la schizophrenie

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par shadoko » 14 Fév 2005, 22:30

Wapi, arrête de botter en touche encore une fois. C'est impressionnant: tu pourrais juste tenter de répondre à mes questions de fond, plutôt que de répondre à la seule qui n'en était pas vraiment une?

Moi aussi, je peux sortir des banalités. Il s'agit d'hommes, pas de cancrelats ou d'ordinateurs. On a compris. Mais je ne vois toujours pas pourquoi, s'il s'agit d'hommes, on ne doit pas tenter de comprendre et de mesurer si ce qu'on fait est efficace ou pas. Sinon, explique-moi la différence avec l'homéopathie (et ce n'est pas une provocation, c'est une vraie question). Là aussi, on pourrait dire: c'est une science humaine, c'est pas pour des ordinateurs, il s'agit d'humains, pas de coccinelles, etc... mais on aimerait une réponse.

a écrit :
Toujours sur l'évaluation, quid de la nouvelle sociologie "scientifique" alors ? La reprends-tu à ton compte ?

Je ne sais même pas ce que c'est.

a écrit :
Et pourquoi malgré toutes ces belles études on persiste à penser que la classe ouvrière n'est pas soluble dans le "secteur primaire ou "secondaire" ou "tertiaire ?"

Tu veux vraiment que je réponde à ça? Je vais le faire. Le secteur primaire, secondaire et tertiaire, c'est une classification qui n'est pas totalement bidon. Elle est parfois adaptée pour la compréhension de la répartition des forces de production d'un pays. Evidemment, même pour ça, elle a ses limites, et il faut bien regarder quand on l'utilise. Ça n'empêche pas que la classe ouvrière peut se trouver dans ces trois secteurs, et que l'amalgame que font consciement certains entre la part grossissante du secteur tertiaire et la disparition de la classe ouvrière n'est ni justifié, ni désintéressé. Mais pour continuer sur un parallèle, quand on conteste "la disparition de la classe ouvrière", on le fait souvent sur la base des chiffres de l'INSEE elle-même. Parce que justement, les rigolos qui nous affirment qu'elle disparaît pas ne sont pas très rigoureux dans les chiffres qu'ils choisissent et dans l'interprétation qu'ils leur donnent. Mais on ne va pas traiter l'INSEE de ramassis de bureaucrates qu'on remplacerait par des comités révolutionnaires d'ouvriers en cas de révolution.

Cela dit, l'INSEE ou l'INSERM ne sont pas infaillibles non plus, et ses rapports se discutent. Mais comme tu le fais, ça n'avance pas des masses.
shadoko
 
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Message par shadoko » 14 Fév 2005, 22:33

Quidam:
a écrit :
Mais revenons au rapport de l'INSERM que vous avez raison de ne pas enterré. Je n'ai pas lu que vous partagiez sa prudence, explicite dans le rapport lui-même, sur les difficultés de l'évaluation.
Qu'est-ce qu'on mesure ? Comment on le mesure ? Si les questions sont simples les réponses méthodologiques le sont moins. Et ces limites sont reconnues par les rédacteurs du rapport eux-même. Ces scientifiques font confiance au lecteur pour faire des conclusions un usage honnête en tenant compte du poids d'incertitude métholologique.

Tu pourrais développer, au lieu de poser des questions dont tu sembles connaître en partie les réponses? :smile:
shadoko
 
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Message par logan » 14 Fév 2005, 22:54

(wapi a écrit :Je refuse de penser le psychisme humain par analogie avec l'informatique comme le font les cognitivistes. (Au passage, c'est pas tout neuf cette discussion dans l'histoire des idées...)

Les sciences de l'homme n'ont rien à voir de ce point de vue avec les sciences de la matière, et toute la médecine est encore une science humaine malgré les progrès de la science, et la psychiatrie encore plus, et on peut parier qu'elles le resteront encore bien longtemps...


J'avoue ne pas comprendre ce passage.

TOUTE la médecine n'aurait rien à voir avec les sciences de la matière mais avec les sciences humaines?
Donc la pose d'un pacemaker ne relève pas de l'étude matérielle du coeur mais des sciences humaines ? :wacko:

Et cela est valable également pour le cerveau. Sauf à rejeter la médecine, le matérialisme et le marxisme à la fois, le cerveau est une matière organisée.

