la réforme des universités

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Barnabé » 05 Juil 2007, 14:56

Tribune de la fraction dans la dernière LO:
a écrit :
Lutte Ouvrière n°2031 du 6 juillet 2007
Tribune de la minorité
Réforme de l'université : reculade de Sarkozy ou des syndicats ?


À entendre des dirigeants syndicaux après que Sarkozy les ait reçus à l'Élysée le 25 juin, on pouvait presque croire que celui-ci avait reculé sur la réforme de l'université... Le secrétaire de la FSU, Gérard Aschieri se disait «  optimiste, même si tous les points ne sont pas réglés ». Le Snesup principal syndicat d'enseignants du supérieur et membre de la FSU, s'est réjoui que « la protestation des personnels, des étudiants et de leurs organisations syndicales ait pu être un tant soit peu entendue » même s'il continue à juger que le projet « n'est pas acceptable ». Tout sourire, lui, Bruno Julliard (Unef) l'a estimé «  plutôt positif. (...) On a maintenant l'espoir d'éviter une crise grave et une mobilisation à la rentrée ». Et pour être encore un peu plus sûr de désamorcer une telle mobilisation, le brave petit pompier volontaire en rajoutait le lendemain, après avoir parloté avec la ministre Valérie Pécresse : «  Aujourd'hui nous sauvons l'essentiel. (...) L'essentiel de nos remarques a été intégré au nouveau texte. »

Pourtant pas de quoi être fier !

Une réforme dangereuse.

L'essentiel du projet demeure.

Sous le drapeau de l'autonomie des universités, il s'agit en réalité de les laisser se hiérarchiser davantage, avec à la clé : mise en concurrence des universités dites prestigieuses, capables d'attirer à la fois les meilleurs étudiants (ou les plus favorisés) et les meilleurs financements privés, avec des petites facs laissées pour compte. Augmentation considérable des droits d'inscription, en particulier dans les meilleures facs. Diplômes de valeur inégale. Recrutement direct et décentralisé de personnels de plus en plus précaires, et soumis à la hiérarchie locale. Vente du patrimoine immobilier des facs et soumission accrue aux exigences de grandes entreprises privées dont les universités dites « autonomes » dépendraient en partie pour assurer leur survie financière.

Pour vanter son projet le gouvernement a beau jeu de dénoncer l'état actuel des facs, tant elles manquent de moyens pour recruter du personnel et entretenir leurs locaux. Sans compter que la grande masse des étudiants se heurte au chômage et à une précarité grandissante, qui les condamnent à accepter des emplois pour le moins décevants par rapport à leurs ambitions de jeunes diplômés ! Mais loin de régler ces problèmes, il les aggravera. Et quand Sarkozy promet de donner à l'enseignement supérieur la somme, en fait assez modeste, d'un milliard d'euros supplémentaires par an, il compte bien la réserver à « l'élite » du supérieur, qui est aussi l'élite du fric. Il pourrait d'ailleurs prendre ces milliards... dans les collèges et les lycées où l'on supprime les postes à tour de bras.

Sarkozy et ses gros sabots.

Décidé à lancer une réforme de longue haleine, le gouvernement pouvait bien retarder... d'une semaine l'examen au conseil des ministres de ce projet de loi, destiné à être voté pas plus tard que fin juillet, quand tout le monde est en vacances. Le temps de jeter quelques menues miettes en pâture à ses chers «  partenaires sociaux ». Il n'y aurait pas de sélection à l'entrée en « master 1  » (la quatrième année après le bac), les universités n'accéderaient pas à l'autonomie au volontariat (puisque toutes y basculeraient), et il y aurait davantage de sièges réservés aux représentants des étudiants aux conseils d'administration des facs (ce qui ne coûte ni ne change rien).

Quel grand recul !

On comprend que Valérie Pécresse ait gardé le sourire : « Ce qui est important, au-delà des ajustements apportés, c'est l'adhésion très forte au principe d'autonomie. Il y a eu une prise de conscience, on ne discute plus finalement que des modalités », expliquait-t-elle, tout à fait zen, à Libération le 28 juin.

Il est à noter au passage que « Renforcer l'autonomie des universités », faisait aussi partie des 100 propositions de la candidate socialiste, chère à bien de ces dirigeants syndicaux. Quant aux présidents d'universités, nombre d'entre eux se verraient volontiers en dirigeants d'entreprises, libres d'embaucher ou débaucher du personnel précaire pour économiser sur leurs budgets et libres de multiplier, pour arrondir ceux-ci, les contrats avec les entreprises privées. Pratiques qui existent déjà en partie, il est vrai, mais que la loi compte généraliser.

