Psy-X,Y,Z...

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par j1v3 » 06 Mars 2005, 23:01

Marrante cette remarque su les cors au pieds, c'est du vécu ça !

Sur le transfert, et la psychanalyse auprès de psychotiques une contribution interressante de Jean Oury :

a écrit :libre circulation
Alors, a priori, une sorte de décision, c'est de penser que chez ce genre de personnes, comme chez tout un chacun - ceux que Lacan appelle des "parlêtres"- il y a du désir. Non pas le désir dont on parle depuis quelques dizaines d'années, ce que j'appelle le désir de pacotille des nouveaux philosophes, mais le désir inconscient au sens de Freud, réarticulé de façon extraordinaire par Lacan. Il y a du désir même au niveau des personnes prétendues les plus débiles, même chez celles qui ont un QI de 30, les idiots, les crétins. [B]Il y a du désir, et c'est ça qui est en question : c'est une décision éthique, peut-on dire.|/B] Or, s'il y a du désir, il y a une dimension, si minime soit-elle -ça peut faire sourire certains- une dimension analytique, psychanalytique, au sens de Freud. Cela ne veut pas dire que l'on va mener des cures -de toutes manières, des cures typiques, il n’y en n'a pas tellement- mais en fin de compte, il y a là une dimension de réflexion qui doit tenir compte du désir inconscient. Et Si l'on tient compte du désir inconscient, on met en question ce concept fondamental, qui a été articulé par Lacan depuis bien longtemps, le concept de transfert. Il y a du transfert. Mais simplement de dire, même au niveau des mots "il y a du transfert", on sait bien ce que cela veut dire. Le transfert, étymologiquement, cela correspond à ce que Freud appelait -mais c'est le même mot-"Ubertragung", ou encore le nom que portent les autobus à Athènes, les Nmétaphoresn, c'est-à-dire porteurs et transportés Or, il y a du transfert, et cela dès les origines, avant même que Freud ne soit arrivé à conceptualiser d'une façon très précise le mot "transfert". Le transfert, c'était en rapport avec un mouvement, une sorte de déplacement, d'investissement même sur le corps; ensuite, cela a pris d'autres dimensions. Or, il y a du mouvement : quand on dit transfert, on dit mouvement, on dit désir inconscient. Il est paradoxal de vouloir, non pas traiter, mais enfin rendre la vie un peu moins misérable chez certaines personnes, sans tenir compte que ce sont des "parlêtres", c'est-à-dire que ce ne sont pas des animaux. Je ne veux pas dire du mal des animaux, j'aime beaucoup les animaux, à quatre pattes, les chats, les chiens... mais il n'y a pas de parole chez eux. Quand un chat me parlera, je dirai qu'il y a peut-être du transfert par là, mais autrement, il n'y en a pas, c'est tout-à-fait une autre "dignité".


Donc si il y'a du désir, il y'a transfert... ca n'enlève rien aux causes neurologiques de la psychose mais ca explique un peu comment on peut travailler avec ces personnes.
j1v3
 
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Message par j1v3 » 06 Mars 2005, 23:06

va savoir mon canard
j1v3
 
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Message par j1v3 » 07 Mars 2005, 18:19

Disons qu'il me semble qu'un des arguments développé contre les techniques psycho-dynamiques auprès des patients n'étant pas dans le langage verbal c'était que justement la psychanalyse passait nécessairement par la parole.

Ce texte apporte un élément de réponse sur ce point, élément de réponse émis par un éminent clinicien (donc quelqu'un qui est dans la pratique) de la psychothérapie institutionnelle.

Comme je le précisais plus haut ça n'enlève rien aux causes neuro-biologiques, mais c'est une modalité de compréhension pour ceux qui travaillent avec ces patients et pour ceux qui s'interressent au boulot qu'on peut mener avec ces patients.

