Education : Congrès de la FSU
Syndicalisme en débat
La Fédération syndicale unitaire (FSU) tient son congrès la première semaine de février. Après le mouvement du printemps, au sein duquel elle tint toute sa place, et dans un contexte social qui s'est dégradé, les enjeux sont décisifs.
La grève générale dans l'éducation, débutée avant les vacances de Pâques 2003 et reconduite jusqu'à la fin du mois de juin, a révélé le potentiel de mobilisation des personnels de l'éducation - qui sont, doit-on le rappeler, à la fois éducateurs et salariés. La Fédération syndicale unitaire (FSU), en congrès du 2 au 6 février, non seulement n'a pas été en porte-à-faux dans ce mouvement, mais a appelé à la grève reconductible dans son secteur - ce qui ne fut pas sans conséquences sur la mobilisation globale - et proposé de s'engager dans une extension interprofessionnelle de la grève. On connaît la suite : la grève de l'éducation, isolée, a buté sur le bac quand les jeux étaient joués.
Le mouvement n'a pas gagné sur la décentralisation, il a perdu sur les retraites. La force de l'engagement dans la grève, la détermination à nouer des rapports interprofessionnels seront présents au congrès. Ainsi que le sentiment que l'autonomie du syndicalisme de l'éducation par rapport aux autres services publics, et au privé, n'a pas permis de peser suffisamment. Réfléchir et prendre des décisions sur l'évolution du mouvement syndical est sans doute un des principaux enjeux. D'autant que des structures syndicales rompant avec la CFDT ont demandé leur affiliation à la FSU...
Le premier thème en débat porte sur les questions d'éducation dont l'enjeu essentiel est la capacité de la FSU à s'opposer à la volonté de privatisation, de décentralisation et de casse du service public dans le cadre des directives européennes ; ainsi que sa capacité à construire un projet alternatif de service public garantissant l'égalité de moyen et d'accès sur tout le territoire. Le deuxième thème généralise le débat sur les services publics, le refus de la précarité ; les questions salariales et le statut des personnels. Le troisième thème porte sur les droits sociaux et la bataille qui s'annonce sur la Sécurité sociale. Il concrétise la volonté affirmée par la FSU qu'"un autre monde est possible" et précise ses relations avec les mouvements sociaux (forums sociaux, Attac, etc.).
Le quatrième thème porte sur l'avenir et la capacité de la FSU à répondre aux problèmes posés par l'arrivée d'une partie de la gauche de la CFDT, par les limites de "l'autonomie" du syndicalisme enseignant, et d'être reconnue dans les débats et les confrontations interprofessionnels. C'est un enjeu majeur. Plusieurs propositions sont en débat : maintien du statu quo au nom de la force propre du syndicalisme enseignant, malgré ses limites ; ou rejoindre une confédération : la CGT. Avec l'idée que la fin de l'autonomie est déjà consacrée par l'éclatement du syndicalisme enseignant depuis la scission de la Fédération de l'éducation nationale (FEN) en 1992. Et que la nature des problèmes sociaux autorise - pour certains nostalgiques (?) - un retour dans la CGT, devenue cadre incontournable d'une réunification syndicale partielle. L'élargissement de la FSU aux trois fonctions publiques et la création d'une union syndicale interprofessionnelle permanente, ouverte à tous, sans exclusive, sont aussi en débat.
Le vote d'orientation confirme la progression de la tendance Ecole émancipée, qui conforte sa place de deuxième tendance de la FSU, ce qui est assez remarquable après la scission qu'elle à connue mais conforme à sa place dans le mouvement du printemps. La tendance majoritaire Unité et action connaît dans le même temps un léger recul.
Correspondant
Rouge 2049 29/01/2004