D'où la stratégie de Sarkozy qui se veut finaude : d'abord mettre en place le socle de la réforme, l'autonomie des universités ; ne tirer que plus tard le reste de la pelote, en misant sur le fait que lorsque les étudiants verront leurs frais augmenter il sera trop tard pour protester. Sarkozy oublie-t-il que les étudiants ont fait remballer à son collègue Villepin quelques articles de loi sur le CPE alors qu'ils avaient été votés et qu'il était « trop tard » ?

Avec des dirigeants syndicaux résignés voire consentants, si lutte il y a, l'initiative ne viendra pas d'eux. Mais ne leur en déplaise, la vie des facs n'est pas un long fleuve tranquille. La semaine dernière quelques centaines de profs, d'étudiants et aussi d'Atoss, les personnels non enseignants des facs, se sont réunis à Lyon, à Jussieu, à Toulouse pour dénoncer la réforme. Ils pourraient bien donner le signal du grand chahut de la rentrée.

Bernard RUDELLI.
Barnabé
 
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Message par Leonid » 07 Juil 2007, 02:44

Aujourd'hui, les militants étudiants JCR de Nanterre qui interviennent en tendance organisée au sein de l'UNEF tenaient les tables syndicales sur leur université.

Certains d'entre eux ont décidés de diffuser aux étudiants venus s'inscrire le tract unitaire rédigé et signé par des organisations syndicales d'étudiants et de salariés contre le projet de loi d'autonomnie des universités.

Les représentants de la bureaucratie syndicale, présents à leurs côtés, les ont menacés de ne pas filer le matériel nécessaire pour syndiquer des étudiants si ils continuaient à diffuser ce tract.

Bien entendu, les camarades des JCR concernés ont refusés. Ils sont donc allés chercher ce matériel sur la table des bureaucrates. Ces derniers ont ripostés en envoyant un de leurs larbins renverser la table que tenait les militants de la TUUD ( tendance syndicale animée essentiellement par des JCR ). Nos militants ont ripostés en fesant de même. Les bureaucrates se sont barrés pendant environ 1 heure, le temps de passer un coup de fil à leur hiérarchie qui a remenacé les militants syndicaux de la TUUD d'une nouvelle exclusion.

Ca promet.
Leonid
 
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Message par tatatitakité » 07 Juil 2007, 07:24

[Copié-collé du site du SNESUP

Le projet de loi dit "autonomie renforcée" ou maintenant "liberté des universités" ( !) avance avec son lot considérable de régressions démocratiques, d'explosions des statuts et des missions-mêmes des universitaires.

Le SNESUP pose clairement le refus de ce texte dont il demande le retrait ; simultanément, il réclame un immédiat collectif budgétaire que nous avons chiffré à 600 millions d'euros et construit avec bien d’autres les propositions d'une amélioration réelle de l’enseignement supérieur et de la recherche publics.

Un collectif budgétaire est urgent et indispensable pour améliorer les conditions de la rentrée ; il devrait se décliner selon la proposition que nous avons déposée à l’Elysée et à Matignon ainsi qu'auprès de tous les parlementaires (sénateurs et députés) cette semaine :

• 200 millions d’euros pour l’aide diversifiée aux étudiants (aide sociale, CROUS, etc.)

• 150 millions pour travaux de sécurité, mise en conformité et réhabilitation de locaux universitaires

• 130 millions pour les jeunes ATER, doctorants, le demi service d’enseignement pour les nouveaux maîtres de conférences et les congés pour recherches et conversion thématique (CRCT)

• 120 millions de moyens supplémentaires pour la rénovation des 1er cycles, bibliothèques, personnels administratifs et techniques, et les innovations pédagogiques

Des initiatives variées (assemblées générales, rassemblements, pétitions, motions) montrent que la communauté universitaire rejette largement le contenu et le calendrier du projet de loi gouvernemental. Plus d'une vingtaine (voir site http://www.snesup.fr constamment réactualisé qui atteste de la dynamique en cours) de conseils d'université ou réunion des 3 conseils (CA, CS, CEVU) se sont exprimés en ce sens. Le SNESUP contribue à l’amplification de cette protestation dans les jours à venir dans d’autres universités et en faisant largement connaître ces positions aux médias et aux élus locaux.