De plus ce n'est qu'un extrait (j'ai pas voulu vous assomer avec 25 pages), l'intervention complète d'oury est disponible par le lien.
j1v3
 
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Message par Quidam » 07 Mars 2005, 20:48

Pour Canardos (et... pour moi parce que ça m'aide à réfléchir que de devoir écrire) je vais donner mon éclairage du texte d'Oury que J1V3 nous a gentiment mis sous les yeux.
Mais est-ce bien nécessaire ? Parce que Canardos a bien compris l'essentiel : le lien entre désir et transfert sauf qu'il sort ça de la situation de soin pour l'exporter vers la vie courante ce qui n'est pas notre sujet. Restons donc dans la pratique du soin. Et le soin aux patients psychotiques dans un cadre collectif.
Pour mesurer la portée révolutionnaire du propos il faut avoir en tête que la symptôme le plus difficile à traiter n'est pas l'agitation et la violence, mises en avant dans les représentations communes de la folie, mais au contraire le repli du patient sur lui même, autistique pourrait-on dire, dans son monde, en tout cas sans vraiment d'investissement dans la réalité partagée par son entourage. "Il se détache de nous", "il vit à l'envers de nous", il ne fout plus rien à l'école", "il a plus de copains", il n'ya plus que sa musique et le shit qui compte..." voilà comment les parents nous décrivent ce retrait. Oury nous propose de rompre avec l'évidence : il y a toujours du désir... Du coup il ouvre des possibilités de soin : Proposer un dispositif hétérogène par les gens qui le composent et les choses qui s'y passent pour que patient puisse y déposer un petit morceau de désir... (Rappelez vous Leo et la cuisine). D'où la nécessaire liberté de circulation rappelée dans le titre de l'article. Ce qui est révolutionnaire c'est la foi dans ce désir qui n'a rien d'évident, y compris pour les professionnels, et de s'en servir comme levier pour mettre en mouvement... Bon tout ça éclaire le lien entre la psychothérapie institutionnelle et l'humanisation des soins en psychiatrie. A parler de désir insconscient on est bien au plus intime de l'humain.
Quidam
 
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Message par Cyrano » 11 Mars 2005, 12:37

Le sous titre du fil, là, ici, où on lit, c'est :
Une théorie du développement de l'être humain est-elle possible ?
C'est la question généraliste.

Iko la posait, dès ses premières interventions sur le forum :
Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir une science de l'homme qui rend compte du fonctionnement mental des gens.
Moi idem, dans mes premiers messages sur le sujet :
L'espèce humaine, ce sont des hommes, des femmes, des individualités. Après le monde physique, après le déroulement de l'histoire, ne pourrait-on pas trouver des lois qui font l'histoire d'un individu ?
Harpo, faisant écho à cette question, écrivait :
Le matérialisme historique permet de comprendre l'histoire et d'agir sur celle-ci de façon consciente. Il manque son équivalent dans le domaine de l'individu.

Autant dire que il n'y a eu même pas un début de commencement de réponse à cette question par les détracteurs de toute théorie psychique de l'être humain. Car la réponse demande à sortir d'un préjugé qui obscurcit l'entendement jusqu'à ramener les détracteurs ce qui ressemble, hélas, à une attitude d'obscurantisme.

Il y a eu ici, dans les divers fils, assez de choses écrites, pour que se dise que les théories de Freud peuvent constituer (avec quelques retouches ?) la base de l'équivalent dans le domaine de l'individu, du matérialisme historique. Je parle des vraies choses écrites, je ne parle pas des choses bizarroïdes écrites sur des idées de Freud qui n'existent que dans l'imaginaire de la personne qui écrit.
Le début de débat dans le fil "entretien sur le materialisme scientifique" m'a donné envie de rappeler cette question généraliste dont il est question plus haut (sous les écritures différentes de Iko, Harpo et moi, l'idiot-bête).
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 11 Mars 2005, 12:41

Je reviens encore à la question du sous-titre : une théorie du développement de l'être humain est-elle possible ?

Dans le fil "Défense de la psychanalyse", j'avais cité Freud (dans une conférence à des étudiants, des carabins) qui parlait d'un «préjugé intellectuel» auquel se heurtait la conception d'une théorie du développement de l'être humain : une partie des processus psychiques «seraient en eux-mêmes inconscients».
Quoi ? On pourrait faire des choses à l'insu de notre plein gré ? Alors là, ça interpelle notre superbe à nous, êtres langagiers.

