, qui s’était d’abord déclaré « indigné », est très vite passé à la menace, mobilisant la Garde Nationale en annonçant : « Au moindre problème, quand on commence à piller, on commence à tirer. » Il n’est pourtant pas rare aux Etats-Unis que l’assassinat d’un Noir par la police provoque des émeutes dans une ville : cela se produit presque chaque année. Mais parfois, cela peut dégénérer en véritable guerre civile, comme en 1992 à Los Angeles, quand le tabassage de Rodney King par des policiers avait déclenché 6 jours d’émeutes dans la ville, faisant 55 morts et des milliers de blessés. La rapidité des autorités à vouloir étouffer la colère laisse penser que l’administration Trump craint plus que tout que dans le contexte actuel de crise sanitaire et sociale, les choses dégénèrent de la même manière.
Les Etats-Unis peut-être au bord d’une explosion sociale
En effet, l’épidémie a fait ressortir toutes les inégalités de la société américaine, les rendant plus criantes que jamais. Arrivée par les quartiers résidentiels comme à New York, elle a surtout fait des ravages dans les quartiers pauvres, notamment parmi les Noirs. Ceux-ci sont les plus touchés, d’abord parce que ce sont des travailleurs particulièrement exposés (aides-soignants, livreurs…), ensuite parce qu’ils n’ont pratiquement pas de couverture santé et qu’ils ont été victimes d’une absence totale d’information au début de l’épidémie. Mais le sentiment d’injustice touche certainement bien au-delà des limites de la communauté noire, et ce sont tous les travailleurs et les pauvres américains qui doivent être en colère aujourd’hui. En plus des victimes du Coronavirus, plus de 40 millions d’entre eux ont perdu leur emploi en deux mois, perdant en même temps leur assurance santé en pleine épidémie. La tension sociale est sans doute très forte dans tout le pays. Et c’est bien une révolte généralisée que craignent les autorités, pas simplement face à un crime raciste de plus, mais contre des injustices sociales qui sont devenues, avec la crise actuelle, plus insupportables que jamais.
Dans Le Bulletin [
Lutte Ouvrière Bourgogne et Jura] du (dé)confinement, du dimanche 31 mai 2020 – n°49
Vague de manifestations aux États-Unis après l’assassinat de George Floyd : La colère est contagieuse Les manifestations de colère se sont multipliées dans plusieurs villes américaines pour réclamer l’inculpation des quatre policiers présents sur la vidéo de l’arrestation de George Floyd. Derek Chauvin, le policier meurtrier n’a pour l’instant été inculpé que pour « homicide involontaire ». Ses trois complices ont seulement été licenciés.
Les déclarations de policiers pour dénoncer cet acte et défendre leur vision de la police américaine n’y font rien, les manifestations continuent et se propagent. De très nombreux travailleurs noirs savent que pour la police américaine, le racisme est un principe, et l’assassinat de noirs, une habitude.
À Washington, Brooklyn, Manhattan, Los Angeles, Atlanta, Detroit, Saint-Paul et Minneapolis, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé pacifiquement au cri de « No justice, no peace » (pas de justice, pas de paix), et des émeutes et affrontements avec la police ont éclaté à la tombée de la nuit. La brutalité policière, les arrestations et les bavures s’y multiplient : une journaliste de Louisville qui filmait une de ces manifestations a été touchée par des tirs de balles au poivre. Un jeune de 19 ans a été tué par balle hier à Detroit en marge de la manifestation, victime de ce qui ressemble fort à une attaque d’un groupe d’extrême droite.
Face à la montée des inégalités sociales et du chômage, qui touchent en priorité les populations ouvrières, où les Noirs sont très nombreux, les autorités américaines sont tendues. Ils savent que la situation est explosive, qu’elle résonne probablement aux oreilles de bien des travailleurs américains, et pourrait embraser tout le pays en dépassant les revendications « raciales ». Les crises, sanitaire, puis économique ont décapé le vernis de la société américaine, et en ont révélé toutes les injustices.
Alors les officiels multiplient les stratégies pour limiter l’impact de cette vague de colère : les déclarations du procureur qui dit « réfléchir à l’inculpation des trois autres », celles des «gentils policiers », les appels au calme des associations de défense des noirs américains sont là pour endormir les manifestants.
Trump est même revenu sur ses menaces d’envoyer l’armée. La police militaire reste mobilisée, mais les troupes restent discrètes pour essayer d’éviter les affrontements.
La rapidité avec laquelle ce mouvement s’est développé laisse tout de même penser qu’il y aura encore bien d’autres manifestations.
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."