CCI

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Puig Antich » 22 Jan 2006, 20:14

a écrit :mais elle est une mine d'enseignement (rapport entre Etat et parti, rapport entre parti et soviets...) pour préparer la future révolution prolétarienne...



d'ailleurs je me demande bien comment le CCI se situe par rapport à ces enseignements et ces rapports parti/état/soviet, vu qu'il se réclame à la fois de la gauche conseilliste germano-hollandaise, et du communisme strictement de parti de Bordiga et de la gauche italienne....
Puig Antich
 
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Message par maurizio » 23 Jan 2006, 00:26

a écrit :d'ailleurs je me demande bien comment le CCI se situe par rapport à ces enseignements et ces rapports parti/état/soviet, vu qu'il se réclame à la fois de la gauche conseilliste germano-hollandaise, et du communisme strictement de parti de Bordiga et de la gauche italienne....


il faut dire déjà que le CCI ne se réclame ni du conseillisme qui pense que le parti, une avant-garde, est inutile à la classe ouvrière....ni du bordiguisme qui tord la barre dans l'autre sens et dit que la classe n'est rien et le parti est tout...

si le CCI se revendique du combat de la gauhe germano hollandaise des années 1920 (KAPD en allemagne et KAPN en Hollande) c'est parce qu'avec le parti communiste d'Italie animé par Bordiga ils vont s'opposer à la dégénérescence opportuniste de la 3e Internationale et sa politique sur différente questions (participation aux élections et aux syndicats, constitution de front unique avec la social-démocratie...). Par contre le CCI critique sévèrement l'évolution conseilliste de la gauche germano hollandaise qui avec ses thèses de 1934 sur le blochévisme va rejeter la révolution russe comme révolution bourgeoise....

l'autre courant duquel se réclame le CCI, est avec lequel il a une filiation directe, c'est la gauche communiste d'italie qui se formera dans l'exil au congrès de Pantin en 1928....mais Bordiga ni sera pas présent....ce dernier se retire de la vie politique jusqu'en 1950...la gauche italienne qui publie Bilan dans les années 1930 n'est donc pas influencée par le bordiguisme....bien au contraire...elle entame une réfléxion sur le rapport parti/état/conseil que poursuivra le CCI...

grosso modo et sans entrer dans les détails , parce qu'il y a de quoi écrire pas mal sur ce sujet complexe, c'est à la classe ouvrière de prendre le pouvoir, c'est à travers ses conseils qu'elle exerce sa dictature, le parti ne saurait s'y substituer (contrairement à ce qu'en pense le bordiguisme) , toutefois le parti est nécessaire et vital (contrairement à ce qu'en pense le conseillisme) parce qu'en tant qu'avant garde, partie la plus consciente, il joue un rôle primordial dans le cheminement de la classe ouvrière vers le plus haut niveau de conscience possible...enfin, l'Etat qui par nature est conservateur ne peut être un facteur révolutionnaire...donc si la dictature du prolétariat ne peut être la dictature du parti est encore moins à travers l'Etat...

pour plus de détail, parce que je maîtrise pas forcément le sujet, il faut voir ce qu'en dit le CCI, notemment dans sa presse....
maurizio
 
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Message par jerome.k.jerome » 23 Jan 2006, 11:41

Puig Antich a demandé
a écrit :d'ailleurs je me demande bien comment le CCI se situe par rapport à ces enseignements et ces rapports parti/état/soviet, vu qu'il se réclame à la fois de la gauche conseilliste germano-hollandaise, et du communisme strictement de parti de Bordiga et de la gauche italienne....

D'abord, sur la méthode... Les révolutionnaires et l'ensemble de la classe ouvrière cherchent à atteindre le plus haut niveau de conscience... Cela signifie qu'il n'est pas question de se voiler la face, d'éviter l'auto-critique... Au contraire, les plus grands révolutionnaires sont justement ceux qui ont su remettre en cause les erreurs de leur prédécesseurs, tirer les leçons de l'Histoire...
C'est pour cela que quand le CCI se revandique des Gauches Germano-hollandaise et Italienne, il ne prend pas en bloc toutes les analyses comme on le ferait au catéchisme. C'est avec un oeil critique, prenant ce qu'il y a de meilleurs (à mon avis). Maurizio a déjà très bien répondu à ce sujet.

