Quand Mitterrand sautait les haies.

Message par artza » 16 Déc 2005, 19:44

C'est tout à l'heure sur Fr3 (23h.20).


Une embrouille. Mitterrand et une de ses relations député poujadiste, algérie française et OAS concocte un vrai faux attentat contre Mitterrand.
Celui en ressortira vivant comme prévu mais plus qu'éclaboussé et semblait bien fini. Et pourtant.

En 59 j'étais lucide mais naïf. Mitterrand pour moi c'était un type de droite point. J'étais loin d'être seul à partager ce point de vue.

Si j'avais su que 42 ans plus tard je voterais pour lui au second tour "sans illusion, mais sans réserve".

Mais au moins je n'ai pas été dansé à la Bastille entre l'OCI et la LCR.

Je devais être programmé pour pas voter Chirac en 2002.
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Message par com_71 » 16 Déc 2005, 20:03

(artza @ vendredi 16 décembre 2005 à 19:44 a écrit : je n'ai pas été dansé à la Bastille entre l'OCI et la LCR.
Moi non plus, et j'ai du mérite, il a fallu résister à des copains de la boîte qui étaient venus me chercher chez moi...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par logan » 16 Déc 2005, 20:13

(artza @ vendredi 16 décembre 2005 à 19:44 a écrit : C'est tout à l'heure sur Fr3 (23h.20).


Une embrouille. Mitterrand et une de ses relations député poujadiste, algérie française et OAS concocte un vrai faux attentat contre Mitterrand.
Celui en ressortira vivant comme prévu mais plus qu'éclaboussé et semblait bien fini. Et pourtant.

En 59 j'étais lucide mais naïf. Mitterrand pour moi c'était un type de droite point. J'étais loin d'être seul à partager ce point de vue.

Si j'avais su que 42 ans plus tard je voterais pour lui au second tour "sans illusion, mais sans réserve".

Mais au moins je n'ai pas été dansé à la Bastille entre l'OCI et la LCR.

Je devais être programmé pour pas voter Chirac en 2002.
Est-ce à dire que tu regrettes la consigne de vote de LO pour Mitterrand au 2ème tour de 1981?

PS : C'est 22 ans d'écart et pas 42
Tu te fais du mal artza :hinhin:
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Message par Thomas » 16 Déc 2005, 20:21

bah , encore une vingtaine d'années et tu diras la même chose pour fabius, c'était "un homme de droite point" et tu voteras peut être pour lui "sans illusions mais sans réserves" :hinhin: :hinhin:
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Message par com_71 » 16 Déc 2005, 20:36

(Thomas @ vendredi 16 décembre 2005 à 20:21 a écrit : bah , encore une vingtaine d'années et tu diras la même chose pour fabius, c'était "un homme de droite point" et tu voteras peut être pour lui "sans illusions mais sans réserves" :hinhin: :hinhin:
Par rapport à l'image qu'avait Mitterrand dans les années 60, Fabius aujourd'hui est un vrai gauchiste.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Thomas » 16 Déc 2005, 21:14

et par rapport à l'image qu'avait fabius avant qu'il devienne antilibéral ? parce que fabius , c'est tout de même , l'homme du tournant de 83, de la non augmentation du SMIC , de la frange droite de la Gauche Plurielle...
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Message par artza » 16 Déc 2005, 21:33

D'accord Thomas, d'accord.

Mais Mitterrand c'était L'ALGERIE FRANCAISE. LA FRANCE DES FLANDRES AU CONGO...

...et Fernand Iveton guillotiné.
Chaque fois qu'on me bassine avec Mitterrand et la peine de mort abolie, je pense à Iveton qui n'a pas pu en bénéficier.

PS: près d'un millier d'algériens ont été condamnés à mort, accusés d'attentats ou d'attaques à main armée. Beaucoup ont été éxécutés. Je n'ai plus le chiffre en tête.
On parle de la torture mais on oublie ces assassinats légaux.
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Message par Thomas » 16 Déc 2005, 21:57

Je ne cherchais pas à euphémiser le caractère réactionnaire de Mitterrand.

