Sur le transfert, et la psychanalyse auprès de psychotiques une contribution interressante de Jean Oury :
a écrit :libre circulation
Alors, a priori, une sorte de décision, c'est de penser que chez ce genre de personnes, comme chez tout un chacun - ceux que Lacan appelle des "parlêtres"- il y a du désir. Non pas le désir dont on parle depuis quelques dizaines d'années, ce que j'appelle le désir de pacotille des nouveaux philosophes, mais le désir inconscient au sens de Freud, réarticulé de façon extraordinaire par Lacan. Il y a du désir même au niveau des personnes prétendues les plus débiles, même chez celles qui ont un QI de 30, les idiots, les crétins. [B]Il y a du désir, et c'est ça qui est en question : c'est une décision éthique, peut-on dire.|/B] Or, s'il y a du désir, il y a une dimension, si minime soit-elle -ça peut faire sourire certains- une dimension analytique, psychanalytique, au sens de Freud. Cela ne veut pas dire que l'on va mener des cures -de toutes manières, des cures typiques, il n’y en n'a pas tellement- mais en fin de compte, il y a là une dimension de réflexion qui doit tenir compte du désir inconscient. Et Si l'on tient compte du désir inconscient, on met en question ce concept fondamental, qui a été articulé par Lacan depuis bien longtemps, le concept de transfert. Il y a du transfert. Mais simplement de dire, même au niveau des mots "il y a du transfert", on sait bien ce que cela veut dire. Le transfert, étymologiquement, cela correspond à ce que Freud appelait -mais c'est le même mot-"Ubertragung", ou encore le nom que portent les autobus à Athènes, les Nmétaphoresn, c'est-à-dire porteurs et transportés Or, il y a du transfert, et cela dès les origines, avant même que Freud ne soit arrivé à conceptualiser d'une façon très précise le mot "transfert". Le transfert, c'était en rapport avec un mouvement, une sorte de déplacement, d'investissement même sur le corps; ensuite, cela a pris d'autres dimensions. Or, il y a du mouvement : quand on dit transfert, on dit mouvement, on dit désir inconscient. Il est paradoxal de vouloir, non pas traiter, mais enfin rendre la vie un peu moins misérable chez certaines personnes, sans tenir compte que ce sont des "parlêtres", c'est-à-dire que ce ne sont pas des animaux. Je ne veux pas dire du mal des animaux, j'aime beaucoup les animaux, à quatre pattes, les chats, les chiens... mais il n'y a pas de parole chez eux. Quand un chat me parlera, je dirai qu'il y a peut-être du transfert par là, mais autrement, il n'y en a pas, c'est tout-à-fait une autre "dignité".
Donc si il y'a du désir, il y'a transfert... ca n'enlève rien aux causes neurologiques de la psychose mais ca explique un peu comment on peut travailler avec ces personnes.