Ainsi, la révolution Russe est une immense expérience dont nous devons tirer toutes les réussites, mais aussi analyser les erreurs.
1. L'Etat est naturellement réactionnaire, il tire en permanence la société en arrière (Engels puis Lénine l'ont très bien démontré). C'est pourquoi la fusion du Parti et de l'Etat est une erreure... avec cette configuration, ce n'est pas le Parti qui tire en avant L'Etat mais bien l'Etat qui tire en arrière le Parti.
2. Donc, le Parti doit être indépendant de l'Etat. (Il n'est pas question de nier l'importance du Parti. Par exemple, lors des journées de Juillet durant lesquelles le Gouvernement a fait d'immenses provocations afin d'engendrer une insurrection prématurée et de pouvoir l'écraser dans le sang, l'importance politique du Parti s'est révélé déterminante, vitale).
3. Mais de façon plus importante encore, l'organe de pouvoir de la classe ouvrière, le lieu où elle s'auto-organise, où toute sa nature dynamique et créatrice s'exprime, c'est clairement les Soviets. Les Soviets permettent à l'ensemble de la classe de s'exprimer comme un tout. En cela, il est primordial pour la vitalité de la révolution, que les soviets aient la plus grande liberté, que ce soit eux qui aient le véritable pouvoir politique. C'est pourquoi le contrôle des armes doit rester aux mains des soviets (ça répond aussi en parti à Cronsdat, mais je vais y revenir dans l'autre sujet http://forumlo.cjb.net/index.php?showtopic=4233 ).

Voilà, c'est un peu brouillon, désolé...
jerome.k.jerome
 
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Message par canardos » 23 Jan 2006, 11:56

j'avoue ne pas tres bien saisir ta démonstration, jeromekjérome!

tu dis

a écrit :L'Etat est naturellement réactionnaire, il tire en permanence la société en arrière (Engels puis Lénine l'ont très bien démontré). C'est pourquoi la fusion du Parti et de l'Etat est une erreure... avec cette configuration, ce n'est pas le Parti qui tire en avant L'Etat mais bien l'Etat qui tire en arrière le Parti.



mais tu dis aussi:

a écrit :
Mais de façon plus importante encore, l'organe de pouvoir de la classe ouvrière, le lieu où elle s'auto-organise, où toute sa nature dynamique et créatrice s'exprime, c'est clairement les Soviets. Les Soviets permettent à l'ensemble de la classe de s'exprimer comme un tout.


Or les Soviets, c'est l'Etat ouvrier, dans la conception de Lénine.

et si l'Etat russe a dégénéré c'est que la classe ouvriere russe avec la guerre et la famine a partiellement cessé d'exister et s'est démobilisée, privant ainsi les soviets de substance, pas parce que le parti bolchevik a entravé leur fonctionnement.


et donc quand tu dis le parti bolchevik doit etre indépendant de l'Etat, cela ne veut pas dire grand chose non plus. le role d'un parti c'est de proposer une orientation et une direction politiquie aux travailleurs, et donc d'accepter d'exercer les responsabilités politiques correspondantes dans les soviets quand ceux ci choississent cette orientation.

qu'aurions nous pensé d'un lénine et d'un trotsky qui auraient plaidé la révolution d'octobre mais qui auraient refusé d'etre élus pour la diriger?

cela aurait été de l'irresponsabilité politique et de la lacheté!
canardos
 
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Message par jerome.k.jerome » 23 Jan 2006, 14:53

tes réflexions Canardos ont le méritent de faire réfléchir, de pousser à fonder son argumentation...
Je vais fouiller pour être plus concret et précis...
En attendant, voilà juste une ébauche de réponse à travers une citation de Rosa Luxembourg qui ne comprend pas vraiment ce qui cloche à l'Est mais sent qu'il y a quelque chose (elle critique toujurs en soutenant ce qu'elle nomme la 'grande révolution russe' et en soulignant chaque fois le rôle magistral des bolchévique). C'est comme ça que font les révolutionnaires, reconnaitre leur réussite et leur erreurs tanté de les comprendre pour les dépasser. donc voici un petit extrait de 'la révolution Russe' de Rosa :
a écrit :Lénine dit : l'Etat bourgeois est un instrument d'oppression de la classe ouvrière, l'Etat socialiste est un instrument d'oppression de la bourgeoisie. C'est en quelque sorte l'Etat capitaliste renversé sur la tête. cette conception simpliste oublie l'essentiel : c'est que si la domination de classe de la bourgeoisie n'avait pas besoin d'une éducation politique des masses populaires, tout au moins au-delà de certaines limites assez étroites, pour la dictature prolétarienne, au contraire, elle est l'élément vital, l'air sans lequel elle ne peut vivre.