Concernant Iveton, je ne le connaissais pas : j'ai cherché sur le net et je suis tombé sur un article de LO :
a écrit :Affaire Yveton : quand Mitterrand votait l'exécution d'un militant communiste
Certains aujourd'hui, qui pourtant savaient, ou étaient en situation de savoir, feignent de s'interroger sur le rôle de Mitterrand. On consent parfois -pas toujours- à nous dire enfin que non seulement il savait, mais qu'il était l'un de ceux qui avaient mis en place le dispositif légal qui laissait à l'armée tout pouvoir de faire la justice - si l'on ose dire - l'autorisant à user de tous les moyens, à commencer par ceux dont Aussaresses se vante d'avoir été l'un des exécuteurs d'une redoutable efficacité professionnelle. La cohorte des zélateurs de Mitterrand essaie de s'en sortir en parlant d'un bilan "contrasté", de "zones d'ombre", mais aussi de "lumière" qui marque sa biographie.

Toutes ces formules littéraires servent d'esquives. La vérité est connue, et non seulement aujourd'hui. Elle était connue à l'époque. Mitterrand s'en cachait à peine lorsqu'il déclarait "L'Algérie, c'est la France" et "la seule négociation, c'est la guerre". Il n'osait pas ajouter "et la torture, la justice expéditive, la terreur". Mais Aussaresses et ses congénères n'avaient pas besoin qu'on leur mette les points sur les i. Cette vérité, dans les années cinquante, ceux qui osaient la dire étaient pourchassés, baillonnés par les autorités qui censuraient ceux qui essayaient de passer outre, ceux qui refusaient, comme bien d'autres, de s'autocensurer. Et le mensonge s'est perpétué, bien au-delà des "événements", quand il a fallu, plus tard, fabriquer la légende de Mitterrand, sauveur de la gauche.

Pourtant, ce serviteur de la bourgeoisie avait du sang, sinon sur les mains, du moins sur la conscience. Du sang de militants qui voulaient libérer leur pays de la tutelle coloniale, du sang de militants communistes.

Tout ceux qui ont vécu cette période connaissaient l'affaire Iveton. Iveton était un militant du Parti Communiste Algérien, employé à la compagnie du gaz d'Algérie. Choisissant de participer en tant que communiste d'origine européenne à la lutte contre le colonialisme français au côté du FLN algérien, il avait dissimulé une bombe dans un local désaffecté de l'entreprise où il travaillait, se proposant de la faire exploser à une heure tardive pour qu'il n'y ait pas de victimes mais seulement des dégâts matériels. Cette bombe n'explosa pas. Dénoncé par un contremaître hostile à ses idées, qui épiait ses faits et gestes, Iveton fut arrêté par la police, en novembre 1956. Torturé, traîné dix jours plus tard devant le tribunal militaire d'Alger, assisté de deux avocats commis d'office, il fut condamné à mort aux termes d'une parodie de procès. Son recours en grâce fut soumis au Conseil supérieur de la magistrature, qui dut se prononcer sur la sentence, avant que le président de la République, ayant le droit de grâce, se décide.

Mitterrand était alors ministre de la Justice d'un gouvernement dirigé par le socialiste Guy Mollet. A ce titre, il siégeait dans ce Conseil de la magistrature et il vota pour que la peine de mort soit appliquée à Iveton. Le même jour qu'Iveton, deux Algériens furent guillotinés, six autres l'avaient été dans les semaines qui avaient précédé ces exécutions. Il y eut bien d'autres condamnations à mort et exécutées au cours de la guerre d'Algérie et nombre de dossiers passèrent sous les yeux de Mitterrand.

