Je fais des retour-paragraphe ou je saute souvent une ligne pour aérer. C'est moi qui scanne, j'fais c'que j'veux.
Donc, on disait quoi? Ah oui! Elle arrive dans la campagne, pour voir Lénine:
Lorsque nous arrivâmes, Lénine était assis au soleil, sir son balcon. De le voir et de songer combien il avait frôlé la mort ce près, je me sentis bouleversée et je l’étreignis sans pouvoir dire vm mot. Kroupskaïa était là, plus maigre et fatiguée que lorsque e l’avais vue pour la dernière fois. Apparemment, l’épreuve de ces derniers mois l’avait encore plus marquée que son mari.
Ça discute situation internationale, que dit-on de la Russie révolutionnaire? Qu'en pensent les masses? etc. puis on arrive à la fin de l'entretien:
Et c’est seulement lorsque arriva pour moi l’heure de partir, que Lénine fit une allusion à ce qui lui était arrivé et à la terreur qui avait suivi. Dès qu’on commença à parler de Dora Kaplan, la jeune femme qui lui avait tiré dessus et qu’on avait exécutée, Kroupskaïa devint extrêmement nerveuse. Je vis qu’elle était profondément affectée à l’idée qu’un pouvoir révolutionnaire pouvait condamner à mort d’autres révolutionnaires. […]
Plus tard, comme je lui donnais mon sentiment sur l’exécution d’un groupe de Mencheviks accusés de propagande contre-révolutionnaire, Lénine me répondit : « Ne comprenez-vous pas que si nous hésitons à fusiller ces quelques dirigeants nous nous retrouverons bientôt dans une situation où nous serons obligés de fusiller dix mille ouvriers ? » Le ton n’était ni cruel, ni indifférent; il exprimait une tragique nécessité qui m’impressionna alors profondément.
Et finalement, bin, Lénine l'invite à rester diner.
Moi, déjà, vous, gens du forum qui lisez, pour vous, ch'ais pas, mais moi j'ai jamais vu Lénine. Et a fortiori j'ai jamais partagé un repas avec lui. Ça m'aurait intéressé, pourtant.
Lorsque la voiture arriva pour me ramener à Moscou, Lénine la renvoya et insista pour que je reste jusqu’au soir. Le dîner en disait long sur la pénurie actuelle, mais Lénine insista pour que nous partagions les rations spéciales qu’on lui avait octroyées pour sa convalescence.
« Voyez, me dit-il. Ce pain m’a été envoyé de Jaraslow, ce sucre par les camarades d’Ukraine. Et la viande aussi. Ils veulent que je mange de la viande pendant ma convalescence. » On aurait cru qu’on lui avait demandé une chose extravagante.
J’avais apporté avec moi une partie du fromage et du lait condensé – jusqu’à une chère tablette de chocolat – que j’avais rapportés de Suède, mais lorsque je voulus les lui laisser, il m’obligea à reprendre presque tout pour le donner aux camarades de Moscou.