Défense de la psychanalyse

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Cyrano » 21 Jan 2005, 00:27

Une petite réponse rapido à rojo qui écrit:
a écrit :Ce que je conteste (et d'ailleurs, à la lecture du site de l'ADFIS je ne semble pas être un cas très original) c'est que ces processus inconscients forment une personalité seconde qui dicterait sa loi et qui apparaitrai ça et là à l'occasion des rèves, de lapsus et d'actes manqués.

Pas une personnalité seconde…
Tu es en train de dire, donc, que le monde physique aurait ses lois, ses règles, une évolution… que le monde historique aurait aussi ses lois, ses règles, une évolution…. Mais pas la personne humaine ?…
Et en plus, rojo, ça dicte même plus fort que tu ne peux le croire… Et ça n'apparaît pas ici ou là… Ça dicte parfois une vie complète…

J e réponds d'abord… La suite de mon message précédent…
Je commence par l'histoire de l'inconscient qui aurait précédé la conscience…
Ma question :
2. « ces processus inconscients de plus en plus élaboré et de plus en plus programmables ont precedé la conscience. » Comment ça, « précédé » ?

L'atavisme de l'inconscient ?

La réponse, hier, de caupo :
a écrit :Ecrit par : Caupo  le mercredi 19 janvier 2005 à 12:35
Dire que les processus inconscients ont précedé le conscient me semble de la logique élementaire. Dans le cours de l'évolution, ce sont surement les reflexes primaires et les fonctions du cerveaux le plus primitives, celles qui mettent en mouvement les instincts et les pulsions (je sens que iko sera pas d'accord) sont apparues d'abord. La conscience "consciente" est naturellement postérieure.
Cette réponse est à rapprocher d'une explication de canardos :
« oui les mécanismes inconscients ont precedé les mecanismes conscients et la conscience de soi n'existe sous une forme embryonnaire que depuis le chimpanzé. »
Je trouve assez piquant que canardos (plutôt branché neurosciences) et que caupo (plutôt branché psychanalyse) se retrouvent pour dire que l'inconscient serait en quelque sorte un résidu de notre évolution – comme les poils de Demis Roussos, en somme.
C'est à dire que l'un et l'autre refusent, à leur manière, la notion d'inconscient au sens psychique.
L'un l'accepte (« personne pas meme rojo, ne nie l'existence de processus inconscients ») mais en rajoutant des « niveaux », l'autre l'accepte aussi, mais en le situant hors de notre investigation (« l'inconscient freudien, qu'on ne peut pas connaître par définition »).
Caupo défend l'inconscient, mais dans des méandres byzantines, et ne il ne voit pas forcément :
Sur mon exemple de l'ami venant me voir (alors que je veux lui dire de "rester", je m'entends lui dire qu'il peut "partir"), caupo écrit :
«Autre chose, ton exemple relève plutot du préconscient, vu que t'étais occupé et que tu savais qu'on te dérrangeait avec une visite. Tu avais bien en tête le désir de ne pas être dérrangé
Laissons le préconscient (ou le subconscient) de coté ! Remettez vite ça dans votre culotte, on a déjà assez de mal à causer de l'inconscient.
Que l'autre intention soit présente ou pas dans ma tête, peu importe, caupo : c'est l'inconscient qui permute les mots ! c'est un processus inconscient qui est à l'œuvre pour que se commette l'acte manqué. On est d'accord ? Je crois que oui. Moi aussi, je suis byzantin, j'arrête.

Alors, oui, pour sûr, ce que vous dites n'a rien à voir avec l'inconscient (freudien ou pas).

L'inconscient au sens psychique est la programmation de décisions infantiles (décisions sur le comportement ou sur le ressenti des émotions). Ces décisions sont devenues inconscientes. Ces décisions semblent être la personne elle-même (comme si elle avait été programmée génétiquement) et vont dominer ses décisions de personne adulte.
Les gens disent :
« Moi, tu sais, j'ai un tempérament coléreux »
« Ah bin, moi, tu sais bien, je suis comme ça. »
« C'est vrai que moi, j'ai tendance à voir le mauvais coté des choses. »
« Ah non, ça ne se demande pas. »
Imaginez vous-même, vous allez en trouver des exemples de formules toutes faites (et n'oublier pas les "Il faut que…").

