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Universités : Pécresse sauve sa réforme sur l'autonomie
L'Elysée examinera la question conflictuelle de la sélection après le vote de la loi
Le gouvernement estime avoir sauvé l'essentiel de sa réforme sur l'autonomie des universités. " Avoir une adhésion très large sur cette réforme différée pendant vingt ans, c'est une avancée considérable. La concertation a été un temps intense, un temps utile ", estime Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur.
Trois jours après l'intervention de Nicolas Sarkozy dans la négociation avec les syndicats enseignants et étudiants, une nouvelle version du projet de loi de Valérie Pécresse a été présentée aux partenaires sociaux mercredi 27 juin. Transmise au Conseil d'Etat jeudi, elle sera examinée en conseil des ministres le 4 juillet. " C'est un mini-psychodrame qui a abouti à un équilibre ", décrypte un membre du gouvernement.
Cette nouvelle version, qui généralise l'autonomie des universités, donne des gages aux opposants à la réforme. Les organisations d'étudiants ont réclamé avec succès l'abandon de la sélection à l'entrée du master. La Conférence des présidents d'université a obtenu que le nombre de membres des conseils d'administration puisse être porté à 30 (contre 20 dans le projet initial) et que l'autonomie soit généralisée dans les cinq ans, afin de ne pas instaurer une " université à deux vitesses ".
Pourtant, il y a moins d'une semaine, le divorce avec les organisations étudiantes semblait consommé, justifiant une intervention directe de Nicolas Sarkozy dans la négociation. " La résistance est venue de notre souhait de trop bien faire ", en proposant de rendre l'autonomie optionnelle pour chaque université, estime Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée. " Jamais nous n'avons évoqué la sélection en master au cours des derniers mois, je ne sais pas comment cela est arrivé dans le texte ", ajoute-t-il. Certains conseillers de l'Elysée et de Matignon auraient milité pour une version plus " dure " de ce texte. A l'instar de certains députés de la majorité, comme Pierre Lellouche et Claude Goasguen, qui, au nom des libéraux, auraient souhaité que le gouvernement s'engage sur la sélection. En difficulté et critiquée au sein même du gouvernement, Mme Pécresse est revenue dans le jeu grâce à l'intervention du président.
La sélection n'est pas pour autant définitivement abandonnée. M. Guéant affirme qu'" il n'y a pas d'opposition de principe sur ce point, mais une volonté de le traiter plus longuement, plus tard dans un texte spécifique ". De son côté, Mme Pécresse confirme : " Il y a une question de temps politique. Nos partenaires de concertation jugeaient prématuré de l'aborder dans le cadre d'une loi qui porte sur l'organisation de l'université. Aujourd'hui, il y a de la sélection déguisée en master. Cette question sera traitée dans une deuxième étape de réforme.
L'UNEF et les syndicats enseignants se contentent de peu. Car c'est l'autonomie qui va pousser les facs dans la voie où le gouvernement veut les faire aller : une séparation entre d'un côté des facs d'élite, avec masters (bac +5) et équipes de recherche internationalement cotés, financements privés pourquoi pas et liberté de recrutement (et surtout de rémunération) de profs prestigieux, et de l'autre des facs ordinaires, limitées à bac + 3 (les licences).
Le droit à la culture pour tous, les perspectives de promotion des jeunes pour ne pas parler de l'égalité des chances, qui n'a jamais existé, elles s'éloigneront encore. Mais les symboles restent. "Le gouvernement a reculé", ou "pas de sélection" et Julliard, quia été reçu à l'Elysée, comme un grand s'il vous plait, il est heureux...