La tenue de la première phase des « assises de l’enseignement supérieur et de la recherche » à Paris ce lundi 2 juillet, comme le texte d'étape rendu public ce jour, montrent que des transformations en profondeur de l’enseignement supérieur et de la recherche sont des aspirations fortes du mouvement universitaire et de la société. Pour une authentique démocratisation du supérieur, pour le rapprochement concerté des filières (CPGE, écoles, universités, paramédical, gestion, etc.…) au sein du service public, pour la réussite des étudiants, pour la reconnaissance des qualifications, celle des statuts, les indispensables mobilisations des jours à venir construiront la dynamique sociale de la rentrée. ]

On peut évidemment penser que
]

On peut évidemment penser que la riposte est insuffisante, de là à dire que le SNESUP est satisfait par le nouveau texte.....
tatatitakité
 
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Message par Thersite » 08 Juil 2007, 00:48

(AxelPersson @ samedi 7 juillet 2007 à 03:44 a écrit : Aujourd'hui, les militants étudiants JCR de Nanterre qui interviennent en tendance organisée au sein de l'UNEF tenaient les tables syndicales sur leur université.

Certains d'entre eux ont décidés de diffuser aux étudiants venus s'inscrire le tract unitaire rédigé et signé par des organisations syndicales d'étudiants et de salariés contre le projet de loi d'autonomnie des universités.

Les représentants de la bureaucratie syndicale, présents à leurs côtés, les ont menacés de ne pas filer le matériel nécessaire pour syndiquer des étudiants si ils continuaient à diffuser ce tract.

Bien entendu, les camarades des JCR concernés ont refusés. Ils sont donc allés chercher ce matériel sur la table des bureaucrates. Ces derniers ont ripostés en envoyant un de leurs larbins renverser la table que tenait les militants de la TUUD ( tendance syndicale animée essentiellement par des JCR ). Nos militants ont ripostés en fesant de même. Les bureaucrates se sont barrés pendant environ 1 heure, le temps de passer un coup de fil à leur hiérarchie qui a remenacé les militants syndicaux de la TUUD d'une nouvelle exclusion.

Ca promet.
:rofl:
C'est Verdun à l'UNEF...
Tag affiché dans ma fac depuis la lutte contre le CPE :
a écrit :Au temps de l'esclavage, l'UNEF aurait négocié la longueur de la chaîne...

:hinhin:
Thersite
 
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Message par Boutanche » 08 Juil 2007, 15:17

a écrit :La fédération des syndicats SUD Etudiant rejette le projet de loi d’autonomie des universités

Le gouvernement vient d’annoncer les modifications de son projet de loi d’autonomie. Considérant que les modifications apportées ne remettent aucunement en cause le fond de la loi, la fédération des syndicats SUD étudiant rejette en bloc ce projet et appelle à construire la mobilisation afin d’obtenir le retrait intégral du projet de loi.

Les négociations ont porté sur trois points : la composition des conseils d’administrations. Elle n’a été que très légèrement modifiée. Ceci ne suffira ni à régler les problèmes de démocratie qui sont présents à l’université, ni à enrayer l’emprise croissante du patronat sur l’éducation publique.

la sélection en Master 1. Cependant, la sélection persiste dès l’entrée à l’université via l’orientation active. D’autre part, ce projet entérine la suppression de la partie de l’article L 612-3 du code de l’éducation de 1984 « les dispositions relatives à la répartition entre les établissements et les formations excluent toute sélection »

Toutes les universités deviendront simultanément autonomes. Or cela va à l’encontre de l’intérêt des étudiant-e-s et des personnel-le-s.

Cette concertation de façade ne satisfait que le gouvernement et ses partenaires (unef, cé, cpu). La plupart des organisations de salarié-e-s continuent de condamner le projet. En effet, la loi d’autonomie détruit les acquis et droits des personnels, en particulier la contractualisation générale de leurs statuts.

C’est pourquoi la fédération des syndicats SUD étudiant soutient les personel-le-s et étudiant-e-s déjà réuni-e-s en Assemblée Générale et l’ensemble de la communauté universitaire à les rejoindre et à se mobiliser dès la rentrée.

La Fédération des Syndicats Sud Etudiant, réunie en Congrès au Havre


Moi ce qui me fait bien rire, c'est de voir qu'au sein de l'UNEF il y a des gens bien plus radicaux qu'à SUD étudiant...
Boutanche
 
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Message par Puig Antich » 08 Juil 2007, 15:42

Plus radicaux en quoi ? Ils demandent le retrait comme tout le monde, point barre, non ?
Puig Antich
 
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Message par Boutanche » 08 Juil 2007, 15:56

On connait des gens à l'UNEF qui sont contre l'autonomie des universités, là SUD nous montre qu'ils sont pas contre l'autonomie mais contre le projet de loi Pécresse.