Exemples… Oh ! des tout petits, tout pitis exemples, de ceux qu'on peut parler en public (pas de branlette, pas le cul de maman, pas la pine à papa) :
Bébé
Un bébé adore être dans les bras de sa maman, de son papa. Le contact physique est un besoin biologique de base (les animaux le font). Mais… c'est enfin le bébé attendu, après deux fausse-couches et une grossesse compliquée. Alors, maman, seule avec son bébé, le serre souvent fort, fort contre elle, trop fort : et le moment, de confortable qu'il était devient inconfortable pour le bébé. Et en plus, y'a papa qui de temps en temps le prend aussi pour tenir ce en quoi il n'osait croire : « Tu es mon bébé, mon bébé », il le serre contre lui. Et maman : « Arrête, tu vois pas que tu l'embête ? ».
(Mon chat adore être contre moi, si je le tiens trop fort, il va manifester l'inconfort qu'il ressent et s'éclipser)
Eh bien, le bébé enregistre, sans mots, mais ça s'enregistre, cette sensation d 'inconfort.
A l'âge adulte ? C'est une personne qui n'aimera pas trop la proximité et qui sera vite ennuyée en sentant des bras autour d'elle. Ça peut même créer des quiproquos dans un couple.
Ne pas demander
Sur une brocante, une gamine (7 ou 8 ans) désirait un jouet Barbie qui était revendu. J'entends le père lui dire (en l'entraînant plus loin) cette chose ahurissante : « Quand on veut quelque chose, on ne demande pas ! » Si ces messages sont répétés à diverses occasions, la gamine va devoir mettre au point des stratégies pour obtenir, ou ne rien faire. Ces stratégies, ces programmes, vont lui sembler être sa personne elle-même.
A l'âge adulte, ça nous fait Louis Althusser : « Aimer, c'est ne rien demander », ou une femme qui sera incapable de demander un câlin ou de faire comprendre qu'elle en veut un. Ça peut même créer des conflits dans un couple.
Joie, colère, peur, tristesse
Avez vous remarqué, par exemple :
Dans une grande surface, ces enfants qui désirent ces jouets disposés dans les linéaires, justement, pour que papa-maman casque à la caisse ? Mais l'adulte refuse. Et là, ouh là, la colère du bambin, à la caisse. Et maman, gênée par le show qu'elle offre involontairement, dit le plus souvent : « Il est fatigué »… Elle remplace la colère (sentiment usuel, compréhensible) par la fatigue, l'abattement, c'est à dire la tristesse.
A l'âge adulte ça nous fait une personne qui soudainement se mettra en retrait, sans rien dire…
– Eh bien Paul, tu ne dis plus rien ?
– Oh non, là, j'ai un coup de pompe… Continuez, continuez…
C'est que Paul est en colère… Mais Paul, lorsqu'il est en colère ne l'exprime pas, il se sent fatigué, triste… Peut être même qu'avec une très grosse colère, il pourrait nous faire une dépression.
Avez vous remarqué, par exemple :
Le père parle avec un ami, sa petite fille vient vers lui pour un câlin, elle tire son pantalon pour réclamer son attention, mais papa cause… Et finalement, il la prend contre lui, en disant : « Tu es fatiguée, toi… » Il remplace la demande de câlin par le sentiment de la fatigue… A l'âge adulte, ça nous fait une femme qui ne dira pas qu'elle veut baiser (peut être en y mettant des nuances !), mais une femme qui sera fatiguée, qu'aura mal dans le dos, qui voudra un massage de la nuque, etc.
Rojo va me dire que j'affirme…
Oui.
(mes excuses, au passage, pour tout lecteur qui serait un vrai professionnel de l'esprit… J'ai pu écrire des bêtises, mais « l'intention excuse le fait »).

L'inconscient : passage à niveaux ?

La réponse de caupo à ma question sur les niveaux :
a écrit :Ecrit par : Caupo  le mercredi 19 janvier 2005 à 12:35
j'aimerais dire que toute personne qui a fait une analyse comprends parfaitement ce truc des "niveaux de l'inconscient". Assez généralement l'interprétation d'un rève, ou d'un acte manqué, ou d'un lapsus linguae (spécialité marque déposée des lacaniens) commence par un "niveau", c'est à dire une "cause" pour aller dans les cours des associations vers d'autres "causes plus enfouies" et pour arriver (si on a de la chance) aux "strates le plus profonds" c'est àdire à la motivation fantasmatique liée à la séxualité enfantile.


