Programme de transition

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Strike! » 03 Avr 2005, 11:11

non, je demande en général. Nous ne sommes dans une période de montée du Fascisme...

A part ça, je ne veux pas poser la question sur un autre fil car on parle du Programme de transition... qui comprend beaucoup de questions dont l'anti-fascisme. Qu'n pensez-vous?
Strike!
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Mars 2005, 20:05

Message par eamc » 04 Avr 2005, 06:13

a écrit :Merci pour les nouvelles réponses. En effet je confondais Front populaire et front unique.

Par contre, en voici une autre question: même si le front unique n'est pas uniquement basé sur l'anti-fascisme, quelle réponse proposent les trotskystes (et Trotsky) pour confronter le Fascisme. Je sais que pour lui il y avait une différence entre Démocratie et Fascisme... Comment combattre le Fascisme sans tomber dans la collaboration interclassiste dévoyant le combat prolétarien?


Sur la question du fascisme et aussi de la démocreatie, il y a d'abord le recueil de Trotsky sur "Comment vaincre le fascisme" disponible sur Internet à cette adresse ci : http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm

Dans ce texte, LT explique :
a écrit :Au cours de plusieurs dizaines d'années les ouvriers ont construit à l'intérieur de la démocratie bourgeoise, en l'utilisant tout en luttant contre elle, leurs bastions, leurs bases, leurs foyers de démocratie prolétarienne : les syndicats, les partis, les clubs de formation, les organisations sportives, les coopératives, etc. Le prolétariat peut arriver au pouvoir non dans le cadre formel de la démocratie bourgeoise mais par la voie révolutionnaire : ceci est démontré aussi bien par la théorie que par l'expérience. Mais c'est précisément pour cette voie révolutionnaire que le prolétariat a besoin de bases d'appui de démocratie prolétarienne à l'intérieur de l'Etat bourgeois. C'est à la création de telles bases que s'est réduit le travail de la IIème Internationale à l'époque où elle remplissait encore un rôle historique progressiste.

Le fascisme a pour fonction principale et unique de détruire tous les bastions de la démocratie prolétarienne jusqu'à leurs fondements. Est-ce que cela a ou non une "signification de classe" pour le prolétariat? Que les grands théoriciens se penchent sur ce problème. Ayant qualifié le régime de bourgeois - ce qui est indiscutable - Hirsch, comme ses maîtres, oublie un détail : la place du prolétariat dans ce régime. Ils substituent au processus historique une abstraction sociologique aride. Mais la lutte des classes se mène sur la terre de l'histoire et non dans la stratosphère de la sociologie. Le point de départ de la lutte contre le fascisme n'est pas l'abstraction de l'Etat démocratique mais les organisations vivantes du prolétariat, où est concentrée toute son expérience et qui préparent l'avenir.


dans La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne (2. Démocratie et fascisme)
Cela veut dire quoi?
Que nous défendons au sein de la République bourgeoise, les "ilôts", les "foyers" de démocratie prolétarienne et les éléments nécessaires à son fonctionnement : droit de presse, de réunion, libre-circulation, droits politiques et syndicaux, etc....


Les staliniens (ou leurs rejetons) ont eut successivement dans l'histoire de la révoltion allemende , 2 attitudes :
1) la première, c'est la "théorie" du social-fascisme, c'est à dire, que comme le fascislme et la démocratie bourgeoise c'est la même chose, c'est un régime bourgeois, que comme la social-démocratie défend, a besoin pour exister des institutioàns de la démocratie bouyrgeoise : parlement, mairie, etc..., la social-démocratie, c'est le fascisme. Voire, que le fascisme, c'est la "dernière étape" avant la révoltion prolétarienne, et que donc, nous ne devons pas faire de différence entre fachos et sociaux-démocrates... Cela a culminé dans le référendum "Rouge" dans le Land de Prusse Orientale ( je crois, en 1932) où le parti stalinien allemand, le VKPD a soutenu une campagne des nazis contre la direction sociale-démocrate du Land.
2) la deuxième attitude, ce furent les Fronts Populaires, où il y a cette alliance voulue, rechercher avec des partis bourgeois qui servit à manifester la volonté des Staliniens de ne pas attenter à la propriété, à l'état bourgeois. En France par exemple, en 1935, lors de la viste de Laval ( je crois) en URSS le Ministère des Affaires Etrangères e l'URSS fit cette déclaration : "Monsieur Staline comprtends et approuve les efforts fait par la France pour maintenir sa défense à la hauteur de la situation" ou un truc approchant. La conséquence pratique, ce fut la disparition dans l'Humanité des rubriques anti-militaristes et l'abstention bienveillante du PC sur les budget de la Défense.
C'est un peu long, mais c'est du de résumer tout ceci en un smiley :huh:
eamc
 