Le parallèle avec le marxisme et sa conception de l'histoire s'imposait presque de soi-même. Et on ne pouvait résister au plaisir de citer la célibrissime préface de Marx dans la "Contribution à la critique de l’économie politique" :«Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté.»
La parallèlisme avec Marx s'imposait sur un site où on peut espérer trouver des marxistes. J'avais tenté aussi de faire un paralléisme avec la méthode utilisée par Ernest Mandel pour expliquer la genèse de la société de classe et des catégories économiques.
J'écrivais :
«notre bon sens nous dit que nos actions ne sont pas "indépendantes de notre volonté". Diantre, c'est bien nous qui décidons de faire (dans un contexte donné), c'est pas un ange gardien qui décide à notre place. On fait c'qu'on peut, mon brave.»
Pourtant, oui, pourtant…

Et je reviens à l'article mis en ligne par Canardos, dans le fil : "entretien sur le materialisme scientifique".
On peut lire pratiquement les mêmes choses qu'on a déjà lues :
Nous avons «par l'introspection, la vive impression de pouvoir contrôler nos décisions, de pouvoir choisir de faire ceci plutôt que cela, dans un très grand nombre de cas du moins.»
Mais… «l'idée de libre arbitre n'est plus compatible avec une conception matérialiste de l'homme
Et là, ça bute…

De même que les idées de Darwin se sont heurtées aux préjugés, aux illusions sur notre superbe à nous, les idées de Freud se heurtent aux mêmes types de préjugés, aux mêmes zélés détracteurs qui ne peuvent arriver à cette idée insupportable : l'idée de libre arbitre n'est pas compatible avec une conception matérialiste de l'humain, y'a des choses que nous faisons qui sont hors de ce satané libre-arbite... Horreur, malheur...

Dans une conférence en 1904, le subtil Plékhanov parle de Bossuet. Le célèbre évêque maintenait plus ou moins le doigt de Dieu dans certains évènements historiques, mais… il sentait qu'il y avait des trames inconscientes de la volonté des protagonistes de l'histoire :
«Et comme, dans toutes les affaires, il y a ce qui les prépare, ce qui détermine à les entreprendre, et ce qui les fait réussir, la Vraie science de l'histoire est de remarquer dans chaque temps ces secrètes dispositions qui ont préparé les grands changements et les conjonctures importantes qui les ont fait arriver. »
Plekhanov résume la réflexion de l'évêque :
«Pour la plupart des cas et dans la marche ordinaire des choses, les changements qui ont lieu à une époque donnée ont leurs causes dans les époques précédentes. La tâche de la vraie science est d'étudier ces causes qui n'ont rien de surnaturel, puisqu'elles ne tiennent qu'à la nature des hommes et des nations
Oui, Bossuet approchait de la vraie question. Si ses préjugés lui créaient un effet horizon, il avait l'intelligence assez déliée pour aller vers la question qu'il ressentait. Et Léon, le type avec une barbichette, n'avait pas eu peur de trouver que la façon qu'avait Freud de poser le problème était intégrable par notre matérialisme (mais chacun sait que Léon n'était qu'un piètre matérialiste marxiste…).

Alors, plutôt que d'affirmer dogmatiquement, en brandissant une tablette d'argile : le marxisme est une science, monsieur ! eh bien, si on essayait de voir vraiment en quoi la question d'une théorie du psychisme est scandaleuse ? en quoi cette question est refusée dans les fils psy comme d'autres refusent le darwinisme ?
De quoi pourrait-on avoir peur ?
Cyrano
 
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Message par Wapi » 11 Mars 2005, 18:22

a écrit :le freudisme,une theorie qui refuse toute evaluation toute verification par principe, une theorie assenée par des gourous volontairement obscurs comme lacan and co...et qui considere les neurosciences, l'ethologie, la psychologie experimentale comme ses ennemis intimes....


Ah bon, tout ça ? Mais pour être ennemi, encore faut-il se situer sur le même terrain, ce qui n'est pas le cas, pour la x ième fois. C'est encore et toujours la question de la forme et du contenu... des pensées.

a écrit :j'avais paraphrasé Darwin dans le fil sur le créationnisme en disant qu'on ferait plus pour comprendre le psychisme humain en etudiant le babouin qu'en lisant Freud !


On verra bien à l'usage si les nouveautés qu'on découvre en suivant cette voie peuventt permettre un jour d'aider des gens en situation de grande détresse psychique ...

Et pourquoi, à ce compte là (je pose cette question en toute honnêteté), la lecture de Marx est elle indispensable pour comprendre le fonctionnement les sociétés humaines. L'éthologie animale et le darwinisme ne suffisent-ils pas ?

Enfin, comme je suis sincèrement disposé à me cultiver, je repose cette question.

Où se situe ce saut qualitatif dont tu admets l'existence ?

a écrit :
a écrit :qu'un seuil qualitatif ait ete franchi, oui, mais comment et à partir de quoi, c'est ça les questions que nous posent le darwinisme...

et quelles réponses donne-t-il ?


Wapi
 
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