Je ne crois pas que c'était exactement ce que voulait dire canardos…
Cet étagement des niveaux de conscience, ou des niveaux de l'inconscient ne sert strictement à rien, sinon à embrouiller. Et la motivation fantasmatique, ok, hum...
Les amis, on n'es tpas foutu de s'entendre sur UN niveau d'incosncient, alors, le mille-feuilles, oublions...

L'inconscient se crée durant le développement de notre personne.

Bon sang, je cause avec des marxistes, oui ou non ?
La valeur de la marchandise et le temps de travail, avant c'était clair. C'est pas à vous que je vais apprendre ça ? La monnaie, comme marchandise, les p'tits coquillages, c'est pas à vous que je vais l'apprendre ? L'Etat, expression des intérêts d'une classe, mais qui apparaît comme expression de la société ?
Relisez le tome I (en 10/18) du "Traité d'économie marxiste" d'Ernest Mandel, pour voir comment la catégories économiques, peu à peu, sont enfouis jusqu'à être méconnaissables. Ces catégories, enfouis sous la surface de la société, gouvernent pourtant notre société. Malgré tout, elles sont refusées comme étant des lois valides (sauf par les marxistes).
Il en va de même de la construction de notre personnalité. Les catégories, la gestion des émotions, les stratégies enfantines mises en place vont s'enfouir dans l'inconscient. Et la personne refusera de reconnaître des lois qui dicteraient une partie de sa conduite….
Marx avait semé des dragons, il se plaignait d'avoir récolté des puces.
N'ayez pas peur d'être un peu plus marxistes.
Ça fait un peu prétentieux, mais c'est ce que j'ai envie de dire.

Vous n'allez quand même pas être moins curieux que notre humanité, y'a plus de 2000 ans, qui avait compris que la vie psychique avait ses lois.
Par défaut, on appela ça, l'âme. Et l'inconscient à l'œuvre, les grecs appelèrent ça le destin.
« Lorsque les corps des hommes sont énervés, les âmes deviennent malades. » (Xénophon, “Economique”)
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 21 Jan 2005, 00:51

Je n'ai volontairement pris aucun de ces grands exemples, de ces grandes pathologies que vous affectionnez pour discuter. Je fais à la mesure de mes petits moyens : petite tête conçoit petits exemples de petite vie – c'est mon cas.

Lorsque canardos dit qu'il faut remettre la psychanalyse sur ses pieds (un peu comme Marx faisait avec Hegel), oui, je cromprends ce qu'il veut dire, je pactise complètement.
Mais peut être que votre entêtement à refuser certaines notions est motivé par l'attribution de choses étranges à la construction de l'inconscient, avec ses histoires de sexualité enfantine ? Peut être que c'est bien plus simple que cela, et que mes petits exemples, ma foi, demanderaient plus d'intention ?

Lorsque canardos dit que Freud ne se résume pas à des supercheries, oui.
Dans "Psychopathologie de la vie quotidienne", Freud s'exprime sur les croyances irrationnelles, les superstitieux qui brodent à partir d'évènements qui leur seraient arrivés :
« Je crois au hasard extérieur (réel), mais je crois aps au hasard intérieur (psychique). C'est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir. »
Car les idées de Freud permettent, en faisant intervenir ce satané inconscient, de comprendre comment se construit une superstition.
Cyrano
 
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Message par iko » 21 Jan 2005, 09:33


](canardos @ mardi 18 janvier 2005 à 23:01
[QUOTEce qui m'étonne plutot c'est pourquoi les disciples de lacan sont incapables de reconnaitre les betises qu'il a écrit en s'appuyant sur les mathématiques alors que finalement ça n'a aucune incidence sur le reste de son oeuvre...

parce qu'on ne divise pas les tables de la loi?

doit-on poursuivre ce fil dans un forum religions?

ps: Iko, pour mettre ce commentaire, je suis sur que tu es en mesure de nous démontrer la justesse et la pertinence des démonstration mathematiques lacaniennes que rojo va se faire un plaisir de te scanner ici, j'en suis sur[/QUOTE]

QUOTE (rojo @ mardi 18 janvier)
C'est notre numéro de duettistes favori avec Canardos)
Commençons par un peu de théorie des nombres, on fera ensuite un peu de topologie et des nombres complexes si vous réclamez.