Cela ne veut d'ailleurs pas dire que l'environnement ne joue aucun role dans les transformations organiques du cerveau. Mais cela veut dire que, oui, la connaissance des mécanismes psychiques relève en grande partie de l'étude matérielle du cerveau.
logan
 
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Message par iko » 15 Fév 2005, 02:27

Shadoko lundi 14 février à 15h
a écrit :
J'ai quelques questions.

Canardos affirme (qu'on m'arrête si je déforme)

1. La schizophrénie est d'origine organique, et par cela il faut entendre non pas que le fonctionnement du cerveau d'un schizophrène est matériel (cela, on s'en serait douté), mais plutôt que les aspects anormaux qu'on constate chez un schizophrène en examinant son cerveau ne font pas partie des caractéristiques du cerveau qui peuvent évoluer par l'interaction du patient avec son milieu extérieur (au contraire, les connexions neuronales le peuvent, elles, par exemple).

2. Du coup, les psychanalystes n'ont aucune chance de "guérir" le schizophrène (guérir= supprimer sa schizophrénie).

3. Cela n'empêche pas que, si on ne peut pas le guérir tout de suite, le schizophrène a besoin en attendant d'un suivi pour supporter sa maladie, pour pouvoir évoluer le mieux possible dans son environnement social.

En face, Iko, tu n'est pas d'accord. Mais je ne comprends pas bien ta position. Tu n'est pas d'accord avec le point 1? avec le point 2 (qui me semble être une conséquence assez directe du point 1, à moins que ce soit ça que tu contestes)? Ou alors, tu es d'accord avec 1 et 2, et tu penses que 3 est du ressort de la psychanalyse? Peux-tu m'éclairer? Et si tu contestes 1 (et donc 2), peux-tu dire précisément ce que tu trouves à redire aux articles postés par canardos? Ce sont les faits qui sont faux, pour toi (bidonnés)? Ou alors ce sont les interprétations qui sont fumeuses (dans ce cas, pourquoi)?

Enfin, vu que tu n'as jamais répondu directement à ces questions jusque-là, j'imagine une dernière possibilité, tu penses: "je ne connais rien à ces nouvelles techniques, mais je sais que les psychanalystes "soignent" des schizophrènes, alors j'en déduis que leurs méthodes ne sont pas bidons". Si tu penses comme ça, peux-tu apporter des exemples, ou quelque chose qui corrobore cette affirmation, parce que c'est évidement en contradiction avec ce que dit canardos, et j'aimerais alors bien comprendre où ça cloche et chez qui.

Bien compliqué de répondre à ces questions un peu trop succinctes.

1) je refuse ce raccourci : l’origine organique. On constate des anomalies, et du coup, « elles ne font pas partie des caractéristiques du cerveau qui peuvent évoluer par l'interaction du patient avec son milieu extérieur ». Qu’est-ce que cela veut dire ?
Ce qui est intéressant dans les nouvelles découvertes neurobiologiques, c’est qu’à défaut de démontrer que la psychanalyse ne peut rien pour ces maladies, elle viennent confirmer ce que les analystes affirment depuis qu’ils se sont intéressés aux psychoses : la structure de personnalité du futur schizophrène se fixe dans les six premiers mois. Et pour ceux qui ont lu le texte en anglais que nous a mis Canardos, ce fait est confirmé.

Mais il n’en reste pas moins qu’aucune étude sérieuse ne parle de plus de 50% de schizophrénie retrouvées chez deux jumeaux homozygotes séparés à la naissance.
Qu’est-ce qui fait les 50 autres%.
Et je persiste et signe que c’est le même problème pour l’autisme sauf que dans l’autisme il resterait 20% de facteur sur lesquels on pourrait agir.
Et je maintiens que rien n’est venu prouver jusqu’à présent que la fragilité génétique soit indispensable pour donner un futur schizophrène. Cela est également contenu dans les 50%. La question n’est pas fondamentale, mais je ne supporte pas qu’elle soit balancée aux orties comme cela, sans autre forme de réflexion, au nom du fait que cela recommencerait à culpabiliser mesquinement les parents ! (Je refuse, comme je l’ai dit lors de mon arrivée sur ce forum début janvier d’endosser les conneries d’analystes qui ont culpabilisé les parents)
Rappelez-vous les affiches de LO pendant la guerre du Golf : chaque plein d’essence aura un peu du sang du peuple irakien. Est-ce qu’on cherchait à « culpabiliser » la classe ouvrière de notre pays ?


