par Gaby » 21 Déc 2005, 01:48
J'ai pris le temps de prendre la dictée, pour que tout le monde puisse en profiter sans nécessiter l'enregistrement. Tu peux vérifier sur le mp3.
Alain Krivine :
"Le Trotskysme en tant que tel c'est l'activité des marxistes, des révolutionnaires, des communistes, face à une dégénérescence située dans le temps qui était le stalinisme. Bon aujourd'hui, aller parler à la nouvelle génération qui se politise et se radicalise, du Trotskysme, je trouve ça assez aberrant... La nouvelle génération vient à l'anticapitalisme du fait justement de l'échec de la sociale-démocratie et du stalinisme de façon complètement différente. Nous on y venait de façon programmatique. A la Sorbonne, il y avait les portraits de Lénine, Marx, selon les goûts, Mao, Trotsky, Engels. Y'a pas une manif de jeunes aujourd'hui où on voit ces portraits, y'a que le Che sur les t-shirts. Donc il faut refonder. En gardant tout ce qu'il y a à garder du passé bien sûr, mais il faut refonder aujourd'hui à la fois un projet de société et à la fois une stratégie pour y accéder, une stratégie révolutionnaire. (...Krivine raconte ensuite comment son discours était incompréhensible en 1969...) La campagne d'Olivier, ça n'a rien à voir. C'est la première fois qu'un candidat d'extrème gauche dégage un tel courant de sympathie, bien au-delà des gens qui partagent ses idées. On a franchi une étape qualitative je crois là. Le fait qu'une partie de la jeunesse du mouvement social et de la jeunesse en France et en Europe se radicalise... On l'a vu... je veux dire autour de José Bové, le développement d'ATTAC, des grèves très dures, les jeunes dans la rue contre Le Pen, le mouvement de 1995... Tout ça depuis 1995. Il y a un tournant décisif dans la situation politique, ici comme ailleurs. Et puis globalement le développement du mouvement d'antimondialisation. Donc le fait qu'on ait une partie du mouvement social et une partie de la jeunesse qui se radicalisent, au moment où la gauche traditionnelle va à droite, c'est-à-dire la sociale-démocratie se sociale-libéralise, le parti communiste se sociale-démocratise, et les Verts s'institutionalisent, et bah là ca laisse un espace béant à l'extrème gauche. Le tournant c'est ça, c'est d'avoir assumer par sa campagne cette convergence entre la radicalisation sociale et le débouché politique. (... Krivine conclue en disant qu'il ne faut pas que la LCR soit les seuls sur ce créneau, sinon ils n'y arriveront pas...) "
Fragments d'un discours révolutionnaire, à l'école des Trotskysmes français, par Jean Birnbaum, épisode n°23.
J'ajoute que si tu te souviens de l'émission de radio où Krivine, Laguiller et Gluckstein étaient invités, il l'a dit de façon tout aussi "explicite". Sincèrement, ca m'étonne que ca te surprenne, ça n'est pas autre chose que l'illustration et la justification de la politique actuelle de la LCR...