Lacan était un homme qui connaissait sa valeur intellectuelle et qui aimait bien être flatté. Son passage de l’hôpital Sainte-Anne à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm n’en est que le phénomène le plus marquant. Une grande partie de l’intelligentsia intellectuelle participait à ses séminaires. Il s’adressait donc à un public qui pouvait suivre des termes de philosophie compliqués ce qui agace Canardos. IL se hasardait de la même manière sur les mathématiques.
Parfois, j’arrive à suivre, parfois, ça me dépasse. Mais souvent, je suis incapable de vérifier la valeur philosophique ou mathématique de ce qu’il raconte, mais en revanche ça me parle, ça me permet de comprendre ce dont il veut parler.

En même temps je comprends que cette réponse ne vous satisfasse pas. Alors, ça tombe bien, parce qu’il s’est passé une coïncidence rigolote. Ce n’est même pas une formation de l’inconscient (comme dit l’autre), c’est presque de la magie !
Rojo envoie ce texte le jour où je voyais un ami mathématicien, qui, par la logique de Pierce est devenu sémioticien. Il est de plus analyste et marxien (nul n’est parfait !)
(En fait, tout compte fait, c’est peut-être une formation de l’inconscient, un acte manqué réussi en quelque sorte ; j’avais le texte de Roudinesco depuis un moment mais j’ai attendu la veille de notre rencontre pour vous l’envoyer, sans me rendre compte de ce qui allait pourtant logiquement se dérouler…),
Donc je lui en ai parlé hier.

[b]Première info[/b] :
Lacan avait un ami qui lui a donné des cours de math de très haut niveau, Jacques Riguet ; ils se connaissaient assez pour que ce dernier lui trouve les parties des mathématiques qui pouvaient correspondre à ce que Lacan voulait conceptualiser. Ce serait un des grands mathématiciens français. Vous allez sur Google, vous faites de Jacques Riquet et vous tomberez sur une interview de ce mathématicien.
[url=http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/entretien_riguet.htm]http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/entretien_riguet.htm[/url]
Dans l’interview, il compare la découverte mathématique à l’acte sexuel. (ça, c’est pour vous donner l’envie de le lire ?).
L’acte de recherche mathématique est hautement subjectif, toujours, mais il peut être reproduit par tout autre mathématicien sans impliquer sa subjectivité, de manière objective. L’acte analytique, lui, ne peut pas se reproduire, comme je vous l’ai dit du fait qu’il ne peut être que dans l’intersubjectivité. (à suivre)
Cet ami, donc, m’a affirmé qu’il n’a jamais vu de conneries quand Lacan utilise les mathématiques.
Tout au plus les tiraille-t-il pour que ça serve d’opérateur logique à la réflexion.

[b]Deuxième info[/b] :
C’est une erreur de croire que les mathématiques ne s’appliquent qu’à la physique et l’économie. Résultat de la division du travail ? Elles peuvent s’appliquer à tous les domaines. Donc Lacan est totalement en droit de s’en servir s’il le veut.

[b]Troisième info [/b]:
Je lui envoie le texte de Rojo et j’espère qu’il nous fera une explication de texte.

En tous les cas, il n’y a pas à priori hurler qu’un analyste insiste sur la marque, l’inscription qui se fait dans la psyché et sur le corps. Nous en reparlerons, si cela intéresse certains.



iko
 
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Message par Cyrano » 21 Jan 2005, 09:37

Quinze ans après les conférences regroupées dans le livre "Introduction à la psychanalyse", Freud éprouva le besoin de revenir sur certains thèmes. Mais à 75 ans, il n'est pas motivé pour se livrer à cet exercice en public, aussi imagine-t-il un public fictif auquel il s'adresse dans "Nouvelles conférences sur la psychanalyse" qu'il écrit en 1932.
En passant, je trouve :
« La meilleure signification du moi "inconscient" est la signification descriptive; nous qualifions d'inconscient tout processus psychique dont l'existence nous est démontrée par ses manifestations, mais dont, par ailleurs, nous ignorons tout, bien qu'il se déroule en nous. »
Et plus loin, sur le champ d'action de la psychanalyse :
« Le champ d'action de la psychanalyse est, en second lieu, limité par la forme même de la maladie. \ Vous savez que le traitement analytique est tout indiqué dans les névroses de transfert, les phobies, les hystéries, les névroses obsessionnelles, ainsi que dans les anomalies de caractère qui se manifestent parfois en lieu et place de ces affections. Partout ailleurs, dans les états narcissiques, psychotiques, etc., la psychanalyse est plus ou moins contre-indiquée. Il serait donc légitime d'éviter un échec certain en éliminant ces derniers cas. »

