(Ottokar @ dimanche 27 novembre 2005 à 18:55 a écrit :Ce qui m'avait un peu énervé, c'est l'absence d'antisémitisme du peuple polonais. Ou du moins pas pire qu'en France, où il y a eu des gestes antisémites, de l'indifférence mais où globalement les gens plaignaient les juifs plus qu'autre chose.
Je trouve cette critique un peu injuste. En effet, si ce n'est au tout début, Szpilman est hors de la société polonaise, d'abord dans le ghetto, puis ensuite planqué dans un appartement.
Et au début du film justement, lorsqu'il se promène avec son amie polonaise "goy", il y a cette scène où il ne peut pas entrer dans un café où il est écrit "interdit aux juifs" en polonais, avec cette réflexion "ils cherchent à être plus nazis que les nazis".
Je n'ai pas lu le livre, juste vu le film. Et j'ai trouvé justement que le passage sur le ghetto montrait très bien toute la violence et l'atrocité du nazisme, avec les humiliations, les meurtres, puis l'extermination systématique, avec des scènes à la limite du supportable, comme celle où un handicapé est defenestré par des nazis. Et le film montre bien aussi qu'alors que la majorité des Juifs crèvent de faim, il y avait une minorité de privilégiés, elle montre aussi le rôle de la police juive du ghetto, l'organisation d'une résistance clandestine (liée au mouvement ouvrier, comme le montre cette petite phrase d'un des militants lorsqu'il dit d'un de ces camarades "son seul défaut, il n'est pas socialiste").
Cela m'a rappelé une exposition que j'avais vu en Pologne sur le ghetto de Cracovie, et où une partie s'intitulait : "le ghetto, une société de classe" et qui montrait cette minorité.
Une des scènes qui m'a le plus touchée, c'est avant que Szpilman ne se cache dans la maison où il rencontrera l'officier allemand, un moment où il marche dans le tas de ruines qu'est Varsovie, je trouve que cette image de ruines et de désolation montre bien toute l'atrocité de cette guerre.
Mais c'est vrai que la scène avec l'officier allemand est très forte aussi, c'est une des rares scènes où je trouve que les personnages sont vraiment des personnages, où ils sont vraimment habités, présents, je ne sais pas trop comment le dire, parce que pendant le reste du film, avec Szpilman qui n'est qu'un spectateur, je trouve que les différents personnages passent trop vite pour qu'on puisse s'attacher à eux.