2) que peuvent faire les psychanalystes ?

Premièrement, j’ai toujours dit sur ce forum qu’il faut être plusieurs pour s’occuper de schizophrènes. Donc il y a les psychanalystes, et la psychanalyse, qui est une méthode qui s’appuie sur la question du transfert. Est-ce que le transfert avec un névrosé est du même ordre que celui avec un psychotique, un schizophrène plus particulièrement vu que c’est le sujet du fil ? Et bien non. Mais il faudrait définir ce qu’est le transfert et comment il apparaît dans le suivi des schizophrènes.

Pour les psychanalystes, la cassure structurale des schizophrènes les fait régresser à un stade qui précède le stade dit « du miroir » où l’enfant se reconnaît dans un moi unifié. C’est pourquoi la décompensation schizophrénique se fera par l’éclatement de l’image du corps ; nombreux patients commencent leur écroulement schizophrénique en se regardant des heures dans la glace, et pas pour s’admirer comme narcisse. La schizophrénie, est plutôt du côté de la métamorphose de Kafka.

Deuxièmement : Un schizophrène présente des symptômes primaires, et des symptômes secondaires, si on garde la description qu’en a fait Bleuler et non pas l’affadissement des nosographies reposant sur des listes de symptômes et où il faut en avoir au moins deux dans la liste 1, trois dans l’autre pour rentrer dans le diagnostic. Il faut quand même avoir en mémoire qu’en 1980, aux USA, quand ils ont commencé la série des DSM, le diagnostic de schizophrène se posait pour toute personne qui avait déliré durant plus de trois mois ! Avec ça, on ne peut pas aller bien loin.