La je ne vous parle pas de ce bouquin, pour ces deux citations, mais pour ce qui suit :
Après avoir parlé de l'anarchie, du nihilisme, Freud écrit :
« Or ce sont les opinions et les connaissances qui déterminent les actes des hommes [...]. »
Puis :

« Cependant, le second de nos adversaires nous semble le plus redoutable, et c'est surtout en pensant à lui que je déplore l'insuffisance de mes lumières.
Je suppose que vous en saurez plus long que moi sur ce sujet et que, depuis longtemps, vous avez pris parti pour ou contre le marxisme. Les travaux de Karl Marx traitant de la structure économique de la société et de l'influence des diverses formes de l'économie politique sur toutes les activités humaines font, la chose est indéniable, autorité à notre époque.
J'ignore naturellement quel est, pour chacun des points envisagés, le degré de justesse ou d'erreur. J'ai ouï dire que d'aucuns, mieux documentés que moi, n'arrivaient pas eux-mêmes à en décider.
Certaines idées m'ont déconcerté, par exemple celle relative à l'évolution des sociétés humaines, évolution qui obéirait aux lois naturelles. Marx prétend aussi que les transformations qui s'opèrent dans les couches sociales découlent les unes des autres par suite de processus dialectiques. Je ne suis pas du tout certain d'avoir bien compris ces assertions, qui ne paraissent pas « matérialistes », mais qui constituent plutôt le résidu de l'obscure philosophie hégélienne, Marx ayant d'ailleurs subi l'influence de cette école. Je n'arrive pas à me débarrasser de mon opinion de profane, habitué à considérer la formation des diverses classes de la société comme l'aboutissement de luttes engagées, depuis toujours, entre les diverses hordes humaines. Les inégalités, pensais-je, devaient primitivement être des inégalités de tribus ou de races. Certains facteurs psychologiques, tels que le degré d'agressivité constitutionnelle et une meilleure organisation intérieure de la horde, certains facteurs matériels, comme la possession d'armes plus efficaces, décidèrent de la victoire. En vivant sur le même sol, les vainqueurs devinrent les maîtres, et les vaincus, les esclaves. Rien qui décèle là des lois naturelles ou l'évolution de concepts.
Par contre, le fait que l'homme devient toujours davantage maître des éléments a sur les rapports sociaux des répercussions croissantes. Les hommes mettent au service de leur besoin d'agression leurs nouvelles conquêtes scientifiques, dont ils se servent pour se combattre les uns les autres. »
Sigmund Freud "Conférences sur la psychanalyse" (1932)

Plutôt que par ouï-dire, c'est plus simple de lire ce que Freud disait du marxisme. C'est pas brillant. J'aime bien la sentence : « Or ce sont les opinions et les connaissances qui déterminent les actes des hommes [...]. » Ça aurait plu à Engels ou Plekhanov…
Après avoir parlé du marxisme, Freud parle du bolchévisme, mais, en 1932, vu le modèle qu'il avait sous ses yeux, laissons, c'est inintéressant.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 21 Jan 2005, 10:26

Je suis entièrement d'accord avec toi, iko, au sujet de Lacan.
D'ailleurs, en fait, nous, ici, on est quelques uns à penser que le marxisme devrait être toiletté.
Pour tout avouer : rojo, canardos, gaby, wolf, moi-même, on travaille en douce sur une nouvelle théorie – pasque "Le Manifeste", ça fait rire….

Le prolétariat, c'est "P", le capitalisme, c'est "C". P s'oppose à C, c-a-d que P et C sont divisés.
P/C, immédiatement, on voit que "ça parle".
Les esprits vulgaires croiraient en avoir fini (Hin, hin, rire benêt…) mais pas nous, qui savons qu'on sait que le lieu d'où nous savons de toilette.
On veut congédier C, lui signifier son congé, ainsi surgit, s'impose le Signifié.
C'est en se fiant à P, au signe fiant de P, qu'on va estourbir C. Et voilà que, au détour de notre discours s'immisce le sigifiant.
Car alors… (prendre une voix forte… marque un temps… regarder les gens), car alors, si on ne croit pas au chaos de notre langage, car belle marquise mourir vos beaux yeux d'amour, on est bien obligé de poser ce qui s'impose :

P, signifiant
-----------------
C, signifié.