Il appellent à "construire la mobilisation" au moment même où les organisations appellent à des réunions nationales et interorganisations : ils pourraient en faire écho ou au pire expliquer que ceux qui n'attendent pas la rentrer pour faire des trucs ne doivent pas être ignorés...

a écrit :Toutes les universités deviendront simultanément autonomes. Or cela va à l’encontre de l’intérêt des étudiant-e-s et des personnel-le-s.


Par contre c'est leur intérêt de devenir autonomes de manière non-simultanée ?

...

La vérité : c'est que je suis ennervé : ça fait deux semaines que la FSE tente de faire quelque chose avec SUD. Ils nous répondent à peine, ils font les hautains et se prennent pour l'aristocratie de la lutte... Avec une attitude pareil, il pourait faire autre sorte qu'un communiqué justement : comme tout le monde !!!

Ce communiqué là il aurait pu être signé par l'UNEF et la FSU... J'attendais autre chose de la part de certains syndicats étudiants.
Boutanche
 
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Message par Puig Antich » 08 Juil 2007, 16:57

De toute façon il a toujours été plus efficace de travailler avec les militants combatifs de l'UNEF qu'avec SUD, qui n'a aucune vraie réalité militante sauf exceptions locales, et dont les sections éclatent régulièrement pour se fondre de façon complétement spontanéiste dans tout ce qui bouge.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 14 Juil 2007, 19:52

a écrit :L'UNEF condamne les modifications apportées par le Sénat au projet de loi sur les libertés des universités (13.07.07)

Alors que l’UNEF avait déjà de grandes inquiétudes quant au projet de loi proposé par le gouvernement, les amendements adoptés par le Sénat aggrave la loi sur l’autonomie des universités. C’est notamment le cas pour l’élection du président de l’Université, désormais ouverte aux personnalités extérieures à la communauté universitaire.

De plus, aucune des améliorations demandées par l’UNEF et par d’autres membres de la communauté universitaire n’ont été retenues, qu’il s’agisse du statut des personnels, des contrepouvoirs au président de l’université ou de la lutte contre les inégalités entre établissements.

L’UNEF considère que le nouveau texte remet en cause le très fragile équilibre proposé par le gouvernement.

L’UNEF demande fermement à l’assemblée nationale d’améliorer sensiblement le texte.

L’UNEF met en garde le gouvernement sur les conséquences d’une adoption d’un texte en l’état inacceptable.



L'UNEF change encore d'avis. De toute évidence, elle sera contrainte de réclamer le retrait pur et simple du texte. Elle n'aura gagné par ses alternoiements que de désorienter ses propres militants et aborder la mobilisation dans des conditions plus mauvaises ; ainsi qu'à se faire passer pour des gros droitiers par des gens qui ne le sont franchement pas moins. Même le SGEN CFDT est pour l'abandon du texte...

Il n'y a bien que le SNES pour considérer que "ça ne concerne que le supérieur". Mais il va bien falloir qu'il tienne compte aussi de l'exaspérations des profs face aux attaques contre leurs statuts, la carte scolaire, les postes non renouvellés.

Et il n'y a bien qu'une grève générale de toute l'éducation nationale, de la maternelle à l'université, préparée pas à pas et de manière centralisée, qui pourra infliger sur tous ces projets antisociaux une première défaite au gouvernement Sarkozy, et contribuer à entraîner massivement les travailleurs dans la bagarre lors des combats à venir. Et cette fois çi, les enseignants ne se laisseront pas trahir et éparpiller établissements par établissements, car le souvenir de la bousille des bureaucrates syndicaux en 2003 reste vive.

Et aussi, les étudiants, les personnels, les profs, on a tous intérêt à se préparer à manifester avec nos collégues les cheminots, pour faire capituler le gouvernement aussi sur le droit de grève, question importante s'il en est. Face à ceux qui veulent prendre leur revanche sur 1986, 1995 et 2006 en attaquant la jeunesse scolarisée et les travailleurs des transports, on doit répondre par le tous ensemble pour les défaire ! Et tant pis si l'UNEF ou la direction confédérale de la CGT ne sont pas d'accord.
Puig Antich
 
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Message par abounouwas » 16 Juil 2007, 20:42

Quand Le Monde sert la soupe à la réforme des universités en prenant un exemple Outre-Rhin...

a écrit :
Reportage
En Allemagne, Mannheim expérimente l'autonomie des universités
LE MONDE | 16.07.07 | 15h28  •  Mis à jour le 16.07.07 | 15h28
MANNHEIM (BADE-WURTEMBERG) ENVOYÉE SPÉCIALE

n coup d'oeil dans le bureau du recteur en dit long sur les réformes menées à l'université de Mannheim : avec sa table de conférence ovale, ses peintures d'art moderne et ses confortables fauteuils rouges, la pièce évoque plus celle d'un dirigeant d'entreprise que celle d'un président d'université. "Nous devons nous éloigner du principe d'égalité et définir l'université selon le mérite", clame Hans-Wolfgang Arndt, qui dirige l'établissement depuis 2001.