Message(s) : 0
Inscription : 02 Avr 2004, 05:20

Message par eamc » 04 Avr 2005, 06:28

a écrit :En effet, durant la période de la montée du Fascisme (armement de groupes d'extrême droite par le système en place) ces partis ne voulurent former de groupes armés, faisant confiance à la "démocratie" bourgeoise. Démocrates bourgeois, collabos...

Cependant, je voudrais toujours voire comment l'anti-fascisme doit s'organiser pour éviter de "[capituler] plus lâchement devant lui dans les faits"



1) durant la montée du fascisme, SPD et KPD disposaient de milices de parti pour se défendre. Néanmoins, avec la politique de division des stal( sur la ligne du social-fascisme) et celle des sociaux-démocrates qui exigeaient pour collaborer avec le PC alleman,d que celui-ci cesse ses critiques et reconnaisse les beautés de la démocratie bourgeoise, chaque parti s'est défendu isolément, seul, tragiquement seul. Ce qui fait que la puissance des milices qui existaient n'a pu se déployer sur le terrain.

2) la question ce n'est pas "l'anti-fascisme". Le fascisme quand il existe, est une question vitale (et le mot est à prendre au sens strict) pas pour les antifascistes, mais pour tout parti ouvrier révolutionnaire.
Proposer des accords d'assistance aux autres organisations, mettre en place des groupes d'auto défense des usines, pour des apparitions extérieures, des zones ouvrières, dans les syndicats au moment où les patrons utiolisent les fachos pour les pénétrer et faire reculer les révolutionnaires. Il s'agit toujours et encore de l'expresion d'une politique de Front Unique: unir la classe ouvrière, unir la classe ouvrière comme elle est, avec toutes ses organisations ( même si on pense que ce ne sont que des paillassons à la politqiue bourgeoise) sur un objectif précis
eamc
 
Message(s) : 0
Inscription : 02 Avr 2004, 05:20

Message par eamc » 06 Avr 2005, 06:25

Sur la question du "référendum rouge" de 1931, Trotsky en parle plus longuement là ( http://www.marxists.org/francais/trotsky/o.../lt19310825.htm ) avec notamment des dévellopements sur la "théorie" du social-fascisme.

Pour en revenir sur une des premières questions de Strike!, ( sur les syndicats ), il y a ce texte ( http://www.marxists.org/francais/trotsky/o...8/19400800.html ), "les syndicats à l'époque de la décadence impérialiste" qui donne un bon cadre de compréhension sur :
1) ce que sont les syndicats aujourd'hui
2) et sur ce que les trotskystes doivent y faire.

L'édition papier de ce texte était accompagnée de cette préface de Stéphane JUST ( http://www.marxists.org/francais/just/synd...sj_19720715.htm ).
eamc
 
Message(s) : 0
Inscription : 02 Avr 2004, 05:20

Message par Gaston » 11 Avr 2005, 19:30

Je profite qu’un fil soit ouvert sur le programme de transition pour poser quelques questions, que vous trouverez peut-etre un peu basiques…

Dès le début de son texte, Trotsky dit ceci :

a écrit :Les forces productives de l'humanité ont cessé de croître. Les nouvelles inventions et les nouveaux progrès techniques ne conduisent plus à un accroissement de la richesse matérielle.


Par la suite, tout au long du programme, on retrouve des expressions « agonie du capitalisme », « décadence », « à l’époque où le capitalisme était progressiste »… On trouve même ça :

a écrit :Dans les conditions du capitalisme en décomposition, les masses continuent à vivre la morne vie d'opprimés qui, maintenant plus que jamais, sont menacés d'être jetés dans l'abîme du paupérisme. Elles sont contraintes de défendre leur morceau de pain, même si elles ne peuvent l'augmenter ou l'améliorer.


D’où ma question : quelle était son analyse de la situation économique de l’époque ? Pensait-il que le capitalisme était arrivé en bout de course ? (Avec une question sous-jacente : si le programme de transition correspond à un époque donnée, considérez-vous qu’il ait encore une quelconque valeur pratique ?)

