Psy-X,Y,Z...

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Cyrano » 24 Mars 2005, 22:09

Et pour boucler cette série de message, j'en reviens au début, au petit message de Zelda, au fait que le "débat" soit si compliqué, tarabiscoté…

[Vous lisez un livre…]
« Au bout de quelques pages, vous constatez que l'auteur fait allusion à la psychanalyse ; un peu plus loin il en parle encore, même si le sujet ne s'y prête pas. Et ne croyez pas qu'il s'agisse là d'utiliser la psychologie abyssale afin de faire mieux comprendre les personnages du récit et leur comportement. Certes, c'est là une chose qui a été tentée dans certaines œuvres plus sérieuses ; mais ce qu'on trouve généralement, ce sont d'ironiques remarques, propres, selon l'auteur, à démontrer son érudition et sa supériorité intellectuelle. Parfois vous sentez que l'auteur n'est pas au courant de la question qu'il traite ainsi.
Il peut arriver encore que vous alliez, pour vous distraire, dans quelque réunion amicale. Au bout d'un instant, la conversation tombe sur la psychanalyse et les personnes de toutes catégories donnent alors leur avis, le plus souvent avec une assurance imperturbable.
Le ton employé pour émettre ces opinions est, en général, méprisant, souvent injurieux, ou tout au moins ironique. Etes-vous alors assez imprudent pour montrer que vous avez quelque notion de ce dont on parle que vous voilà attaqué de toutes parts, chacun exige des renseignements et des explications et vous vous convainquez bien vite que tous ces jugements sévères ont été portés a priori, sans que leurs auteurs se soient jamais informés. Peut-être est-il arrivé à l'un d'entre eux de tenir entre les mains une œuvre psychanalytique, mais, en ce cas, il n'a pu, ce jour-là, surmonter les résistances que provoqua ce premier contact avec un sujet jusqu'alors ignoré.
Peut-être vous attendez-vous à ce qu'une introduction à la psychanalyse vous fournisse des arguments capables de confondre nos adversaires, vous indique les lectures qu'il convient de leur conseiller ou même les exemples empruntés à la littérature ou les cas observés qu'il sied de leur citer.
Eh bien, abstenez-vous, je vous prie de tenter d'inutiles efforts ; il vaut mieux dissimuler vos propres connaissances et, si la chose n'est pas possible, vous borner à déclarer que, pour autant que vous en puissiez juger, la psychanalyse est une branche particulière de la science fort difficile à comprendre et à apprécier, qu'elle traite de matières très sérieuses et qu'il est inutile de badiner sur son compte. Ajoutez encore que d'autres amusettes parviendront bien mieux qu'elle à distraire la société.
»

Sigmund Freud, "Nouvelles conférences sur la psychanalyse".
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 24 Mars 2005, 22:12

Georges Brassens :Tu sais, à force de réciter des poèmes en classe, et d'écouter des chansons on voit à peu prés comment ça se fabrique.
André Seve : Mais tu as travaillé la versification ?
G.B. : La plupart de ceux qui écrivent des chansons n'ont pas étudié la versification. On est fait pour écrire des chansons ou on n'est pas fait pour ça. Si on est fait pour ça, on n'a pas tellement besoin d'apprendre des règles.
A.S. : Toi, tu les as apprises ?
G.B. : Oui, plus tard, parce que je raffinais un peu, mais...
A.S. : Tu en as conservé de tes première chansons ?
G.B. : Non. On peut écrire des chansons sans... tu ne m'écoutes pas ?
A.S. : Non, c'est parce que...
G.B. : Tu suis ta pensée, je sens ça. Tu viens ici avec des idées préconçues et tu veux toujours suivre ton chemin, pas le mien. Quand j'avance quelque part sur une idée, il faut me laisser partir et tu m'arrêtes. Là, j'aurais pu dire des choses mieux Mais il faut le temps pour que ça vienne.
A.S. : On y reviendra.
G.B. : II ne faut même pas dire qu'on y reviendra, il faut qu'on continue de parler, sans que tu t'occupes des questions que tu as fabriquées ou que toi, tu veux suivre. Veux-tu Brassens ou veux-tu fabriquer Bassens ? Si tu suis ton idée, tu perds ce que moi, en suivant ce qui me venait, j'allais le dire...
A.S. : Les spécialistes n'ont pas su m'ouvrir à tes musiques, ni même tellement à tes textes.
G.B. : Parce que toi, lu ne t'ouvres que si tu veux. Depuis que tu me questionnes, je le vois bien. Quand je t'explique quelque chose qui ne coïncide pas avec ce que tu voulais que je te dise, tu détournes la conversation.
A.S. : Moins maintenant ? Après trois jours d'écoute.
G.B. : « D'écoute »,, si on veut. Non, tu attends, tu attends et quand ça coïncide avec ce que tu attends, pof, ça fait tilt, tu me regardes d'une façon vivante, tu es ouvert. Mais quand ça ne coïncide pas, je vois ton visage sans vie, je te surveille, tu sais, j'en apprends beaucoup sur toi en observant ton comportement d'interviewer. Tu arrives ici avec un Brassens entièrement préfabriqué dans ta petite tête et tu veux me faire entrer là-dedans. La seule chose qui t'intéresse, c'est de me faire dire ce que, d'après toi, Brassens doit dire, ce que Brassens doit être. Tu pourrais avoir le vrai Brassens, en tout cas un Brassens inattendu. Mais tu t'es préparé au Brassens que tu veux. On attend toujours les êtres comme on les veut, on n'est pas prêts à la surprise.

