(Vérié @ lundi 21 novembre 2005 à 08:55 a écrit : Des témoignages d'enseignants montrent que ce sont des élèves de lycées techniques - futurs ouvriers s'ils trouvent du boulot - qui ont participé aux émeutes et que beaucoup de leurs camarades de classe sympathisaient avec eux, meme s'ils n'ont pas directement participé au mouvement. Alors, camarades, peut-on qualifier des élèves du technique de 13 à 17 ans comme des lumpen ?! Il fut un temps où LO intervenait dans des mouvements de jeunes de CET (futurs LEP) et éditait un petit journal : "Ceux du technique"... La nature de classe de ces jeunes aurait-elle changé ?
Non la nature de classe n'a pas changé, mais la société a changé. Ne l'as-tu pas vu ? Il y a 30 ans, ces jeunes du technique finissaient par aller à l'usine, au chantier ou au bureau, pas forcément dans la branche où ils avaient étudié, mais ils finissaient au travail. Comme ceux de la génération d'avant, les "voyous" évoqués sur un autre fil dans les années 60. Et le mouvement ouvrier était une référence. C'était leurs parents, leurs voisins, les instits syndiqués, les animateurs de l'association de locataires, certains profs. Cerains étaient cons, et on s'opposat à des profs d'ateliers anciens contremaîtres, racistes, brutaux, etc. et d'autres étaient de braves gens. Certains étaient vus comme des adultes, ce qu'on ne veut pas être à 17 ans, mais d'autres aussi leur inspiraient le respect.
Aujourd'hui une bonne partie de ces jeunes sont INSCRITS au bahut, mais n'y vont pas forcément. Quant à bosser, certains le font, pas d'autres. Il ne s'agit pas de jeter l'anathème, il s'agit de constater. J'écoute les copains profs en banlieue. Ils disent que certains de leurs bons élèves, des élèves sages, qui ont l'air d'avoir envie de s'en sortir ont participé aux émeutes. Mais d'autres, et plus nombreux, ce sont ceux qui foutent aussi le bordel au bahut et rendent la vie impossible à tous, à leurs copains comme aux profs.
Et surtout, avant ces jeunes un peu remuants à 15 ans comme des jeunes, ils s'intégraient après. Pas aujourd'hui. Bon nombre d'entre eux n'iront pas au travail. Ceux qui iront et qui resteront, changeront. Mais les autres ?
Avant, du coup, ces jeunes de Ceux du Technique de la JC ou de nulle part, ils manifestaient, ils revendiquaient, ils imitaient les adultes dans leurs mouvements, mêmes s'ils étaient plus directs, plus remuants, plus nature. Pas aujourd'hui.
Il y a à cela des tas d'explications, le chômage, le recul du mouvement ouvrier, les 20 ans de crise, l'abandon des services publics et de l'école, oui, de l 'école, même au niveau élémentaire, mais c'est un fait.
Ne pas voir le fait, c'est vivre dans un autre monde et parer tout mouvement de vertus qu'il n'a pas. C'est du gauchisme. Au sens propre du terme.