Ensuite,

a écrit :Les sections de la IV° Internationale doivent, sous la forme la plus concrète possible, élaborer des programmes de revendications transitoires pour les paysans (fermiers) et la petite-bourgeoisie citadine, correspondant aux conditions de chaque pays. Les ouvriers avancés doivent apprendre à donner des réponses claires et concrètes aux questions de leurs futurs alliés.


Dans l’impérialisme, Lénine parle aussi des petits patrons trompés par le capitalisme. Quelle a été l’activité des sections et groupes se réclamant de la quatrième internationale à l’égard de ces classes ? Il me semble que la propagande envers elles est nulle.


a écrit :Dans le cadre d'un tel plan, les ouvriers revendiqueront la reprise du travail, au compte de la société, dans les entreprises privées fermées par suite de la crise. Le contrôle ouvrier fera place, dans ces cas, à une administration directe par les ouvriers.


Là, j’ai vraiment été étonné. Je pensais que les trotskistes étaient complètement opposés à ce type d’actions. Quelles sont les autres considérations que l’on peut trouver sur le sujet ? Que pensez-vous à l’heure actuelle de l’action (par exemple) de l’UGTG en Guadeloupe, qui encourage à la reprise des entreprises qui ferment ? (y a t il un militant de Combat Ouvrier sur le forum ?) Ou des luttes pour la gestion directe des entreprises (je pense à l’usine Job à Toulouse, par exemple).

Enfin, sur le chapitre sur le sectarisme :

a écrit :Cependant, des tendances sectaires se rencontrent aussi dans nos propres rangs et exercent une influence funeste sur le travail de certaines sections.


De quelles sont les sections et tendances dont il parle ?

Merci de vos réponses.
Gaston
 
Message(s) : 0
Inscription : 29 Jan 2005, 17:34

Message par alexandre » 11 Avr 2005, 21:31

c'est quand même bien les grands textes pour tout ce que cela soulève comme questions d'actualité.
pour répondre à Gaston :
De nombreux textes de Trotsky ou de la IVeme annonçaient la guerre mondiale, celle ci a démontré lâ réalité, la stagnation des forces productives n'avait d'autres issue que la guerre. S'accaparer les forces productives d'autres pays pour compenser la stagnation. Ceci est toujours valable aujourd'hui mais l'équilibre des forces permet aux guerres locales, à la guerre économique de se passer, pour l'instant, d'une confrontation directe entre impérialistes. Les techniques de production sont en "perpétuelle révolution" (Marx le Manifeste) ce qui fait que même si les forces productives sont globalement stagnante, à l'échelle de la planète, elles peuvent être localement en régression ou en progression. L'Argentine avait le 10ème niveau de vie du monde en 1950, elle a plus de 50% de sa population sous le seuil de pauvreté aujourd'hui. La question se résume ainsi : le capitalisme est il un obstacle au développement de la planéte, la réponse est oui. La menace t il de régression, la réponse est oui.
Plus que le programme à la lettre, c'est la méthode, dite transitoire, qui importe. Partir de la nécessité objective du socialisme pour formuler des revendications, des méthodes de lutte et d'organisation, permettant un pont entre cette nécessité et la situation actuelle des masses. Le programme de transition sur ces aspects et beaucoup d'autre est largement d'actualité.
Sur les classes petites bourgeoise (au sens social du terme) et la paysannerie, nos sections (du Comité pour une internationale ouvrière CIO/CWI) dans des pays comme le Sri Lanka, Nigeria, Inde etc. formulent systèmatiquement des revendications. De manière générale nous disons également que l'économie planifiée signifie avant tout la nationalisation des principaux moyens de production, d'échange et de distribution, la boulangerie du coin ne sera pas pour autant nationalisée (on peut cependant imaginer qu'elle intégrera peu à peu ce type d'organisation).
Sur le contrôle ouvrier, lire cela avec l'ensemble du texte. Gérer à la manière de l'UGTG en acceptant de fait les régles du capitalisme, sans mener une lutte vigoureuse pour le socialisme, ne pourra à terme malgré la sincérité de certains au départ, que conduire à la formation d'une couche de dirigeants syndicaux/patrons. La gestion par les travailleurs des usines etc. ne peut être que temporaire sous le capitalisme, une expérience mais qui en l'absence d'une véritable démocratie ouvrière, d'une véritable lutte pour le socialisme finira par créer les effets inverses. On a vu nombre de coopératives se transformer en PME au fur et à mesure du rachat des parts par un ou deux associés. La situation des travailleurs sous le capitalisme ne permet pas à des ilots de socialisme de tenir longtemps.
quant aux tendances sectaires, toutes ont subi à un moment ou un autre des replis sectaires. Mais ce n'est pas nouveau, lire l'excellent "La maladie infantile du communisme, le Gauchisme" de Lénine pour comprendre sur quels sujets etc. En disant tendances Trostky ne désigne pas nécessairement une "tendance" organisée, mais un risque du fait de la jeunesse et de l'inexpérience de nombreuses sections. Il pouvait également penser aux tergiversations de la section française, espagnole etc.
alexandre
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Déc 2004, 23:50