Donc, pour reprendre Bleuler, je vous mets un passage d’un article passionnant mais un peu trop compliqué pour le mettre en entier sur le fil, tiré d’une encyclopédie de psychanalyse :
Danielle Roulot, Extrait de : L’apport freudien, « Élément pour une Encyclopédie de la psychanalyse »
a écrit :
« Je nomme la démence précoce “schizophrénie” parce que, comme j’espère le démontrer, la dislocation (Spaltung) des diverses fonctions psychiques est un de ses caractères les plus importants. Pour la commodité, j’emploie le mot au singulier bien que le groupe comprenne vraisemblablement plusieurs maladies. » C’est en 1911, et dans le cadre de l’Encyclopédie psychiatrique d’Aschaffenburg, que Bleuler rompt ainsi avec l’ambiance psychiatrique de son époque. Alors que Kraepelin considère les psychoses comme des « entités morbides qui doivent être étudiés comme des ensembles homogènes, depuis leur début jusqu’à leur terminaison » – ce qui permet donc de prévoir « l’évolution obligatoire des symptômes » –, Bleuler privilégie non la forme, mais le contenu de l’affection.
De 1886 à 1898, Bleuler a dirigé le grand hôpital psychiatrique de la Rheinau, ancien monastère situé sur les bords du Rhin. Il y connaît personnellement chacun de ses patients : « Sans cette expérience de vie communautaire avec ses malades, il n’aurait jamais pu concevoir sa grande œuvre sur la schizophrénie » (C. Müller). Dans la préface de son ouvrage Dementia Praecox oder Gruppe des Schizophrenien, Bleuler souligne ce qu’il doit à la pensée psychanalytique de Freud, mais aussi en quoi il s’en démarque. E. Minkowski situe ainsi le point de rupture : « Les complexes déterminent, pour Bleuler, le contenu des symptômes, expliquent certaines réactions particulières du malade, mais ne constituent pas pour lui la cause efficiente de la schizophrénie [...] Les complexes remplissent le vide creusé par le trouble initial, mais sont incapables de le creuser à eux seuls. »
Démence précoce ou schizophrénie
À la base des symptômes de la schizophrénie (comme lui-même, nous utiliserons par commodité le terme au singulier), Bleuler postule un « x », un « processus morbide », généralement entendu comme processus organique dont l’étiologie est laissée indéterminée, mais pour lequel cependant « l’hypothèse d’un processus physique n’est pas absolument nécessaire ». Ce « x », ce processus, produit des « symptômes primaires » (ou physiogènes), lesquels sont donc l’expression directe du processus, à l’inverse des « symptômes secondaires » qui ne sont que des réactions, des « modifications » de fonctions psychiques, voire des « tentatives d’adaptation » de la personnalité aux effets des symptômes primaires ; mais si les symptômes secondaires ne constituent que des « superstructures psychiques », ils se présentent souvent comme « les symptômes morbides les plus frappants », qui sont donc pourtant les plus susceptibles d’être influencés par l’entourage, les conditions de vie… et l’attitude du médecin.
Cette distinction symptômes primaires-symptômes secondaires, qui sera reprise par nombre de psychiatres phénoménologues, n’est pas un simple cadre sémiologique. Elle constitue, en effet, le fondement de la notion de « guérison sociale » grâce à laquelle Bleuler pose les premiers jalons d’un « travail de secteur » avant la lettre : dispensaire, essais de « sorties précoces », placements familiaux, etc. ; en même temps, l’idée de « curabilité » que porte en elle la notion de schizophrénie – alors que les « déments précoces » étaient avant tout des déments – vient changer la vie à l’intérieur même de l’hôpital : introduction de l’ergothérapie, de la psychothérapie, travail du « contre-transfert » du personnel…
Si la distinction entre symptômes primaires et symptômes secondaires appartient en fait à une « théorie de la maladie », Bleuler, à travers la variation des tableaux cliniques et le foisonnement des symptômes relevant de la schizophrénie, introduit une autre distinction, cette fois à visée nosographique : la distinction entre symptômes fondamentaux et symptômes accessoires. Les premiers sont caractéristiques de la maladie, les seconds peuvent être retrouvés dans d’autres affections.
La tentative de cerner des « signes fondamentaux » ou, mieux, un « trouble fondamental » (tantôt compris comme pathognomonique, tantôt comme « trouble générateur » dont dériverait l’ensemble des autres symptômes) a constitué un défi pour bien d’autres psychiatres, en particulier phénoménologues, à la suite de Bleuler. La difficulté vient alors de ce que nous nous trouvons devant une série impressionnante de « troubles fondamentaux », chacun attaché au nom de son « inventeur » : perte du contact vital avec la réalité (Minkowski), hypotonie de la conscience (Berze), humeur fondamentale ou « engourdissement » (« Bennomenheit », de J. Wyrsch), altération des relations entre le Moi et « l’attitude interne » (Zutt).



La question n’est donc pour personne de « guérir » les schizophrènes, mais de faire en sorte qu’ils ne soient pas envahis par les symptômes secondaires, réactionnels au milieu. Et le délire, quoique veuillent bien dire les positivistes, n’est pas une déficience organique, mais un mode de reconstruction du monde. On peut agir dessus par les neuroleptiques, mais rarement le faire disparaître entièrement. Il fait partie des symptômes secondaires.

En revanche, on peut mettre en place un milieu thérapeutique le moins aliéné possible pour permettre de diminuer, voir d’abraser le maximum de symptômes secondaires.

Et c’est dans cette tâche que les deux jambes de la psychothérapie institutionnelle sont des éléments fondamentaux.

Je laisse de côté pour le moment ce que l’on nomme la jambe marxiste.

