par Ottokar » 17 Déc 2005, 17:18
J'ai vu l'émission, elle a été faite en 2002. Depuis, certains des personnages sont morts, ce qui facilite les choses.
Pour résumer : Mitterrand, au début des années gaullistes, en 1960 ou 61, convoque la presse pour annoncer qu'il vient de réchapper à un attentat. On voit sa voiture criblée de balles, et il n'a du son salut qu'à son sang-froid qui lui a fait se cacher dans les jardins de l'Observatoire. Grosse émotion, la cote de mitterrand remonte en flêche... et 8 jours après, l'auteur de l'attentat sort du bois en disant "pas du tout, tout était prévu, d'ailleurs lisez ces lettres que j'ai postées avant, on s'était mis d'accord Mitterand et moi". Retournement de l'opinion, l'extrême droite OAS monte au créneau, Mitterrand est inculpé d'outrage à magistrat, Debré 1er ministre de l'époque en rajoute... et au cours du débat sur la levée de son immunité parlementaire, Mitterrand révèle que, quelques années avant, en tant que ministre de l'Intérieur, il avait eu entre les mains un dossier prouvant que Debré, avant d'avoir été 1er ministre, avant le retour de De Gaulle en 58, s'était impliqué dans la préparation d'un attentat en 57, attentat qui avait fait un mort ! Match nul, l'affaire s'enterre ensuite.
D'après l'émission et les déclarations contradictoires, on comprenait que l'auteur de l'attentat, un arriviste de droite un peu minable, Algérie Française, ex-député, avait voulu faire un coup pour discréditer la classe politique, et surtout la gauche. Il avait apparemment agi de son propre chef, mais il savait que l'extrême droite en profiterait.
Ce que cela montrait surtout, c'est à quel point ce genre de choses (un attentat contre une personnalité de gauche de premier plan, ancien ministre) n'était pas improbable à l'époque, que Mitterrand y avait cru, et n'avait pas voulu chercher la protection de l'appareil d'Etat dont il était membre pourtant, tellement celui-ci était infesté de barbouzes, d'OAS, de fachos divers.
Mitterrand a été ridiculisé et sa carrière politique a failli s'arrêter. Trois ans après, en 65, le fait qu'il accepte le ralliement du PC et que celui-ci soit trop heureux de sortir ainsi du ghetto dans lequel il était confiné, lui a donné cette auréole de gôche qu'on lui a connu et qui l'a porté finalement au pouvoir. Sinon, on aurait eu un Deferre, un Savary, un Mauroy ou un Rocard. On le voit, la face du monde en eût été changée...