par toulaiev » 08 Sep 2007, 01:58
Pel independança de l' Occitania
Solid coma nòstra montanha
Veloç coma lo vent
Immense coma la mar
PNO
Concept, NATIONS ET CLASSES par François Fontan
Presque tous les peuples de l'univers formant des sociétés de classes, et pour la plupart d'entre eux depuis fort longtemps, les luttes entre nations sont étroitement mêlées aux luttes entre classes.
Dans toute nation indépendante (et comprenant des classes), les luttes internationales sont dirigées par la classe dominante et visent essentiellement à la satisfaction des intérêts de cette classe. C'est surtout aux maîtres d'esclaves, aux féodaux, aux capitalistes, aux bureaucrates, que profitent les nouvelles conquêtes ; ce sont principalement eux qui s'emparent des richesses naturelles et de la main-d'oeuvre du pays vaincu.
Les classes inférieures de la nation profitent elles aussi, à un degré moindre, de la colonisation, soit pour certains directement par l'immi-gration (comme " colon " ou fonctionnaire) ou la participation aux bénéfices des sociétés, soit pour toute la population indirectement par les améliorations (salaires, prix, investissements) accordés par la classe dominante, améliorations que celle-ci prélève sur les surprofits coloniaux. On doit cependant préciser que le soulèvement des colonies contribue fortement au renversement de la classe dominante, et qu'ainsi les peuples coloniaux peuvent être les alliés des classes exploitées de la nation dominante : les avantages que celles-ci peuvent tirer de la colonisation sont moindres que ceux qui résulteraient du renversement de leurs propres exploiteurs nationaux.
Il arrive souvent que la classe dominante abandonne volontairement les intérêts nationaux ; menacée par un soulèvement de son propre peuple, elle peut choisir la soumission à une classe dominante étrangère, ce qui constitue pour elle un moindre mal. Telle est depuis plusieurs années l'attitude d'une large fraction des bourgeoisies française et japonaise, des féodalités persanes et de certains pays arabes, vis-à-vis des Anglo-Américains.
Au sein d'une nation dépendante, la classe dominante adopte dans une large mesure cette attitude ; seul compte alors pour elle le sauvetage de ses privilèges. Quels que puissent être les inconvénients de cette attitude, elle tend à s'intégrer au maximum à la classe dominante étrangère dont elle adopte la culture et dont elle se fait le meilleur auxiliaire. Nombre de bourgeois français étaient ainsi pro-allemands en 1940-44, la plupart des féodaux d'Afrique du Nord étaient encore récemment pro-français, les bureaucrates ukrainiens sont en général pro-russes, etc...
Ce sont parmi ces assimilés collaborateurs (qui peuvent d'ailleurs venir également d'autres couches de la nation) que se trouvent les plus farouches chauvins de la nation conquérante. Le refoulement linguistique et culturel dont souffrent inconsciemment mais profondément ces assimilés est la cause réelle de leur agressivité et de leur impérialisme. En luttant contre les non-assimilés, ils luttent contre leur propre subconscient, et ils se vengent de l'oppression qu'ils ont subie dans leur jeunesse en l'imposant aux autres. Tels sont l'Italien francisé Buonaparte, le Géorgien russifié Djougachvili-Staline, le Portugais hispanisé Franco, les Juifs antisémites, les Occitans francisés l'" Action Française ". (Ces derniers partiellement, car leur programme de " décentralisation " et de défense des dialectes est une survivance de conscience occitane opposée à leur nationalisme français ultra-chauvin).
Dans les nations dépendantes, c'est ainsi que les intérêts nationaux, la langue et la conscience nationales, ne sont plus représentées que par les classes moyennes et inférieures, ou des fractions de ces classes, ainsi que par de rares éléments des classes supérieures. Pour ces classes, la lutte contre la couche dominante et la lutte pour l'indépendance nationale ne sont en fait qu'une seule et même chose. C'est d'ordinaire lorsque l'assimilation atteint profondément ces couches moyennes et inférieures qu'apparaît dans leur sein parmi leurs membres semi-assimilés, une avant-garde révolutionnaire tant nationalement que socialement. L'apparition de cette avant-garde qui rejette l'assimilation et la conscience étrangère est le prélude à la libération politique, économique et culturelle de la nation, qui signifie la plupart du temps un changement simultané de régime social.
