a écrit :Schizophrénie : le poids des ans...du père !
Date de création : 10 novembre 2004
Il semble établi que la survenue d’une schizophrénie est sous l’influence de multiples facteurs intervenant à différents moments dans la vie. Le dernier bastion de la recherche dans ce domaine a été l’influence de l’âge parental au moment de la conception.
L’association entre un âge avancé et d’autres pathologies (le cancer, l’achondroplasie…) est connue et attribuée aux mutations « de novo » sporadiques au niveau des spermatozoïdes. Qu’en est-il de l’association schizophrénie et mutations « de novo » au niveau des gamètes males ?
Une large étude suédoise s’est intéressée à ce sujet en étudiant l’âge parental au moment de la conception chez 754 330 personnes nées en Suède et y vivant toujours à 16 ans et l’apparition ou non d’une schizophrénie chez ces mêmes individus.
Après ajustement pour l’exposition à certains risques au moment de la naissance, les facteurs socioéconomiques, les antécédents familial de psychose, et un décès parental prématuré, le risque global ajusté par tranche de 10 ans d’accroissement d’âge du père est de 1,47 (intervalle de confiance de 95% : 1,23 à 1,76) pour la schizophrénie et de 1,12 (0,98 à 1,29) pour les psychoses non schizophréniques non affectives. Cette association entre l’âge paternel au moment de la conception et la schizophrénie se retrouve dans les familles ne présentant aucun antécédent de psychose. Ainsi, le risque relatif par tranche de 10 ans d’accroissement de l’âge du père dans ce groupe est de 1,60 (1,32 à 1,92) contre 0,91 (0,44 à 1,89) dans les familles avec antécédents (p = 0.04). De plus, 15,5 % des cas de schizophrénie dans cette large cohorte pourraient être dus au fait que le père soit âgé de plus de 30 ans à la naissance de son enfant.
Ces résultats confirment qu’un âge paternel avancé est un facteur de risque important et indépendant de schizophrénie. L’association plus forte entre l’âge paternel et la schizophrénie chez les personnes sans antécédent familial procure une preuve supplémentaire que l’accumulation de mutations « de novo » au niveau du sperme contribue au risque global de schizophrénie.
Dr Ilona Merkovic
Sipos A et coll. : « Paternal age and schizophrenia: a population based cohort study.” Br Med J., 2004 ; 329 : 1070-1074. © Copyright 2004
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