Installée dans l'ancien château baroque de la ville, l'université bénéficie d'une importante autonomie depuis 2005 : elle peut choisir ses 11 500 étudiants, recruter ses professeurs et fixer leurs salaires. Seuls le nombre d'étudiants et le montant du budget restent déterminés par le ministère régional des sciences et de la recherche.

La sélection des étudiants n'a pas rencontré d'opposition. Selon le recteur, cette procédure permet de prendre en compte les notes, mais aussi les activités extrascolaires des candidats. "C'est dans l'intérêt des enseignants d'avoir les meilleurs étudiants", souligne Johannes Paulmann, professeur d'histoire et doyen de la faculté de philosophie. Même l'organisation étudiante Asta n'y trouve pas grand-chose à redire : "Il est encore trop tôt pour faire le bilan de cette réforme", explique l'un de ses porte-parole, Johannes Grebhahn, étudiant en gestion.

Les professeurs, en revanche, envisagent avec moins d'enthousiasme leur rémunération au mérite. Le dispositif, qui concerne uniquement les nouveaux enseignants, ajoute au salaire de base assez bas des suppléments modulés en fonction du nombre de publications académiques et des efforts déployés pour financer les travaux de recherche. "Je ne connais pas de professeurs dont on puisse dire qu'ils ne travaillent pas beaucoup", critique M. Paulmann. Il craint, à terme, une différence de rémunération entre les "matières considérées comme utiles telles que l'économie des assurances" et les autres matières qui "n'apportent à première vue pas grand-chose à la société".

Le recteur bénéficie aussi d'un plus grand nombre de compétences. M. Arndt souhaite mettre l'accent sur les disciplines économiques et réduire l'offre en sciences humaines, ce qui suscite un tollé parmi les professeurs et les étudiants. "Spécialiser davantage l'université me paraît une bonne voie. Mais pour rester compétitif par rapport à d'autres institutions, il faut maintenir notre offre en lettres et sciences humaines", juge M. Paulmann. Pour protester contre ce plan, les étudiants ont organisé plusieurs manifestations à l'automne 2006. "Nous ne voulons pas devenir une pure business school", explique-t-on chez Asta.

Pour améliorer ses ressources financières, l'université fait appel au mécénat d'entreprise. L'établissement a ainsi pu récolter près de 14 millions d'euros au cours des trois dernières années. L'argent a permis de rénover des amphithéâtres et d'ouvrir une nouvelle bibliothèque. "A plus long terme, nous visons un financement mixte", explique le recteur.

Comme d'autres universités allemandes, Mannheim a introduit en 2006 des frais d'inscription qui s'élèvent à 500 euros par semestre. Cette mesure n'a pas provoqué de protestations et les étudiants ont pu rapidement en mesurer les effets positifs : les facultés de lettres et sciences humaines ont pu recruter plusieurs chargés de cours. Le porte-parole d'Asta reste néanmoins opposé à l'introduction de frais universitaires. "L'Etat doit pouvoir garantir la gratuité des études surtout quand on sait que la majorité des étudiants viennent déjà de milieux favorisés", souligne-t-il.

Une certaine nostalgie du système universitaire traditionnel est aussi perceptible chez les partisans des réformes. "Un certain appétit de savoir se perd à travers ces évolutions, les étudiants ne prennent plus le temps de lire des livres qui n'ont rien à voir avec leur discipline", constate le professeur Hans Bauer, doyen de la faculté de gestion avant d'ajouter : "Malheureusement, cet idéal coûte trop cher à la société."

Cécile Calla

La satisfaction des étudiants mesurée à chaque cours

En 2005, l'université de Mannheim a créé une business school qui propose des programmes de MBA (maîtrise en administration des affaires). Les professeurs y sont rémunérés en fonction des performances et les étudiants sont considérés comme "des clients" : leur satisfaction est mesurée à chaque cours et l'établissement ne fait plus appel à un professeur après trois sondages négatifs. L'école est présentée comme la meilleure d'Allemagne dans les classements publiés par la presse.


Voilà qui manque singulièrement de mise en perspective... :prosterne:
abounouwas
 
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