Rouge 2011 03/04/2003
Chaque jour le confirme : la guerre en Irak durera des semaines, elle fera de plus en plus de victimes, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se trouveront confrontés à l'hostilité croissante des populations civiles et la déstabilisation accrue du Proche-Orient menacera des pièces maîtresses du dispositif nord-américain, telles l'Egypte et la Jordanie.
Le mouvement antiguerre n'a donc aucune raison... de désarmer. Sa pression, partout sur le globe, a déjà considérablement perturbé les opérations militaires imaginées par le Pentagone. Sa massivité persistante, en dépit du déclenchement des combats, souligne l'illégitimité d'une guerre qui ravage un pays pour le contrôle du pétrole et la suprématie impériale des Etats-Unis. Il prépare une nouvelle journée internationale de manifestations le 12 avril. Celle-ci doit voir des centaines de milliers de personnes descendre, de nouveau, dans les rues d'Europe et du monde.
D'autant qu'en France, Jacques Chirac et son gouvernement auront vite abandonné leur posture d'opposants à la guerre de M. Bush. Négociant déjà l'après-Saddam et le partage des ressources énergétiques de l'Irak, ils laissent l'espace aérien français ouvert au survol des bombardiers de l'US Air Force. Pire, ils avouent souhaiter une victoire rapide de l'alliance anglo-américaine et une administration de l'Irak par l'ONU. Le Premier ministre s'en prend avec virulence à l'antiaméricanisme prétendu des manifestations antiguerre, relayant ainsi les campagnes infâmes assimilant nos manifestations à des démonstrations de haine alors qu'elles ne visent qu'à dire le droit et à défendre la justice et la paix.
Si le régime de Bagdad est une tyrannie sanglante, c'est aux peuples d'Irak et à eux seuls qu'il appartient de s'en débarrasser, de conquérir la démocratie, de construire librement les conditions de leur vie en commun future. Ni la désignation d'un proconsul de la Maison Blanche, ni une administration étrangère s'abritant sous le drapeau des Nations unies ne le permettront.
Nos exigences demeurent donc l'arrêt immédiat de la guerre, le retrait des forces armées d'occupation et le refus de toute forme de coopération française avec une intervention barbare.