Et plus loin, elle r'ajoute :
a écrit :le dictature doit être l'oeuvre de la classe et non d'une minorité dirigeante, au nom de la classe, autrement dit, elle doit sortir pas à pas de la participation active des masses, être sous influence directe, soumise au contrôle de l'opinion publique, produit de l'éducation politique croissante des masses populaires.
jerome.k.jerome
 
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Message par Puig Antich » 23 Jan 2006, 16:54

Ben clairement dans l'expérience pratique, je pense que les camarades du CCI ont raison : en Russie, les Soviets et l'Etat se sont distingués, et le second a vidé le contenu des premiers. Si Lénine dit dans sa conception générale de l'Etat que l'Etat ouvrier c'est les soviets, la commune, le demi-état ; il rajoute aprés l'expérience pratique que l'Etat dit soviétique est un état bourgeois sans bourgeoisie ; qu'il a gardé la forme bourgeoise, qu'il est composé de bureaucrates et de techniciens, qu'il maintient les tendances grand-russes d'oppression nationale. Celà ne peut s'expliquer que par la liquidation des soviets comme organe du pouvoir ; la montée en puissance de la bureaucratie ; la dislocation de la classe ouvrière dans la guerre civile.
Puig Antich
 
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Message par Gaby » 23 Jan 2006, 20:04

(Puig Antich @ lundi 23 janvier 2006 à 16:54 a écrit : Ben clairement dans l'expérience pratique, je pense que les camarades du CCI ont raison : en Russie, les Soviets et l'Etat se sont distingués, et le second a vidé le contenu des premiers. Si Lénine dit dans sa conception générale de l'Etat que l'Etat ouvrier c'est les soviets, la commune, le demi-état ; il rajoute aprés l'expérience pratique que l'Etat dit soviétique est un état bourgeois sans bourgeoisie ; qu'il a gardé la forme bourgeoise, qu'il est composé de bureaucrates et de techniciens, qu'il maintient les tendances grand-russes d'oppression nationale. Celà ne peut s'expliquer que par la liquidation des soviets comme organe du pouvoir ; la montée en puissance de la bureaucratie ; la dislocation de la classe ouvrière dans la guerre civile.
La liquidation des soviets elle est bonne. Lénine a appellé les blancs pour leur commander de mener la guerre contre les ouvriers au front, afin que les soviets soient vidés ? :altharion:
Gaby
 
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Message par artza » 23 Jan 2006, 20:16

C'est la guerre civile qui a vidé les soviets. Les éléments les plus jeunes, les plus actifs, les plus courageux ont rejoints les rangs de l'Armée rouge. La plupart y ont pris du galon.
Pendant ce temps là ils n'étaient pas dans leur soviet ni aux assemblées de leur usine. Et des éléments moins conscients, moins aguerris les remplaçaient.

Dans le même temps la production industrielle s'est grandement ralentie voir a cessé. Manque de matières premières, d'énergie, désertion des ingénieurs qui ont quand même quelques utilités. La classe ouvrière s'est en partie dispersée dans les campagnes pour survivre.

Alors dans ces conditions les soviets, la démocratie ouvrière ça ne recouvre plus une réalité.

Je vais prendre un exemple dérisoire mais actuel et donc compréhensible.
Dans une entreprise qu'est-ce que c'est la CGT si on enlève les trois gars du PC et celui de LO. Et ben y a plus de CGT, c'est tout.

Encore une fois que la vie serait belle si la révolution russe avait été saignée dès les journées de Juillet et que Kornilov avait pris le pouvoir au mois d'août 1917, on irait porter des gerbes à l'institut Smolny et au Palais de Tauride bras-dessus, bras-dessous avec Elisabeth Guigou, Claude Allègre et les francs-maçons. :D
artza
 
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Message par Puig Antich » 23 Jan 2006, 20:31

a écrit :La liquidation des soviets elle est bonne. Lénine a appellé les blancs pour leur commander de mener la guerre contre les ouvriers au front, afin que les soviets soient vidés ? altharion.gif



:blink: gné?
Puig Antich
 
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