"Toute une vie pour la chanson", André Seve interroge Georges Brassens. Le Centurion (1975).

Quoi ? Hors sujet ? Pas du tout : cet entretien a été publié dans un bouquin de psychologie… Pour illustrer comment certains s'y prennent pour ne pas écouter ce que l'autre a à dire, tout simplememt parce que ils veulent torturer les réponses de l'autre pour lui faire dire ce qu'ils attendent…
Cyrano
 
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Message par Wapi » 24 Mars 2005, 22:59

Dans l'article du journaliste sur le livre de Tort.

a écrit :On retrouve ici la formule presque magique de forclusion du nom du père, prêt-à-penser dont notre société a passablement usé et abusé depuis quelques décennies, que ce soit à propos des enfants de mères célibataires ou des jeunes-de-banlieue chez lesquels l'absence de père expliquerait tout ou presque de leur devenir.


Eh oui.

Que certains "psychananalystes" ou prétendus tels aient dérapé ou dérapent encore en reflétant dans leurs pratiques et leurs idées les préjugés réactionnaires ambiants est une chose à peu près aussi inévitable que les dérapages de certains darwiniens...

En effet, il faut vraiment méconnaître l'histoire (ne parlons même pas du marxisme..) pour ignorer que rien n'est nulle part fixé pour toujours dans le monde des humains, pas plus le statut de la "mère" que celui du "père", ni même le "nom-du-père".

Sauf que le "père" et la "mère", ça vient quand même de l'évolution des espèces, vu qu'on n'est pas des amibes, ce sont des personnes qui sont aussi des "fonctions" (sociales). Et l'un et l'autre ne se recouvrent pas toujours pareillement chez tous les individus. Et une fonction, ça fonctionne justement : un peu, beaucoup... le (ou les) pères n'est pas la même chose que le papa, ni la (les) mères que la maman... et tous les sexes se croisent dans cette affaire...

Dans f(x), x peut être beaucoup de choses différentes... et f aussi...

La fin du dogme paternel n'est pas celui de la fonction paternelle... et "la psychanalyse" ne défend nullement l'idéal de la famille petite bourgeoise.
Certains de ses plus stupides représentants médiatiques peut-être... mais à ce compte-là, on peut aussi aller chercher dans les autres écoles qui dit quoi sur quel sujet... c'est sans intérêt.

a écrit :que reste-t-il de la psychanalyse si on lui detruit méchamment tous ses mythes fondateurs ?


Il faudrait lui demander, puisqu'il me semble qu'il est toujours "psychanalyste".

En tous cas, un livre qui invite à se pencher sur l'histoire et qui secoue les conservatismes d'une profession peu recommandable et socialement très typée dans son ensemble est toujours utile, s'il est bien fait.

Ici, la présentation que l'éditeur fait du livre.

a écrit :

Le discours sur le " déclin du père " est devenu un lieu commun. Ce diagnostic sur la faillite de la fonction paternelle est porté au nom de la psychanalyse, qui statuerait sur les atteintes aux fonctions symboliques vitales pour le psychisme humain et leur déstructuration actuelle. La montée du pouvoir redoutable des Mères mettrait en péril la bonne traversée de l'Œdipe. La tâche de la psychanalyse est plutôt d'interpréter ce discours angoissé, en renversant les termes du problème. " Le Père " est une construction historique, solidaire des formes traditionnelles de la domination masculine, qui assure aux pères le monopole de la fonction symbolique. Cette figure patriarcale, en crise depuis le début de la modernité, est en passe de céder la place, dans les sociétés démocratiques actuelles, à de nouveaux arrangements des rapports de parentalité. Mais la fin d'un père, le " Père " du patriarcat occidental, est la fin d'un monde - pas la fin du monde. Les formes du devenir-sujet et l'exercice des fonctions du père qui y participent sont historiques et elles sont le lieu de relations de pouvoir entre les sexes. Ce changement de perspective ne va pas sans un réexamen critique des constructions de Freud et de Lacan sur le père, qui reposent sur la soumission à un potentat " séparateur ". On peut alors jeter les bases d'une histoire positive de la paternité, en cessant de broder nostalgiquement sur le récit édifiant d'un déclin permanent. Du mouvement anti-paternel de la jeunesse au milieu du XXe siècle, dont " 1968 " demeure le symbole, à la mise en cause des violences paternelles, il s'agit de repérer les principaux aspects de la décomposition de la " solution paternelle ", ses tentatives de restauration par le bricolage d'un " ordre symbolique " chargé de résister à la liquidation de l'ordre ancien ; mais aussi de discerner l'invention de nouveaux modes de paternité, liés aux nouveaux rapports de genre et de sexe.