Mais la jambe analytique a de multiples facettes :

- Il faut suivre les patients, et avoir un minimum d’outil théorique pour ne pas écraser la fragilité des « greffes de transfert » qu’on essaye de mettre en place. Cela s’apprend par l’expérience. Il faut que dans le champ institutionnel, le schizophrène ait un thérapeute à qui il pourra livrer ce qu’il ressent de plus intime, même si c’est souvent à la femme de service que les confidences peuvent se faire. Mais il faut alors que la femme de ménage puisse avoir le droit d’assister aux réunions cliniques pour dire ce qu’elle a recueilli, et ainsi se sentir moins seule dans la prise en charge. Il faut surtout, souvent, avoir une théorie pour supporter la pauvreté du matériel qui est confié dans les cures… Et ne pas laisser tomber le patient…

- Il faut que l’équipe soit formée à comprendre ce qui vient des patients dans ce que chacun ressent. Il faut surtout un outil pour analyser le « contre transfert » (ce que ressent celui qui est censé être dans la position de thérapeute dans la relation transférentielle), surtout quand il devient négatif ; en d’autre terme, quand on ne supporte plus tel ou tel patient, on doit essayer de comprendre ce qu’il vient toucher chez soi pour que cela fasse si mal au point qu’on préférerai l’envoyer ailleurs. Et comme les résistances du thérapeute sont autant inconscientes que conscientes, il faut mettre en place des outils collectifs pour que chacun puisse travailler au mieux ses résistances conscientes et inconscientes.

- Il faut aussi que le groupe soignant lui-même (mais qui peut aussi être le groupe soignant et la famille), s’habitue à « interpréter » les dissensions qui surviennent en son sein comme pouvant être le résultat du clivage interne d’un patient.
Il y a même des expériences que vous allez considérer comme totalement loufoques, mais qui se font régulièrement dans les équipes un peu désaliénées de la merde ambiante que notre société sécrète. Un schizophrène va mal, même très mal et personne ne comprend ni pourquoi, ni ne sait quoi faire. On essaye alors de réunir les différentes personnes qui s’occupent de lui, et elles se causent, même pas forcément du patient…. Et bien, cela peut souvent avoir un effet bien plus fulgurant sur la clinique du patient que l’augmentation des neuroleptiques ou la mise en chambre d’isolement…

Voilà quelques exemples quotidiens qui montrent en quoi la psychanalyse est fondamentale pour s’occuper des schizophrènes.

la suite la prochaine fois… où l’on devra reparler de la cause et l’origine, l’œuf ou la poule… et de bien d’autres choses…
iko
 
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Message par iko » 15 Fév 2005, 10:27

je n'ai pas dit qu'il y a 20% de facteur psychiques.
je ne parle même pas et surtout pas de "causes".
je dis qu'il y a de la psychogénèse (pas de la cause psychique, vois-tu la différence ?) et que le déraillement se fait dans ce contexte...

mais nous en discuterons plus tard.
iko
 
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Message par shadoko » 15 Fév 2005, 10:35

Iko:

Je viens de lire ton long message, je comprends un peu mieux ce que tu penses. J'y réfléchis.

Par contre:
a écrit :
je dis qu'il y a de la psychogénèse (pas de la cause psychique, vois-tu la différence ?)

Moi, en tout cas, je ne la vois pas.

a écrit :
je ne parle même pas et surtout pas de "causes".

Pourquoi pas?

a écrit :
et que le déraillement se fait dans ce contexte...

Bon, dans ce cas, pourrais-tu donner une explication rapide des termes suivants (qui mette bien en valeur les différences), pour toi:
-cause
-origine
-psychogénèse

Ça simplifierait la compréhension, peut-être.
shadoko
 
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Message par iko » 15 Fév 2005, 15:13

quotes tiré de l'avant dernier message de Canardos ce jour
a écrit :si un autre facteur psychique, celui la, jouait pour l'apparition de la maladie, il serait facile d'en mettre en évidence les causes en étudiant les familles des schizophrenes et en voyant si la probabilté de schizophrenie est augmentée dans tel ou tel contexte familial....

mais actuellement toutes les études confirment que c'est la combinaison de facteurs de fragilité génétique et de facteurs neurodeveloppementaux intervenant à un age précoce de la vie qui entraine l'apparition de la schizophrenie à l'adolescence....


