Rapport d'un témoin.
Une rumeur file, il est question d'aller mettre le souk au MEDEF. En même temps, on prétend qu'on va organiser une AG. Au siège du MEDEF ? ! ça risque d'être une jolie affaire... ça me semble complètement impossible, mais je suis les syndiqués, juste pour voir.
Mais il se trouve qu'on ne va pas au MEDEF ! J'avais vraiment rien capté ! On va à la fac de science, où le MEDEF a été invité par l'administration pour nous expliquer ce qu'était la professionnalisation. Ha ! C'est comme ça ? Il y a un tract. Je ne l'ai même pas lu ! Je suis vraiment un touriste ! Il y aura des discours ?
Alors on y va, on manque une fois de se perdre, mais on a le temps, on est venu une demi-heure en avance. On voit les belles voitures et on se dit en plaisantant qu'on pourrait bien leur crever les pneus... Mais comme on n'est pas sûr que ces voitures ne soient pas celles des profs, on s'abstient.
Il y a un peu d'agitation. On est nombreux finalement. Certains suggèrent d'aller chopper les intervenants et de les virer manu militari. Ce serait plus simple, de toute façon, on est beaucoup plus nombreux qu'eux. Mais d'autres ne sont contre : ils prétendent qu'il y aurait plus de trente intervenants, ce qui me paraît absurde, mais on ne peut pas le faire si tout le monde n'est pas d'accord.
On entre entourés d'hommes en cravate, et on prend leur petite brochure. Ils ont branché leur ordinateur sur un projecteur qui affiche déjà sur un immense écran la présentation qu'ils ont préparée. Il y a plein de garçonnets et de fillettes bien propres et bien habillés avec la raie sur le côté. Comme ils sont mignons...
Vu la composition de la salle, les syndiqués finissent par se mettre d'accord sur le fait qu'il n'y aura pas vraiment possibilité de discuter pacifiquement. Il y a déjà beaucoup de bruit. Lorsque le message est passé et entendu, les syndiqués commencent à crier des slogans et à chanter des chants révolutionnaires en tapant sur les tables.
Du genre :
"Parisot une balle, le medef une rafale !"
ou bien :
"On veut tous, un emploi fictif et un logement de fonction !"
ou encore :
"pend, pend, pend ton patron, t'aura sa galette ; pend, pend, pend ton patron t'aura son pognon. Si tu pends pas l'patron..."
Enfin vous connaissez. Il y a eut aussi un slogan de mauvais goût :
"vite, les Kmers rouges, avec eux au moins ça bouge."
Mais c'était pas dit très sérieusement.
Il y avait aussi des interpellations :
"Cassez-vous ! On veut pas de vous dans nos fac !"
" Le medef hors des facs ! Toi, tu fermes ta gueule et tu te casses !"
" Arrête de sourire, imbécile ! Tu prends ton manteau et tu te casses !"
et bien sûr :
"debout, les damnés de la terre..."
et encore :
"Sauf des mouchards et des gendarmes..."
Et puis on leur a jeter leurs foutus papiers à la gueule.
Alors on a vu des choses incroyables se passer. Il y a eu des petits droitiers, et même des intervenants, qui sont venus essayer de nous persuader de laisser la réunion se tenir. Une femme a dit à un camarade qu'elle était patron, et que vu tous les efforts qu'ils faisaient pour les travailleurs ils avaient bien le droit de s'exprimer ici. Alors ce camarade lui a rétorqué : « Mais on ne t'aime pas toi. Casse-toi. On est des bolcheviques et des anarchistes ici, on veut pas de toi ici. ». Et vous savez ce qu'elle lui a répondu ? « Eh bien toi, je t'embaucherais pas ! » C'est vraiment trop comique ! Ils sont naïfs au medef !
Et puis on a eu les naïfs pragmatiques, mais tout aussi con. Un droitier à interpellé un camarade, et lui a dit : « viens, toi. On va s'expliquer dehors ! » Comment c'est possible d'être aussi con ? Il croyait qu'il y allait avoir un camarade qui allait sortir tout seul pour se faire péter la gueule à dix contre un, alors qu'on n'était les plus nombreux dans la salle ? Il est vraiment trop con.
Après, un camarade est intervenu pour exiger la tenue d'une AG démocratique. Personnellement, j'ai trouvé ça stupide. Mais il ne faut jamais sous-estimer la stupidité de son adversaire. Un autre droitier a demandé au micro qui étaient contre le medef et qui était pour. Évidemment, 40,50,60 mains levées contre, et même pas dix pour. « Mais il est avec nous ? Ai-je demandé. C'est un communiste infiltré au medef ? » C'est pas possible d'être aussi con !
Comme crier et chanter ça donne soif, un camarade a piqué les bouteilles sur le bureau du medef. Encore un attentat à la propriété privé.
Cependant la tention montait, parce que certains intervenants ne voulaient pas partir, et donc, personne ne partait. Il y avait un camarade qui passait dans les rangs et qui disait à le monde de ne pas se disperser. « Personne ne va pisser tout seul. Si on sort, on part tous ensemble. » Un autre camarade a pris la parole pour dire : « le medef ne sort pas de la salle parce qu'il espère des accrochages. Faites attention ! Pas de violence ! » Et c'était aussi vraiment très comique d'accuser le medef de provocation.
Plus tard, des camarades ont discuté avec les droitiers, mais moi j'étais contre. Je ne voyais pas comment après avoir cassé leur réunion on pouvait discuter tranquillement. Heureusement, il n'y a pas eu de bagarres. On est sorti par la porte du dessous et eux par la porte du dessus.
Voilà... Des avis ? Des commantaires ?