"Le pianiste" de Roman Polanski

Message par gerard_wegan » 27 Nov 2005, 18:20

(Beaucoup) moins riche que le récit éponyme de Wladyslaw Szpilman (dont on a dû parler dans un vieux fil, je crois), mais mérite d'être vu... ne serait-ce que pour une scène, à mon avis -- je ne vous dis pas laquelle.
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Message par Ottokar » 27 Nov 2005, 18:55

Je n'ai pas lu le roman. Le film m'avait un peu énervé à l'époque où il est sorti au cinéma. Ce n'est pas Adrian Brody, parfait, pas non plus à cause du personnage, éternel spectateur. C'est une autobiographie et c'est le personnage. Il y a des gens comme ça après tout. Quand ses amis se battent, il est toujours du mauvais côté de la rue, empêché d'aller les rejoindre... ce qui fait qu'il survit et peut raconter, évidemment !

Ce qui m'avait un peu énervé, c'est l'absence d'antisémitisme du peuple polonais. Ou du moins pas pire qu'en France, où il y a eu des gestes antisémites, de l'indifférence mais où globalement les gens plaignaient les juifs plus qu'autre chose. A preuve le nombre de ceux qui ont réussi à se cacher, à s'échapper. De mémoire, un quart des juifs français sont morts, ce qui est énorme et monstreux évidemment, mais le chiffre est épouvantablement supérieur dans d'autres pays. Et le film laisse une impression un peu soft, un peu comme ce qu'on a lu de la même période en France alors que d'autres films (Shoah bien sûr mais pas seulement) montrent un antisémitisme beaucoup plus féroce en Pologne. Après guerre, parmi les survivants, peu de juifs polonais ont eu envie de retourner en Pologne, alors que les juifs de France sont revenus et que peu ont émigré vers Israël.

Je serai curieux de savoir ce que vous en avez pensé.
Ottokar
 
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Message par Ottokar » 27 Nov 2005, 19:27

j'attends 22h30 avec impatience ! je me souviens de plusieurs scènes marquantes, mais j'amerais savoir laquelle vous a marqués tant que cela ! Quel suspens...
Ottokar
 
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Message par ianovka » 27 Nov 2005, 23:33

Alors ? C'est quoi cette scène ?
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Message par Matrok » 27 Nov 2005, 23:45

Je trouve que toutes ces critiques sont justes. En effet il y a plein de défauts dans ce film, son côté naïf et bien calibré surtout : les polonais sont tous gentils, ils parlent anglais (en VO ou français en VF) et jouent du Chopin alors que les Allemands parlent allemand avec un accent à couper au couteau et jouent du Bach.

Mais tout ça paraît secondaire, tant c'est un film qui prend aux tripes et ne vous lache plus. C'est rare de voir une histoire pareille aussi bien racontée et sans aucun temps mort, avec une telle tension permanente. Je ne l'ai vu qu'une fois, et encore pas en salle (en DVD) mais ça m'a vraiment impressionné.

Quant à "la" scène, de mémoire il y en a plusieurs qui m'ont vraiment impressionné... Parles-tu de la scène du bocal de cornichons ?
Matrok
 
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Message par gerard_wegan » 28 Nov 2005, 00:59

Presque. Pour moi la scène, c'est celle juste après, où Szpilman en loques joue du piano dans Varsovie complètement détruite, devant l'officier allemand, en uniforme impeccable et dont le chauffeur fait les cents pas dehors dans la rue. Inoubliable !

Sur la forme du film, je ne suis vraiment pas spécialiste mais je trouve assez juste le terme "glacé", employé par Vérié.

Maintenant, quant au contenu, c'est très fidèle au récit de Szpilman. Je disais que le livre est plus riche car il y a dedans des considérations sur l'état d'esprit, de lui-même et de ceux qu'il côtoie, qu'il est évidemment difficile de rendre au cinéma. Mais je crois que tous les événements du récit sont là, qui ne cherche pas à montrer tous les Polonais comme gentils (notamment le gars de la résistance supposé s'occuper du ravitaillement de Szpilman, et qui en profite tout en le laissant tomber). Le point important, c'est que le livre a été écrit et publié, en Pologne même, immédiatement après la guerre à un moment (qui a dû être court...) où les histoires officielles n'avaient pas encore tout cadenassé, ce qui permettait de parler des différences sociales dans le ghetto ou du fait que tous les allemands, même certains officiers de l'armée, n'étaient pas forcément nazis jusqu'au bout des ongles et antisémites. Ensuite, pendant plus d'un demi-siècle, le livre n'a pas pu être republié en Pologne ; et pas plus en Israël. Pour l'anecdote, le fils de Szpilman raconte dans la préface de la réédition que pour pouvoir publier son récit juste après guerre, son père avait dû changer la nationalité allemande de l'officier en autrichienne -- il y avait des limites à ce qu'on pouvait dire ! C'est évidemment rectifié dans la réédition.
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Message par Pascal » 28 Nov 2005, 13:15

(Ottokar @ dimanche 27 novembre 2005 à 18:55 a écrit :Ce qui m'avait un peu énervé, c'est l'absence d'antisémitisme du peuple polonais. Ou du moins pas pire qu'en France, où il y a eu des gestes antisémites, de l'indifférence mais où globalement les gens plaignaient les juifs plus qu'autre chose.

Je trouve cette critique un peu injuste. En effet, si ce n'est au tout début, Szpilman est hors de la société polonaise, d'abord dans le ghetto, puis ensuite planqué dans un appartement.

Et au début du film justement, lorsqu'il se promène avec son amie polonaise "goy", il y a cette scène où il ne peut pas entrer dans un café où il est écrit "interdit aux juifs" en polonais, avec cette réflexion "ils cherchent à être plus nazis que les nazis".

Je n'ai pas lu le livre, juste vu le film. Et j'ai trouvé justement que le passage sur le ghetto montrait très bien toute la violence et l'atrocité du nazisme, avec les humiliations, les meurtres, puis l'extermination systématique, avec des scènes à la limite du supportable, comme celle où un handicapé est defenestré par des nazis. Et le film montre bien aussi qu'alors que la majorité des Juifs crèvent de faim, il y avait une minorité de privilégiés, elle montre aussi le rôle de la police juive du ghetto, l'organisation d'une résistance clandestine (liée au mouvement ouvrier, comme le montre cette petite phrase d'un des militants lorsqu'il dit d'un de ces camarades "son seul défaut, il n'est pas socialiste").

Cela m'a rappelé une exposition que j'avais vu en Pologne sur le ghetto de Cracovie, et où une partie s'intitulait : "le ghetto, une société de classe" et qui montrait cette minorité.

Une des scènes qui m'a le plus touchée, c'est avant que Szpilman ne se cache dans la maison où il rencontrera l'officier allemand, un moment où il marche dans le tas de ruines qu'est Varsovie, je trouve que cette image de ruines et de désolation montre bien toute l'atrocité de cette guerre.

Mais c'est vrai que la scène avec l'officier allemand est très forte aussi, c'est une des rares scènes où je trouve que les personnages sont vraiment des personnages, où ils sont vraimment habités, présents, je ne sais pas trop comment le dire, parce que pendant le reste du film, avec Szpilman qui n'est qu'un spectateur, je trouve que les différents personnages passent trop vite pour qu'on puisse s'attacher à eux.
Pascal
 
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