Et "attention chef d'oeuvre" j'ai vu "a l'ouest des rails", de wang bing. Il décrit la fin de la plus grosse zone industrielle au temps révolu du maoisme. Ce gros mastodonte est aujourdhui liquidé, et ses 100000 travailleurs (ça a déja bien réduit) sont promis au chomage et a la misére. C'est assez génial et ça dure 9 heures. J'ai vu un des épisode (de 2 heures) au cinoche, et c'est bougrement impressionnant !
une critique qui m'a l'air pas mal
a écrit : Au terme de 5 heures de visionnage de l’œuvre monumentale du cinéaste chinois Wang Bing (qui en compte 9 au total et dont j’ai vue deux parties distinctes : Vestiges et A L’Ouest des Rails), un sentiment d’éblouissement un peu hébété s’est emparé de moi.
Pourtant, l’esthétique du film ne justifie pas de prime abord un tel ensorcellement du regard. C’est que l’essentiel se joue ailleurs que dans cette réalisation fragile, improbable et aussi précaire que la situation des habitants de ce quartier populaire du nord de la Chine, ravagé par la crise industrielle.
L’intérêt tient dans l’implication de tous les instants du propre corps du cinéaste, arpenteur infatigable, qui marche sur les talons de ceux qu’il filme, dans la neige, dans la boue et l’espace déserté des usines. La caméra se perd dans les ruelles exiguës d’un quartier en sursis. La réalisation se soumet à l’aléatoire des déplacements des sujets filmés. Comme le soulignait François Bégaudeau, lors d’un passionnant débat avec Vincent Dieutre, « la mythologie de la discrétion », doxa du documentaire, s’efface ici. Le réalisateur ne se tient plus en retrait et s’implique complètement jusqu’à fumer, boire, avoir froid et courir avec les habitants. En somme, Wang Bing s’affranchit avec bonheur de tous les impératifs du documentaire, pour s’autoriser des licences enthousiasmantes.
Les décors se chargent d’une dimension mortifère (vu de haut et recouvert de neige, le quartier de l’Arc en Ciel ressemble à s’y méprendre à un cimetière). Parce que le cinéaste est présent à chaque instant, on pourrait parler d'un double travail d'accompagnement. Au sens le plus littéral du terme (sa simple présence), mais surtout en raison de sa démarche emplie de compassion et tournée vers la finitude (ou accompagner dans la mort). Wang Bing filme la mort au travail : celle avant tout du communisme. La fin de l’ère collectiviste n’annihile pas la solidarité entre les survivants de cette époque révolue.
Wang Bing enregistre la survie au quotidien. Tout fait l’objet d’un recyclage : de la charpente métallique d’une toiture, au câble d’acier, en passant par le bois pour se chauffer. Si la misère est présente, nul misérabilisme ici, mais bien le courage.
De 1999 à 2001, Wang Bing a filmé magistralement la chute d’un mythe politique, thème qui pourtant n’est pas évoqué frontalement. En imposant l’immédiateté physique de ses plans, le cinéaste parvient à rendre le corps/décor de ses sujets éminemment politiques.
Cette œuvre est visible dans une salle à Paris. Dieutre racontait qu’il avait vu le film projeté dans son intégralité à Lisbonne. Neuf heures pendant lesquelles il entrait et sortait pour aller fumer des cigarettes ou boire un coup. Preuve que, A L’Ouest des Rails, documentaire non narratif, mû par une incroyable liberté, autorise le spectateur à exercer la sienne, par ricochets. Wang Bing ou l’art de faire société.
Sandrine Marques
Y'a un film de lui qui devrait (normalement) sortir en salle dans pas trop longtemps (enfin, théoriquement) Ca s'appelle "Brutal Factory" et d'aprés ce que je sais, ça parle des conditions de travail dans les zones de "développement maximum"....