a écrit :DISPERSION DE GÈNES
Du pollen et des gènes
Comme tous les êtres vivants, les végétaux doivent se reproduire pour assurer leur descendance. Par exemple, les plantes à fleurs libèrent du pollen : la semence mâle qui renferme le matériel génétique de la plante. Emporté par le vent ou par les insectes, le pollen peut rencontrer éventuellement le stigmate – partie femelle – d’une fleur d'une variété sexuellement compatible et ainsi féconder l’ovule pour produire une graine. Par cet événement, appelé pollinisation croisée, les gènes d’une plante peuvent se retrouver dans une plante d'une espèce apparentée. Ce transfert d’information génétique, aussi appelé flux de gènes, s’observe chez de nombreuses plantes à fleurs, particulièrement entre les variétés d’une même espèce comme le canola et la moutarde sauvage.
C’est ce transfert potentiel d’information génétique qui soulève des questions par rapport à la coexistence des cultures traditionnelles, biologiques et génétiquement modifiées (réf. 14,15,16,17).
Du pollen et des gènes d’OGMLe pollen des plantes GM voyage lui aussi. Ces plantes peuvent donc échanger leurs gènes avec des espèces domestiquées ou avec des espèces sauvages sexuellement apparentées.
La nouvelle génération de plantes, issue de la pollinisation, peut alors présenter certains caractères non désirés, comme la résistance à un herbicide.
Le flux de gènes présente donc un risque potentiel associé aux grandes cultures d’OGM. Mais la « pollution génétique » n’a pas systématiquement lieu parce qu’une plante GM produit du pollen. Certaines conditions sont nécessaires :
le pollen de la plante GM doit être transporté par le vent ou par les insectes;
le pollen doit se déplacer sur une certaine distance;
des champs de culture non GM doivent côtoyer des champs de culture GM;
le pollen doit rester viable assez longtemps;
des espèces cultivées ou des espèces sauvages sexuellement apparentées doivent se trouver à proximité des plants GM.
Ainsi, le flux de gènes varie en importance selon le type de culture GM. Le maïs GM semble peu contribuer au phénomène de pollution génétique au Québec. En effet, on ne trouve aucune espèce sauvage sexuellement apparentée au maïs dans les champs québécois.
On ne trouve pas non plus de soja sauvage au Québec ni au Canada. En outre, la plupart du temps, les plants de soja s’autofécondent, c’est-à-dire qu’une plante se reproduit par elle-même. Dans ce cas, il n’y a pas de transfert de gènes vers une autre plante. Le flux de gènes dans les champs de soja GM reste tout de même probable, mais peu élevé.
Par ailleurs, le canola est apparenté à de nombreuses espèces sauvages. Ainsi, non seulement un flux de gènes est possible dans les champs de canola GM, mais il est plus important que dans les autres cultures.
Dans le cas de la pomme de terre GM, le flux génique ne semble pas problématique, puisque la production de semences d’origine est peu importante.
Toutes les plantes ne posent donc pas un problème au regard de la pollution génétique. De plus, tous les caractères nouveaux ne présentent pas un risque potentiel pour l’environnement. Par exemple, un gène conférant un plus haut taux de vitamines ne procure aucun avantage à la plante. Si une population de plantes devait acquérir ce gène, elle ne risquerait pas de devenir nuisible. Par contre, un gène procurant une tolérance à un insecticide ou à un herbicide pourrait causer un impact environnemental négatif (réf. 13). Les plantes qui acquerraient ce gène de tolérance auraient de meilleures chances de survie dans un champ traité avec ce pesticide. Elles pourraient alors devenir envahissantes.
Des études sont en cours afin de mieux cerner l’impact écologique du flux de gènes selon les cultures GM et de mieux planifier la gestion du risque (réf. 3).
Mesures de prévention
Différentes méthodes actuellement à l’étude permettraient de limiter ou de minimiser le flux de gènes entre les cultures non GM et les cultures GM. Ainsi la coexistence entre les différentes cultures serait facilitée.
Mesures physiquesAlterner des zones cultivées avec des zones non cultivées. Maintenir une distance suffisante entre les cultures GM et les espèces sexuellement apparentées avoisinantes. Respecter un espacement minimal de 80 cm entre les rangs lors de l’ensemencement des parcelles (réf. 1). Selon différents chercheurs (réf. 9, 10, 12), la présence de zones tampons aux abords des champs d’OGM semble constituer la méthode la plus efficace. Ces zones cultivées peuvent être semées, soit avec une espèce non attrayante pour les pollinisateurs, soit avec la contrepartie non GM de la culture. La meilleure stratégie semble être la deuxième (réf.

. Néanmoins, le pollen peut voyager sur une distance de plusieurs kilomètres selon les cultures, ce qui complique ce type de méthode (réf. 7).
Mesures biologiques Développer des plantes qui ne libèrent pas de pollen (stérilité mâle) (réf. 4).Par exemple, le flux de gènes du maïs GM peut être limité en développant des plants GM qui ne produisent pas de pollen. Du maïs conventionnel peut être semé aux abords du champ d’OGM afin de servir de donneur de pollen pour le maïs GM et assurer la production des graines de ces plants. Efficace et peu dispendieuse, cette méthode servant à enrayer le flux de gènes serait facile à implanter dans un système de cultures.
Produire des plantes dont les fruits et les graines sont non GM.Les gènes introduits dans les plantes GM se retrouvent, comme c’est le cas pour tous les végétaux, dans les différentes parties de la plante et sont exprimés dans tous les tissus. Or, il suffirait que la protéine procurant une résistance à une maladie racinaire, par exemple, ne s’exprime que dans les racines (réf. 6). En plus d’empêcher le flux de gènes, cette méthode viendrait alléger les inquiétudes relatives à l’impact négatif potentiel de la consommation éventuelle de cultures GM ou de leurs dérivés sur la santé. Cette méthode devrait être au point dans quelques années.
Compromettre la survie des plantes ayant acquis le nouveau gène.Des chercheurs travaillent à développer des OGM qui produiraient une descendance stérile. La reproduction entre une telle plante GM et une plante non GM engendrerait donc un spécimen dont les graines seraient stériles. Ainsi, le nouveau gène ne pourrait pas se retrouver dans la population des plantes apparentées à l’OGM (réf. 11).
Limiter l’expression du nouveau gène aux chloroplastes.Théoriquement, il est possible d’introduire un gène GM dans le génome des chloroplastes, plutôt que dans le noyau de la cellule, afin qu’il ne s’exprime pas dans le pollen (réf. 2). Mais en pratique, les chercheurs ne peuvent pas garantir l’absence complète du nouveau gène dans le pollen de toutes les plantes (réf. 5). Et même si cette méthode était efficace pour limiter le flux de gènes, elle pourrait entraîner d’autres conséquences. En effet, puisque les chloroplastes contiennent un nombre élevé de copies de gènes, le nouveau gène se retrouverait en plus grande quantité dans la plante. Cette situation pourrait augmenter la probabilité de transfert du gène aux micro-organismes du sol lors de la décomposition de la plante (réf. 2). Cette méthode est toujours à l’étude.