Le 18 mars 1811, le préfet de la Seine écrit :
«Les dangers toujours renaissants de la petite vérole et les difficultés que trouve encore à s'établir dans Paris même l'utile méthode [de la vaccine] m'ont déterminé à prendre l'arrêté que voici :
« Outre les vaccinations gratuites qui se font en tout temps à l'Hospice central de vaccine établi rue du Battoir Saint-André, il y aura chaque année en mai et septembre une vaccination à époques fixes dans chacun des douze arrondissements municipaux. Au début d'avril et d'août, chaque maire accompagné de l'un des médecins attachés au Bureau de bienfaisance de son arrondissement se transportera dans toutes les écoles pour inviter les maîtres à lui remettre 1'état de leurs élèves qui n'ont pas eu la petite vérole et n'ont pas été vaccinés.
Sont décidés, l'envoi d'avis aux parents avec mention des personnes mortes dans l'arrondissement depuis le début de 1'année, ainsi que des secours extraordinaires aux parents indigents dont les enfants auront été vaccinés.»
On décide en décembre 1817 qu'à Paris, « l'un des plus sûrs moyens de déterminer les indigents à faire vacciner leurs enfants serait la distribution de 5 francs pour chaque enfant vacciné, ainsi qu'il est d'usage dans les vaccinations annuelles. »
Pas de pass sanitaire?
Par arrêté préfectoral, en 1818, on délivre un certificat de vaccination que les parents devront présenter pour être admis aux secours publics.
Le 30 octobre 1822, le ministre de l'Intérieur écrit que «les voies de persuasion, les seules qui aient été employées, semblent insuffisantes à l'égard de la classe pauvre ». Il faut imaginer d'autres moyens : visites à domicile faites par les commissaires de police, mais surtout, appel au clergé.
En conclusion de tout ça, un dernier extrait:
En fait, pendant la plus grande partie de notre époque, l'inégale répartition sociale de la mortalité variolique souligne ce fait que Villermé résumera, en 1833, dans son étude sur les épidémies : « Dans toute société on voit les classes instruites et aisées qui font vacciner leurs enfants et le bas peuple qui s'y refuse, l'heureuse découverte de Tenner profite surtout à ceux qui ont tiré le meilleur billet à la loterie de la vie ».
Saloperie de loterie. Et ça dure.