Le texte d'Engels :
https://www.marxists.org/francais/marx/works/47-pdc.htmEngels à Marx, 24 novembre 1847 :
Jette donc un coup d'œil sur la profession de foi. Le mieux, je crois, c'est d'abandonner la forme de catéchisme et de l'intituler Manifeste communiste. Étant donné qu'il nous faut y donner plus ou moins un aperçu historique, la forme actuelle ne convient absolument pas. Je te remettrai le projet que j'ai préparé ici. Il est simplement narratif, mais très mal rédigé, avec une hâte folle. Je commence comme suit : « Qu'est-ce que le communisme ? , et tout de suite après, je passe au prolétariat : genèse historique, différences avec les travailleurs du passé, développement de l'antagonisme entre bourgeoisie et prolétariat, crises et conséquences. Tout cela est accompagné de considérations annexes et s'achève par la politique à mener par le parti communiste, pour autant qu'elle fasse partie du domaine public.
Ce projet n'est pas encore tout à fait prêt à être soumis à l'approbation de la Ligue ; mais je pense pouvoir le faire accepter, à quelques points de détail près, sous une forme qui ne heurte pas nos conceptions en la matière.
À Paris, la Ligue marche très mal. Je n'ai jamais rencontré un pareil laisser-aller et une pareille jalousie mesquine les uns vis-à-vis des autres. Les théories de Weitling et de Proudhon sont vraiment l'expression la plus fidèle des conditions de vie de ces ânes. C'est pourquoi on reste tout à fait impuissant. En réalité, ce ne sont que des travailleurs d'une autre époque, les uns étant de vieilles badernes sur le déclin, les autres des petits-bourgeois en espérance. De fait, une classe qui, à l'instar des Irlandais, vit en faisant baisser le salaire des Français est totalement inutilisable. Je vais encore faire une dernière tentative ; si cela ne réussit pas, je me retire de cette espèce de propagande.
J'espère que les papiers de Londres (le Manifeste communiste) ne tarderont pas, et qu'ils donneront un peu de vie à tout cela. J'exploiterai alors le moment propice. Comme les gens ne voient pas jusqu'à présent le moindre résultat du congrès, ils sont complètement amorphes. Je suis en contact avec quelques nouveaux ouvriers qui m'ont été amenés par Stumpf et Neubeck, mais je ne saurais dire encore s'il y a quelque chose à en tirer.
Dis à Bornstedt :1. qu'il ne fasse pas preuve de tant de rigueur commerciale à faire payer les abonnements aux ouvriers d'ici, sinon il risque de les perdre tous ; 2. que l'agent que lui a procuré Moses est un lambin.