Mais ce sont tes potes qui, lorsqu’ils voient des facteurs familiaux, décident de les ranger dans la case génétique et rien d’autre. On rencontre par exemple souvent des pères ou mères psychotiques ou pré-psychotiques. C’est génétique ou ont-ils eu eux même, de par leur fragilité structurale, instauré un lien mal foutu à la naissance de leur enfant ?

Rien n’interdit de dire qu’il y a de l’héréditaire (en opposition à génétique), c’est-à-dire tout un faisceau de circonstances qui fait qu’une schizophrénie va apparaître. Mais tous tes potes « scientifiques » sont comme toi depuis une vingtaine d’années : ils refusent de prendre en compte la psychogenèse ; alors ce ne sera pas d’eux que cette question restera ouverte, alors qu’elle doit rester ouverte.
Par exemple, mars - avril, période des infections néonatales… ce sont des études faites à posteriori, sur des milliers de schizophrènes ; et le pourcentage est très faible même s’il est significatif du point de vue épidémiologique, quoique à la limite (je n’ai plus les chiffres exacts). Mais ce sont aussi les mois de dépression. Alors, virus ou dépression maternelle ou paternelle ? Eux, ils on tranché, comme toi, avant même de discuter, car ils veulent faire la peau, comme toi, aux psychanalystes qui auraient culpabilisé les parents… (Tu veux que je te fasse la liste des marxistes qui ont culpabilisé la classe ouvrière ? Alors arrêtons avec ça s’il te plait)


a écrit :et les délires sont bien une consequence d'une defectuosité du fonctionnement cerebral comme le montre par exemple l'action declenchante des cannabinoides....


Dans les années 50, même les professeurs de CHU prenaient toute sorte de substances toxiques pour essayer d’approcher le vécu du schizophrène. Mais il n’y a rien à faire, c’est pas pareil…
Alors je ne répondrai plus à cette question tant qu’on n’aura pas avancé dans le sujet épineux du suivi pendant 20 ans d’un schizophrène.
Rien ne te fera changer d’avis, et moi non plus. Je pense que les lecteurs plus ouverts pourront se faire une idée transitoire… arrêtons de nous répéter !


a écrit :mais il faudrait prouver que pour soigner cette souffrance dans les relations avec l'exterieur qu'entraine la maladie la mathode psychanalytique est efficace....deja du fait qu'elle pretend aider le schizophrene à découvrir les facteurs psychiques qui l'ont déclenché, elle ne part pas sur un bon pied et me parait rajouter un facteur de souffrance supplémentaire.....


Tu ne sais pas de quoi tu parles, alors arrête de dire n’importe quoi sur la méthode analytique. Je l’ai déjà écrit sur ce fil. J’appelle ça psychanalyse de prisunic : « j’aime les bondes parce que ma mère était brune… »

Le travail analytique n’est pas fait pour trouver la cause de ses troubles mais pour se mettre un peu plus au clair avec ses origines. C’est même ce qui faisait dire à Lacan (un de vos chevaux de bataille ridicule et malhonnête avec Rojo) que toute cette histoire est une vaste fumisterie… après-coup ! il fallait faire le chemin pour pouvoir dire que c’était une fumisterie…
On entre en analyse en en voulant à Papa qui ne m’a jamais compris, maman qui m’empêchait de vivre… pour au bout du compte s’apercevoir que la question n’est plus là, qu’on n’a changé ni papa, ni maman, mais que maintenant ou s’en fout…

Pour les schizophrènes, c’est plus compliqué, mais si vous voulez je pourrais vous passer des cas cliniques où, en cours d’analyse, un délire a été résolu et disparaît, après avoir été retravaillé par rapport à l’histoire familiale. Mais vous allez encore dire que c’est de l’escroquerie et que les cas sont pipotés ! En plus il faut des notions analytiques qui ne peuvent être intégrées en deux pages.

J’espère que shadoko a un peu mieux compris la différence entre cause et origine…

Et la psychogenèse, c’est la différence avec Piaget qui a décrit des stades que tous les enfants traversent. Ce n’est pas que c’est nul, Piaget. Mais devant un sujet, on s’en fout un peu s’il a suivi ou non les stades précis, en avance ou en retard. L’important c’est qu’il les a vécu avec sa propre subjectivité en construction et celle de ses proches, les fantasmes inconscients de ses proches, et qu’il en ressort une certaine psychogenèse qui fait que pas un individu sur terre n’est semblable à un autre. Et sur cette psychogenèse, on pourra dire que tel délire, pourtant semblable à celui du voisin, n’aura pas la même fonction dans l’histoire du sujet… Et qu’au milieu de tout ça, parfois, il y a des ratés.