Trente ans plus tard, il prétendait ne pas se souvenir de cet épisode. Comme s'il pouvait avoir oublié les choix qu'il avait faits durant cette période. Il a donc menti, mais il ne fut pas le seul. Ils sont nombreux ceux qui ont délibérément occulté cette période, et celles qui ont précédé, ceux qui savaient, politiciens, journalistes, membres des états-majors de l'armée, de la police, du petit monde des affaires. Ils ont menti pour pouvoir accréditer la fable de la transmutation de ce politicien de droite, en prétendu homme de gauche. Si la politique qu'il a pratiquée était une politique de gauche, on est en droit de se demander ce qu'un politicien de droite aurait pu faire de pire !

A. V.


je vais en faire profiter un ami qui est fan de ce cher françois....
Thomas
 
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Message par com_71 » 16 Déc 2005, 22:51

(Thomas @ vendredi 16 décembre 2005 à 21:14 a écrit : et par rapport à l'image qu'avait fabius avant qu'il devienne antilibéral ? parce que fabius , c'est tout de même , l'homme du tournant de 83, de la non augmentation du SMIC , de la frange droite de la Gauche Plurielle...
:roll: :roll:

Mon propos n'était pas de colorier Fabius en rouge (couleur sang contaminé) mais Mitterrand en blanc.

Et avec "Fabius aujourd'hui" je pensais au premier ministre (d'accord c'était plutôt hier), pas celui que tu qualifies de "devenu anti-libéral".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Ottokar » 17 Déc 2005, 17:18

J'ai vu l'émission, elle a été faite en 2002. Depuis, certains des personnages sont morts, ce qui facilite les choses.

Pour résumer : Mitterrand, au début des années gaullistes, en 1960 ou 61, convoque la presse pour annoncer qu'il vient de réchapper à un attentat. On voit sa voiture criblée de balles, et il n'a du son salut qu'à son sang-froid qui lui a fait se cacher dans les jardins de l'Observatoire. Grosse émotion, la cote de mitterrand remonte en flêche... et 8 jours après, l'auteur de l'attentat sort du bois en disant "pas du tout, tout était prévu, d'ailleurs lisez ces lettres que j'ai postées avant, on s'était mis d'accord Mitterand et moi". Retournement de l'opinion, l'extrême droite OAS monte au créneau, Mitterrand est inculpé d'outrage à magistrat, Debré 1er ministre de l'époque en rajoute... et au cours du débat sur la levée de son immunité parlementaire, Mitterrand révèle que, quelques années avant, en tant que ministre de l'Intérieur, il avait eu entre les mains un dossier prouvant que Debré, avant d'avoir été 1er ministre, avant le retour de De Gaulle en 58, s'était impliqué dans la préparation d'un attentat en 57, attentat qui avait fait un mort ! Match nul, l'affaire s'enterre ensuite.

D'après l'émission et les déclarations contradictoires, on comprenait que l'auteur de l'attentat, un arriviste de droite un peu minable, Algérie Française, ex-député, avait voulu faire un coup pour discréditer la classe politique, et surtout la gauche. Il avait apparemment agi de son propre chef, mais il savait que l'extrême droite en profiterait.

Ce que cela montrait surtout, c'est à quel point ce genre de choses (un attentat contre une personnalité de gauche de premier plan, ancien ministre) n'était pas improbable à l'époque, que Mitterrand y avait cru, et n'avait pas voulu chercher la protection de l'appareil d'Etat dont il était membre pourtant, tellement celui-ci était infesté de barbouzes, d'OAS, de fachos divers.

Mitterrand a été ridiculisé et sa carrière politique a failli s'arrêter. Trois ans après, en 65, le fait qu'il accepte le ralliement du PC et que celui-ci soit trop heureux de sortir ainsi du ghetto dans lequel il était confiné, lui a donné cette auréole de gôche qu'on lui a connu et qui l'a porté finalement au pouvoir. Sinon, on aurait eu un Deferre, un Savary, un Mauroy ou un Rocard. On le voit, la face du monde en eût été changée...
Ottokar
 
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