Biographie de l'auteur

Michel Tort est psychanalyste, professeur à l'université de Paris-VII. Il dirige avec Éric Fassin et Michel Feher le séminaire " Actualité sexuelle " à l'ENS/Paris-VII. Il est notamment l'auteur du Désir froid. Procréation artificielle et crise des repères symboliques, La Découverte, 1992.



a écrit :Ce changement de perspective ne va pas sans un réexamen critique des constructions de Freud et de Lacan


Est-ce la même chose qu'un abandon ? Le réexamen critique est nécessairement inscrit dans "la pychanalyse", qui est une théorie organiquement liée à une pratique (sociale et "médicale") et réciproquement.

C'est la différence entre tenir le fil et couper le fil...

Si le fil historique était rompu, ce serait une perte considérable pour la psychiatrie, et donc pour les malades. Ce serait une régression dans la compréhension du sujet humain, et cela s'accompagnerait nécessairement de la réaction politique.

En revanche, pour que le fil soit tenu, il faudrait injecter aux "psychanalystes" une bonne dose marxisme, et de fréquentes piqûres de rappel, c'est incontestable.
Wapi
 
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Message par Wapi » 25 Mars 2005, 00:37

[quote=" "]
alors wapi tu penses que dans une société socialiste, les hommes et les femmes devraient toujours avoir du fait qu'ils ont un sexe didderent, des fonctions sociales diffrentes notamment vis à vis des enfants....

forcement remarque, si ce n'était pas le cas toute la theorie freudienne s'effondrerait
[/quote]

quelle drôle d'interprétation... et quelle idée tordue de m'attribuer de telles intentions...

Ne viens-je pas de redire que la fonction sociale justement ne coïncidait justement pas nécessairement avec la personne ?

enfin je ne sais plus comment discuter avec toi...

Mais le meilleur c'est quand même ceci :

[quote=" "]
parce que depuis le debut j'essaye d'amener des connaissances concretes par des articles et par une information sur les progres scientifiques, et je me fais excommunier au nom de saint freud et saint lacan.
[/quote]

tu as l'art de ... savoir au moins nous faire bien rigoler avec tes formules qu'on peut interpréter dans tous les sens ! Car pour se faire excommunier il faut au moins d'abord faire partie de l'église...

Donc cher fidèle, tu voudrais ne pas te faire excommunier, donc rester au sein de "l'église de la psychologie psychanalytique" (ou pas trop loin d'elle) mais tout en gardant ta liberté de pensée personnelle et ton esprit critique nourri aux lecture scientifiques ?

Mais il n'y a aucun problème... on te l'a déjà expliqué, si tu veux revenir vers ton ancienne maison, à ton niveau, c'est toi qui sait.
Wapi
 
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Message par Wapi » 25 Mars 2005, 12:46

a écrit :pour toi la difference entre les fonctions paternelles et maternelles est bien sexuelle, et le pere continuera bien toujours du fait du sexe à occuper une fonction differente....



Mais bien sûr que non !

la fonction "paternelle" ou "maternelle" c'est comment on fonctionne comme enfant face au "père" ou à la "mère", ou plus tard éventuellement comme "père" ou comme "mère" dans ses rapports avec "son" ou "ses" enfants, réels ou imaginaires (de substitution), de façon extraordinairement variable, mais toujours sur une base "naturelle", bien sûr.

Enfin, comment fait-on les enfants ?

Et qu'il soient "éprouvettes" ou enfants élevés par des couples homoparentaux ne change rien à cela.

Maintenant que sera la vie familiale sous le communisme, je ne peux rien en dire de précis mais je peux supposer qu'elle ne sera pas si aliénée qu'elle peut l'être aujourd'hui, car elle sera davantage socialisée.
Wapi
 
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