par Mariategui » 24 Mai 2005, 19:56
Je soupconne que tu ne fais que projetter l'image de la social démocratie européenne (en particulier francaise) sur le PS chilien des années 1970 alors qu'il s'agissait d'une organisation ouvrière au sein entier du terme avec des rapports organiques avec la classe ouvrière et des fortes capacités de mobilisation et encadrement de la mobilisation ouvrière. La qualification d'Allende comme politicien bourgeois me paraît donc contestable et surtout non pertinente dans le sens où elle n'apporte pas grande chose au débat, à moins de croire à un rapport de causalité directe entre l'origine de classe d'un dirigenat politique et son orientation (ce qui serait dramatique pour l'extrême gauche francaise vu qu'elle est petite bourgeoise ou bourgeoise à 80%). Sa qualification comme "réformiste" me paraît plus intéressante car elle explique mieux les oscillations et hésitations du parti socialiste et ces dizaines de courants internes. MAis ceci est un débat mineur.
Sur le cas chilien, je ne fesais que corriger tes propos sur la positon du MIR et celle du SU au Chili qui étaient inexactes. Sur la "pression" subie par les militants trotskystes de l'Amérique Latine, je vois que tu continues de les prendre pour des cons incapables de se faire des idées de facon autonome et de prendre position comme ils veulent. Ce n'était pas la "mode" qui exercait une pression sur eux. Ils ont fait des choix et suivi une orientation que Bruxelles partageait en effet. Quant au souvenir qui reste en Amérique Latine parmi les militants, c'est celui d'une défaite bien entendu, mais personne ne di "Bruxelles m'a forcé la main"....
Sinon, plus largement, la disparition du SU en Amérique LAtine n'a pas été dü au "guérillérisme", loin de là. La scission avec les morénistes de 1979 est postérieure à la grande phase guérilleriste (voir dans les résolutions de 1979 un bilan très très mitigée sur cette période). Et même après cette scission, le SU gardait des forces équivalentes à celle des morénistes en Amérique Latine (Méxique, Brésil, Chili, Colombie, Uruguay, bref, des sections dans des nombreux pays). La disparition du SU correspond plutôt à la période de la traversée du désert des années 80 et à l'incapacité de répondre aux questions osulevées par la disparition de l'URSS, d'où l'implosion de la section méxicaine lorsque le PRD a surgi (pas de stratégie définie) et la dégénérescence ministérialiste des brésiliens.
Sur les trotskystes qui construisent des choses, certes, il y en a toujours, nombreux chez les morénistes (encore qu'eux, ils aient connu le même processus avec une série de scissions internationales suite à la mort de Moréni et à l'effondrement de l'URSS) mais encore plus nombreux comme autonomes. Au Méxique, ils sont nombreux à travailler avec l'EZLN dans le cadre d'une lutte anti-colonialiste extrêmement juste à mon avis et travaillant pour établir des convergences entre mouvement indigène et mouvement ouvriers (question vitale au PAraguay, Bolivie, Equateur et Chili).
Au passage, vu que tu as l'air de savoir ce qu'il faut construire en Amérique LAtine pour aller dans le sens du prolétariat, est ce que le trotskysme francais peut nous apporter ces lumières sur ce sujet? A quand une section de l'UCI en Amérique Latine? :victory:
PS: comme remarque méthodologique, je pense que discuter du trotskysme en Amérique LAtine est impossible dans le sens où les réalités nationales ont un poids énorme dans la définition des orientations politiques des différentes sections. Pour prendre un exemple contemporain, la politique du PSTu brésilien et celle de OIR vénézuélien sont très différentes, pourtant, tous les deux sont moérnistes (le statut d'OIR étant assez confus car c'est le résultat de la coordination de la fraction morénistes argentine avec la fraction moréniste brésilienne)