Et comme Signifié et Signifiant sont les puissances qui s'opposent, qui s'exposent, donc, nous avons l'équation :

P avec signifiant (en exposant)
----------------------------------------- = Lutte des Classes
C avec signifié (en exposant)

Ce n'est pas rien, ce cheminement, çà en dit long, et large.

Lutte Des Classes, autrement dit : (lever la tête, sourire niaisement, se gratter une couille), autrement dit LDC.
Et LDC, c'est, de qui l'a lu chaque mois, brillant. Car "ça" brille, "Moi" je vous le dis, et je le prends "SurMoi" de vous l'affirmer.
Ça brille, "Hello, le soleil brille-brille-brille !", Hello, en abrégé : LO.
Donc, P/C, c'est P (signifiant)/C (Signifié) = LDC, ==> LO*.
* wolf a effecté d'autres calculs, et il a trouvé "CPS" (retrouvant ainsi "C", "P" mais en introduisant la constante "S", ce qui ne nous semble pas vraiment démontré)
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Message par Cyrano » 21 Jan 2005, 11:48

Sur la cas Lacan le con... ou pas le con le Lacan?

a écrit :Ecrit par : iko  le vendredi 21 janvier 2005 à 09:33
Une grande partie de l’intelligentsia intellectuelle participait à ses séminaires. Il s’adressait donc à un public qui pouvait suivre des termes de philosophie compliqués [...].
Parfois, j’arrive à suivre, parfois, ça me dépasse. Mais souvent, je suis incapable de vérifier la valeur philosophique ou mathématique de ce qu’il raconte, mais en revanche ça me parle, ça me permet de comprendre ce dont il veut parler.


Michel Foucault parle des conférences de Lacan :
«Il est pratiquement impossible de se retrouver dans ce langage ésotérique. Il faudrait avoir tout lu pour saisir toutes les allusions de Lacan. Personne ne comprend. Mais tout le monde se sent concerné et c'est cela qui est fort. A un moment donné, chacun des auditeurs a le sentiment d'avoir compris et d'être le seul.»
(Michel Foucault, dans "Le Nouvel Observateur", 1975 – (repris en 1993, dans le Nro spécial : "Faut-il brûler Lacan ?")

Une opinion sur le fameux gros bouquin, "Ecrits" de Lacan, par un type qui le fréquentait (donc, pourtant...) :
«Vous avez certainement reçu, vous aussi, le gros livre de Lacan ("Ecrits"). Pour ma part, je ne parviens pas pour l'instant à lire quoi que ce soit dans ce texte manifestement baroque. Je vous envoie ci-joint une lettre de lacan. Il me semble que le psychiatre a besoin d'un psychiatre.» (Lettres de Martin Heidegger à Medard Boss, 1966, citées par Elisabeth Rodinesco.)

Claude Lévi-Strauss, une "élite"… écrivait :
«Ces travaux, il faudrait les comprendre. Et j'ai toujours eu l'impression que pour ses fervents auditeurs "comprendre" ne voulait pas dire la même chose que pour moi. Il m'aurait fallu cinq ou six lectures. Nous en parlions parfois, Merleau-Ponty et moi, en concluant que le temps nous manquait.» (Claude Lévi-Strauss, Didier Eribon, "De près ou de loin", ed. Odile Jacob, 1988)

Rapprocher ces jugements de la façon dont iko nous parle de sa "compréhension" de Lacan…
En fait, iko comprend Lacan, comme n'importe quel individu, même un plouc incapable de «suivre des termes de philosophie compliqués» :
On comprend, lorsque, après un flot de formules abstruses, lorsque Lacan délivre un aphorisme dont il était friand, et qu'on comprend son aphorisme, et qu'alors, on croit avoir compris le délire surréaliste qui précède… C'est subtil...
Lacan lui-même :
« Si vous croyez avoir compris, vous avez sûrement tort. »

Tiens, ça me fait penser:
Lacan n'a jamais rien écrit sur les personnes qu'il a analysées?.... Non, jamais! C'est presque un "symptôme"... Ça ne devait pas bien l'intéresser... Il préférait un discours surréaliste, intraduisible, sans rapport avec sa pratique (d'ailleurs? quelle pratique?!).

Cyrano
 
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