a écrit :BORDEAUX (AFP) - Le Premier ministre Dominique de Villepin a affiché mardi sa détermination devant les élus, les syndicats et les salariés du site de la Sogerma de Mérignac (Gironde) pour empêcher la fermeture, qualifiée d'"inacceptable", de cette filiale d'EADS (Paris: NL0000235190 - actualité) d'un millier de personnes.
Lors d'une visite menée au pas de charge, il a rencontré les salariés dans l'usine de Mérignac, puis les syndicats et les élus régionaux à la préfecture de Bordeaux avec un seul mot d'ordre: "oui, il y a un avenir pour ce site industriel" en sauvegardant autant d'emplois que possible.
Le Premier ministre Dominique de Villepin salue les employés de l'usine de Sogerma à Mérignac, le 23 mai 2006
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"Je vous le dis comme je l'ai ressenti sur place. J'ai été frappé par la qualité de ces hommes, de ces femmes, par leur dignité (...) Il y a un savoir-faire, une technologie, une compétence qui méritent d'être défendus", a-t-il indiqué à la presse au terme de ces réunions.
En forte baisse dans les sondages après la crise du CPE et l'affaire Clearstream, le chef du gouvernement a annoncé qu'il rencontrerait mercredi le co-président du groupe EADS Noël Forgeard et qu'il fallait "aller vite". L'Etat est actionnaire d'EADS à hauteur de 15%.
Une nouvelle "réunion de travail avec des dirigeants EADS" et en "présence de la région Aquitaine" doit également avoir lieu mercredi au ministère de l'Emploi.
Le groupe d'aéronautique et de défense a de son côté annoncé, à l'issue d'un conseil d'administration, qu'il allait "étudier la réindustrialisation partielle" du site de sa filiale, en "visant un noyau d'environ 300 emplois", mais sans remettre en cause sa fermeture.
Visite de Dominique de Villepin à l'usine de la Sogerma. Durée: 1mn20
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Intervenant dans la soirée sur France 2, le Premier ministre a estimé que cette annonce était encore insuffisante. "Ce soir EADS avance, évolue. Ils parlent de 300 emplois. Nous voulons aller plus loin", a-t-il déclaré.
"Qu'il y ait dans notre pays, comme partout, des mutations industrielles, c'est normal. Mais que, d'un trait de plume, on décide de supprimer 1.100 emplois, cela est inacceptable", a-t-il ajouté, évoquant "différents projets possibles pour maintenir l'activité à Mérignac".
Cercueil symbolique déposé par des salariés dans le hall de la direction de l'entreprise Sogerma, le 16 mai 2006 à Mérignac
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Pour les syndicats de la Sogerma non plus, cette promesse de maintenir seulement 300 emplois n'est pas suffisante.
Les syndicats, qui ont appelé à manifester mercredi à Paris devant le siège d'EADS, ont toutefois affirmé se sentir "soutenus" après la visite de M. de Villepin.
Le président d'EADS, Noël Forgeard, lors d'une conférence de presse à Berlin le 16 mai 2006
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"On se sent soutenus", s'est félicité Vincent Loizeau, délégué syndical central et représentant de la CFE (Brussels: CFEB.BR - actualité) -CGC. "On s'aperçoit qu'il y a des gens beaucoup plus constructifs" que les dirigeants d'EADS. Le Premier ministre "nous a dit : je prends des engagements et ce ne sont pas des paroles en l'air", a-t-il déclaré à l'issue des entretiens.
Philippe Lozano, délégué CGT, a estimé de son côté : "ça s'est plutôt bien passé. Le Premier ministre a été attentif à nos préoccupations et à nos propositions".
Le "front uni des salariés, des politiques et de la population nous permet de faire front commun contre la décision inique d'EADS".
Enfin pour FO, Bernard Tachoires a estimé que "c'est un atout majeur quand l'actionnaire Etat se déplace".
"On a l'impression que le gouvernement se mobilise. Il doit être particulièrement ferme", a confirmé le président PS de la région Aquitaine Alain Rousset. "J'espère que le front commun se maintiendra, qu'on ne fera pas preuve de naïveté mais plutôt de volontarisme", a-t-il ajouté.
PS-FO-CGT à la botte de Villepin.