Pour vous énerver avant d’arrêter pour la journée : Les analystes maintiennent qu’il faut trois générations pour faire un psychotique ! Et entre nous, cette seule affirmation déculpabilise les parents car ils ne sont eux-mêmes pas responsable de ce qui se transmet à leur insu de la génération antérieure… Mais s’il vous plait, c’était juste une info, je n’ai pas envie de discuter de ça, ce serait stérile dans notre débat, au niveau où il en est.

iko
 
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Message par Wapi » 15 Fév 2005, 15:21

Une précision pour Logan un peu en dehors du sujet principal de ce fil... mais pas tant que cela.

Je n'ai pas le temps de bien développer maintenant sur la médecine, sauf pour rappeler que c'est une pratique, avant que d'être une science (ou en même temps si tu préfères). Et même si au fil du temps, elle est devenue de plus en plus scientifique grâce aux progrès de la recherche, elle ne s'y résume pas pour autant intégralement.

C'est cette question, fondamentale en psychiatrie, de la relation médecin-malade qu'on ne peut évacuer, et que le concept du "transfert", central en psychanalyse, permet d'aborder. Tu trouveras un long article de Tosquelles à ce sujet dans le fil "conscient-inconscient" je crois.

Je remets juste un petit bout de l'article tiré du fil "la pédagogie cognitiviste", qui développe quand même un peu. A l'auteur d'un livre qui prétendait constituer une "science de l'éducation", les rédacteurs de l'article, faisant un parallèle avec la médecine, répondaient ceci :

a écrit :À cet égard, contrairement à ce qu’affirme l’auteur en s’y référant tel un
modèle idéal, la médecine n’est pas une science, mais une activité professionnelle
qui incorpore bien sûr certaines connaissances scientifiques mais aussi bien
d’autres types de connaissances ou de savoirs: sens commun, culture, normes,
valeurs, art, expérience, etc. (Freidson, 1986; Schön, 1983). Il suffit, par exemple,
de penser aux questions actuellement si controversées du “suicide assisté,”
de “l’avortement,” de la “surconsommation des médicaments,” de “la distribution
et de l’utilisation des ressources financières” dans le monde médical, pour saisir
que la pratique professionnelle des médecins est traversée, structurée et déterminée par des questions, des problèmes, des enjeux qui ne sont pas du ressort des sciences à la base de la médecine. La biologie, la chimie, la génétique ne nous diront jamais s’il faut interrompre un traitement, pratiquer un avortement,
etc. Ainsi la pratique professionnelle des médecins est continuellement confrontée
à ces questions que les praticiens doivent résoudre sans l’aide des sciences.
Jamous et Peloille (1970), en étudiant l’évolution de la profession médicale en
France, ont montré que cette profession, comme toute profession, se caractérise
par un haut degré d’indétermination dans l’exercice du jugement professionnel.
La part de la rationalité strictement scientifique et technique intervenant dans la
profession médicale n’est pas déterminée d’avance par la science médicale; au
contraire, à la différence d’un métier ou d’une technique, où toutes les opérations
peuvent être prévues d’avance et soumises à un contrôle quasi total, la profession
médicale fait constamment appel à des formes de jugement requérant une grande
autonomie chez les praticiens: tout n’est pas prévu d’avance, les situations concrètes font souvent appel à des critères de jugement non techniques.


Peut-être vaut-il mieux ne pas répondre ici même pour ne pas trop dévier du propos sur "la schizophrénie". Tu peux, si tu veux, ouvrir un autre fil sur "la médecine est-elle une science ?" si tu as envie de poursuivre sur ce sujet (j'espère que je me suis bien fait comprendre : la médecine comme pratique thérapeutique concrète et non comme "idée").
Wapi
 
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