Message par eamc » 13 Avr 2005, 06:31

a écrit :Par la suite, tout au long du programme, on retrouve des expressions « agonie du capitalisme », « décadence », « à l’époque où le capitalisme était progressiste »… On trouve même ça :


Le capitalisme, pour faire court, n'est plus progreessiste depuis 1914, de façon manifeste. La 1er guerre mondiale exprime le caractère "décadent", "pourri" du capitalisme de l'époque.
Nous vivons toujours dans cette période.
Le Programme de Transition a été écrit en 1938. En réalité, il est le résultat de plusieurs écritures de programme d'action comme le programme d'action francias de 1934 consultable là : http://www.marxists.org/francais/4int/prewar/1934/prog34.htm

De la période 1918-1940, on peut pas dire qu'elle exprime le caractère progressif du capitalisme. C'est comme le dit Lénine, "l'époque des guerres et des révolutions". Crises économiques à répétition: 1920, 1923, 1929... Longue dépression suivant 1929 dont les effets sur la production industrielle ne pourront être surmontés qu'avec le tournant vers l'économie de guerre à la fin des années 1930. Après la victoire des Nazis en Allemagne 1933, mise en place d'un système économique quasi-autarcique tendu vers l'économie de guerre. Echec de juin 36, Victoire du franquisme en Espagne. Liquidation de l'Internationale Communiste dans les taules de la Loubianka, etc... Cette liste n'est malheuresemnt pas exhaustive).
C'est à cet aune que doit être mesurée l'affirmation du Programme de Transition : "Les forces productives ont cessé de croître."


a écrit :
a écrit :
Dans le cadre d'un tel plan, les ouvriers revendiqueront la reprise du travail, au compte de la société, dans les entreprises privées fermées par suite de la crise. Le contrôle ouvrier fera place, dans ces cas, à une administration directe par les ouvriers.



Là, j’ai vraiment été étonné. Je pensais que les trotskistes étaient complètement opposés à ce type d’actions. Quelles sont les autres considérations que l’on peut trouver sur le sujet ? Que pensez-vous à l’heure actuelle de l’action (par exemple) de l’UGTG en Guadeloupe, qui encourage à la reprise des entreprises qui ferment ? (y a t il un militant de Combat Ouvrier sur le forum ?) Ou des luttes pour la gestion directe des entreprises (je pense à l’usine Job à Toulouse, par exemple).



La question est fondamentalement à quel moment, à quelle période? Dans une période de calme plat, ou d'activité modérée des masses, le risque est grand de voir une "remise en route" se tranformer en auto-exploitation ou co-gestion capitaliste de l'entreprise. dans une période où tout change rapidement, où les patrons sont partis, etc... ( je pense à l'Argentine d'il y a deux, à la France àç partir de la mi-1944, ...) cela peut être d'abord une plan de salut matérielle pour des travailleurs alors qu'ils n'ont rien à manger et à la foi, l'expression politique de la volonté de la classe ouvrière de prendre le pouvoir, tout le pouvoir et une contribution à la crise de la bourgeoisie.
Les "remise en marche" sont inscrites au programme de l'Internationale Communiste dès le 3ème Congrès de celle-ci.
Lors du 3ème Congrès, en juin 1921 :
a écrit :L'un des moyens d'empêcher la fermeture en masse des entreprises dans un but de diminution des salaires et d'aggravation des conditions du travail peut être l'occupation de la fabrique ou de l'usine et la continuation de la production en dépit du patron.

c'est là: http://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3_08.htm


Pour la petite histoire, on raconte que Degaulle en 1945, recevant les patrons du futur CNPF qui se plaignaient que leurs usines soient occupés, leur ait répondu: " Vous êtes vivants, ne vous plaigniez pas!".
eamc
 
Message(s) : 0
Inscription : 02 Avr 2004, 05:20

Précédent

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : conformistepote et 1 invité