La sécu, conquête ou pas conquête.

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par stef » 01 Déc 2003, 23:11

1/ Je ne sais pas comment La Vé prenait la question à l'époque. Et je ne suis pas sûr que ça aide à piger. Je n'idéalise en rien le PCI de 1945-48.
2/ Je suis par contre sur d'une chose. Il y a bien eu une vague révolutionnaire en Europe en 1943-45. Qu'elle ait pu être endiguée par l'appareil stal et l'impérialisme avant d'atteindre le stade de crise révolutionnaire ouverte n'y change rien. Pourquoi crois-tu donc qu'on est passé du plan Morgenthau ("transformer l'Allemagne en champ de patates") au Plan Marshall ? Que dans ce cadre la borgeoisie française ait du procéder à des concessions substantielles est dans la nature des choses. Comment comprendre autrement les nationalisations, la SS et le reste ("l'Etat providence") qui n'étaient pas ce que voulait la bourgeoisie française (et autres) initialement.

C'était le minimum de concessions qu'elle devait concéder pour éviter de sombrer dans une situation similaire à celle de l'Allemagne de 1919. Idem pour l'Italie (chute de la monarchie), la GB (chute de Churchill), la Grèce (Guerre civile), etc. Sans parler de l'est-européen, la Chine (sujet qui fâche sur ce forum).
3/ Cette citation (pardon, Rojo) me semble devoir être méditée dans ce contexte:
a écrit :
Les conséquences de la guerre franco-prussienne de 1870-71, aussi bien que celles de la boucherie impérialiste de 14-18 (Commune de Paris, révolution de février et d'Octobre en Russie, révolutions en Allemagne et Autriche-Hongrie, insurrection dans plusieurs pays en guerre), attestent de façon irréfutable qu'une guerre moderne entre des nations capitalistes porte en elle une guerre de classes à l'intérieur de chaque nation et que la tâche d'un parti révolutionnaire consiste à préparer dans le cours de cette dernière guerre la victoire du prolétariat.

(La guerre et la IV)

4/ Le texte que tu cites me semble extrêmement réducteur.
En tout cas, je ne me serais sans doute pas opposé comme il le fait à la direction la CGT sur ce terrain ("la SS n'est pas tant une conquête que ça, à preuve nos salaires de misère").
Parce que personne ne dit qu'une conquête règle tout, elle est un point d'appui.
Par contre il me semble que dès cette époque (avril 1947) la bourgeoisie avait commencé à reprendre ce qu'elle avait du concéder. Notamment la gestion exclusivement ouvrière de la SS. C'est peut-être là que se situait le coeur de la question.....
stef
 
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Message par com_71 » 02 Déc 2003, 01:30

a écrit : Nier l'existence d'une vague révolutionnaire lors de la fin de la seconde guerre mondiale me parait un peu curieux.
a écrit : il est bien clair que la situation de l'après guerre en France a nécessité tous les efforts du PCF et de l'appareil CGT pour empêcher l'ouverture d'une crise révolutionnaire.
La preuve de l'existence de la vague révolutionnaire c'est que le PCF a réussi à l'empêcher. Dialectique...
a écrit :le PCF est au faîte de sa puissance, est le premier parti de france en 1945 et a avec la SFIO une majorité absolue au parlement.
Plutot vague stalino-gaulliste que vague révolutionnaire....
a écrit :Notamment la gestion exclusivement ouvrière de la SS. C'est peut-être là que se situait le coeur de la question.....
On dit gestion par les bureaucraties syndicales, c'est là que se situe le coeur de la question.
a écrit : Dans de nombreuses entreprises de la région parisienne, ce sont des comités ouvriers qui se chargent des affaires courantes, de l'épuration, de désigner les nouveaux cadres,
De Gaulle nomme des préfets d'extrême-droite pendant que le PCF épure, assassinats de révolutionnaires, nombreux licenciements sur dénonciation... Collusion entre la CGT et les directions des entreprises qu'elle avait contribué à remettre en place... Aucun doute, le raz de marée ouvrier était impressionnant...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par stef » 02 Déc 2003, 02:33

A quoi j'ajoute que je trouve extraordinaire qu'à ce que je prenne comme symptôme de l'acquis qu'est la SS :
a écrit :
la gestion exclusivement ouvrière de la SS.

On me réponde :
a écrit :
On dit gestion par les bureaucraties syndicales,


Ce qui est tout à fait compréhensible de la part d'un anar anti-syndical, pas d'un militant se réclamant du communisme.

La gestion syndicale de la SS, c'était le renforcement des organisations syndicales, de la classe ouvrière à travers ses institutions de base.

Même avec cela tu n'es pas d'accord, COM ?
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L'enjeu de cette discussion étant le suivant. Si on explique :
a écrit :
la Sécurité sociale (...) est souvent présentée comme une conquête de la classe ouvrière, durement acquise, par la lutte. Mais en fait, il n'y eut ni lutte, ni conquête. La Sécurité sociale fut, pour la bourgeoisie, le prix à payer pour la paix sociale,

On ne peut défendre la Sécurité Sociale attaquée en ce moment par le gouvernement Raffarin. Si on pense cela, on se met aux abonnés absents et on le laisse privatiser.
stef
 
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Message par stef » 02 Déc 2003, 10:16

a écrit :
Stef, ta conclusion est fausse. Nous pouvons dire que la sécu n'est pas le résultat d'une lutte tout en expliquant, que les attaques qu'elle subie et qu'elle va subir ne font/feront qu'agraver les conditions de vie des travailleurs. Donc, il faut la défendre face aux attaques patronales.

Tu penses donc que c'est un acquis (relatif) ce dont je me félicite.
Faut-il alors tout faire pour casser l'opération"haut conseil de l'assurance-maladie" ?
stef
 
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Message par Nadia » 02 Déc 2003, 10:30

Quand l'ami Steph parle de vague révolutionnaire dans l'Europe des années 1943-45, il omet un petit détail dans le tableau. Car toute l'Europe -- y compris la France qui y a malheureusement pas échappé, contrairement à ce que dit Wolf -- a été massivement bombardée. Non seulement Hamburg ou Dresden, mais aussi Caen, LeHavre, St Nazaire etc.
Au Japon, pour éviter cette fameuse vague révolutionnaire, il n'ont pas seulement rasé sous les bombes les principales grandes villes comme Tokyo ou Nagoya, mais aussi envoyé deux bombinettes dont on parle encore beaucoup aujourd'hui. Car cela a jeté un effroi partout sur la planète.
Et bien sûr, pas besoin de pinailler sur les publications de tel ou tel groupuscule gauchisant, n'importe quel pb un peu cultivé ou âgé peut en parler.
Alors la "grande vague révolutionnaire des années 43-45"...
Nadia
 
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