a écrit :
«Le secret médical est excessif. Dans le dossier de Romain Dupuy, en 2003, il était écrit noir sur blanc qu'il avait des pulsions de décapitation. Dans un cas comme celui-là, après le double homicide, les médecins devraient avoir la possibilité, voire l'obligation, de fournir des éléments à la justice. C'est inadmissible et irresponsable de jouer avec la vie des autres. Le secret médical n'a alors aucun intérêt pour personne.»
Voilà le drame de la psychiatrie. Sa place en interface permanente entre le médical, le social et le judiciaire.
Il y a d’un côté la sémiologie de la souffrance mentale. On note des symptômes (signes que le corps médical relève comme pathologique, par exemple des hallucinations auditive) que l’on peut regrouper en syndromes (dans le cas des hallucinations comment elle rentrent dans un délire particulier, car il y a plusieurs sorte de délires qui s’accompagnent d’hallucinations) et une constellation de syndromes et symptômes qui orientent vers un diagnostic.
Mais on peut aussi garder cette démarche diagnostique pour rendre compte de ce qu’il se passe dans le champ social ou institutionnel. Par exemple, le drame de Pau est un symptôme social. Ce qui est vrai au niveau du social l’est encore plus au niveau institutionnel local. Par exemple, une épidémie de violence ou de tentatives de suicides est un symptôme institutionnel, à la condition qu’on le retienne comme tel. Le nombre d’arrêt de travail en est aussi un.
Ainsi, on peut dire que chaque société ou chaque collectif a les symptômes qu’elle (ou qu’il) mérite. Et à avoir voulu négliger le problème de la folie au long court, nous assistons à un retour de cette dernière sous forme de violence qui fait effraction dans l’actualité de notre pays. Deux meurtres à Pau et un assassinat dans le métro parisien en quelques jours.
Les thérapeutes institutionnels ont nommé ce fait par un terme :
la pathoplastie .
Le problème devient alors la réponse à ces symptômes. Et si on répond de manière binaire à un symptôme sans étudier sa sousjacence, on risque de rentrer dans l’escalade de la répression qui ne fera qu’augmenter les réponses symptomatiques.
En tant que marxistes nous connaissons ce problème. Par exemple, la délinquance est liée au chômage. Envoyer des flics dans ce contexte est criminel.
Alors, il faut demander la réouverture des lits psychiatriques, la réouverture des écoles d’infirmiers psychiatriques et l’augmentation des places à l’internat de médecine pour la psychiatrie !
Il faut surtout demander la fin du cloisonnement lit d’aigus et lits de chroniques ou poly-handicapés ! Cette séparation date de dix-quinze ans et est criminelle même si elle s’est faite avec l’accord tacite de l’immense majorité des psychiatres.
Par exemple, le secteur dont parlait l’article de Télérama que je vous ai mis sur le fil hier. C’est une équipe qui fait vraiment du bon travail. Mais la personne qui a écrit l’article oublie de dire quand il fait le tour des unités du secteur intra et extrahospitalières que une (peut-être deux, je ne me souviens plus) unité(s) de chroniques sont restés dans l’ancien hôpital psychiatrique à 40 km de Reins !
C’est là-dessus qu’il faudra revenir, autant dans le fil schizophrénie que dans le fil psychiatrie !
Mais surtout refusons le rôle de flic que les pouvoirs publics veulent faire jouer à la psychiatrie tout en la détruisant.
On ne va quand même pas commencer à enfermer les schizophrènes dont on soupçonne une violence qu’ils n’ont pas encore commise !