Pour ne pas recommencer l'erreur des bio technologie, les différents intervenants des nanotechnologies ont décidé de procéder autrement. Au lieu d'imposer des avis d'experts, il a été décidé la mise en place de "conférence de citoyens" qui doivent permettre une discussion plus dépassionnée entre la population, les chercheurs, l'état, les entreprises Premier bilan dans libé :
un article de Sylvestre HUET dans libération. Mardi 23 janvier 2007
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Finalement, les citoyens montrent «un optimisme raisonnable». Marc Lipinski, vice-président (écologiste) du Crif (conseil régional d'Ile-de-France) en charge de la recherche, présentait ainsi, hier, «l'avis de la conférence de citoyens sur les nanotechnologies». Les nanotechnologies, un «vaste sujet», avoue Lipinski. Elles recouvrent l'exploration et la manipulation de la matière au niveau nanométrique, autrement dit celui des atomes et des molécules. Mais, surtout, les technologies qui commencent tout juste à en découler dépassent la miniaturisation extrême de l'électronique : des implants neuronaux aux matériaux nanostructurés en passant par des nanoparticules (agrégat de quelques centaines d'atomes) aux propriétés étonnantes... Le tout promettant de nouveaux savoirs, de nouveaux pouvoirs et donc de nouveaux risques et inquiétudes... D'où la conférence de citoyens.
«Donnant donnant». Inventée au Danemark, cette procédure permet à un groupe de citoyens «non experts» de s'exprimer sur une politique publique. La méthode permet à la population d'intervenir dans des dossiers généralement confisqués par une technostructure où scientifiques, industries et politiques se tiennent la main. Aussi, quand le Crif décide en 2006 de soutenir le réseau francilien du CNRS C'nano par 4,7 millions d'euros, l'élu vert exige un «donnant donnant» : la subvention contre la conférence, qui aura coûté 200 000 euros. Seize Franciliens, choisis par l'Ifop, se sont donc livrés, avec plaisir, à l'exercice. Le groupe a bien tenu le coup. A une exception près une femme au chômage ayant trouvé un emploi l'occupant le samedi les seize citoyens d'Ile-de-France étaient réunis à la Cité universitaire le 20 janvier, pour une journée d'auditions d'experts. Après trois week-ends de formation, ils refusent de justifier leur assiduité par les 400 euros qui leur seront versés : «Le droit de vote c'est aussi le devoir de s'informer pour l'exercer», lance Abib. Assez fier de l'aspect «black, blanc, beur» d'une équipe où les âges vont de 21 à 70 ans, à parité sexuelle, avec des niveaux de formation plutôt modestes et des métiers allant de cariste à chef d'entreprise.
Les auditions de samedi ont illustré l'ambivalence des nanotechnologies. «Les implants thérapeutiques, c'est génial, mais ce qui me chagrine ce sont les dérives possibles, il faut des garde-fous», dit Sherazade. Ce qui suppose, insiste le docteur François Berger, membre du comité d'éthique du programme européen Nano2life, «une éthique et une surveillance constante afin d'éviter des dérives. L'interdiction de tout implant cérébral pour autre chose qu'une application médicale clairement identifiée et contrôlée doit être respectée». Le même, toutefois, avertit : «L'origine des dérives n'est pas dans la technologie. On peut manipuler les esprits avec la simple parole. C'est dans la société qu'il faut les combattre.» Reprenant cette ambivalence, leur «avis», rendu public hier (1) recommande, à la majorité, «un soutien aux nanotechnologies en raison des perspectives ouvertes pour la médecine, l'énergie ou la création d'emplois». Mais les citoyens notent «le manque manifeste d'information sur les risques» : dissémination de nanoparticules sans connaître leur impact sur la santé ou l'environnement, utilisation d'implants pour augmenter les performances, piratage de données personnelles... Ils demandent donc que ce soutien soit accompagné de «conditions» : une information des consommateurs sur les risques, une recherche publique correctement financée pour connaître ces derniers, des réglementations protectrices pour l'environnement et la santé, et une instance de surveillance.
Jargon. Prenant acte de ces recommandations, Marc Lipinski, propose d'inclure des associations dans la «gouvernance» des réseaux subventionnés, annonce un financement pour des études toxicologiques et promet de porter au niveau national la demande d'un observatoire des nanotechnologies. Procédure rarement utilisée, la Conférence de citoyens a montré là, sa pertinence. Tant par ses recommandations que par sa tenue même qui a obligé des scientifiques (CEA, CNRS), des industriels (Lafarge, STMicroelectronics, L'Oréal), à venir s'expliquer sans le secours du jargon. D'autres n'ont pas «joué le jeu», regrette Gérard Toulouse, du comité de pilotage, «comme Michelin ou les parlementaires qui ont refusé l'invitation». [/quote]