Cette avant-garde passe évidemment par des degrés croissants de radicalisation en rapport avec les circonstances, débutant par une action " purement culturelle ", de timides revendications économiques, de vagues et abstraites idéologies " régionalistes " ou " fédéralistes ", des organisations floues de type amateuriste, pour arriver à une action d'ensemble à la fois culturelle, économique et politique, animée par une doctrine nationale et sociale concrète et cohérente, menée par des organisations fortement structurées.
Les luttes entre les nations ne sont pas produites par les luttes de classes ; elles peuvent exister entre des nations sans classes : telles sont les luttes entre les peuples dits " primitifs ".
Ni le renversement du capitalisme, ni même la disparition des classes, ne sont par eux-mêmes une garantie contre la domination d'une nation par une autre. Une nation sans classes peut très bien exploiter économiquement et assimiler culturellement une autre nation sans classes, et l'on peut dire alors que celle-ci est globalement réduite au rang de classe exploitée. Un tel processus est à l'origine de l'existence des classes, concurremment avec la division du travail. Non seulement l'impérialisme n'est pas un simple produit du capitalisme, mais tout système de classes est un produit direct ou indirect de l'impérialisme. L'histoire de la Grèce et de Rome le montre surabondamment ; la révolte de Spartacus n'avait-elle pas comme seul but de ramener les esclaves dans leurs pays ?
Seules l'existence d'une production abondante obtenue sans travail désagréable d'une part, et la disparition de l'agressivité chronique (psycho-sexuelle) d'autre part, peuvent supprimer radicalement toute tentative d'oppression nationale. C'est seulement parce que la disparition des classes et de l'Etat, le communisme, est organiquement lié à ces deux conditions qu'ils signifiera la disparition de l'impérialisme.
C'est seulement dans la mesure où la suppression du capitalisme, le socialisme, assure une meilleure exploitation de la nature et une plus juste répartition du revenu national et de la culture, dans la mesure où il est un acheminement vers le communisme, qu'il signifie une atténuation des tendances impérialistes.
Les classes sont certes une catégorie sociologique universelle, mais en tant qu'ensembles cohérents et vivants, elles n'existent qu'à l'intérieur de ces ensembles plus cohérents que sont les nations.
La situation sociale dans un pays a certes des répercussions sur la situation sociale dans les autres pays, mais les luttes de classes et les révolutions en tant que mouvements historiques réels, sont pour l'essentiel des faits spécifiques liés aux problèmes des rapports avec les autres nations.
Ce que l'on appelle le développement inégal du capitalisme et maintenant le développement inégal du socialisme sont simplement des aspects d'un phénomène général: l'originalité profonde de chaque histoire nationale.
Il paraît évident, mais il est nécessaire de rappeler aux messianistes " prolétariens " que le monde n'est pas divisé en deux classes et donc en deux camps de classe, au sein de chacun desquels il y aurait des différenciations de nation. Le monde est fondamentalement divisé en nations ; les classes ne sont apparues qu'après les ethnies et dans leur sein, l'histoire des nations et de leurs luttes et l'histoire des classes et de leurs luttes s'étant ensuite développées en interaction. Les contradictions primordiales demeurent les conflits impérialistes, les luttes entre nations, et c'est au sein de chacune de ces nations qu'existent des conflits de classes.
Au XXe siècle plus que jamais, il faut admettre que le progrès, et cet aspect précis du progrès qu'est le socialisme, ne peuvent et ne doivent en aucun cas être imposés de l'extérieur à une nationalité au nom d'un prétendu prolétariat international ou sous quelque prétexte que ce soit, faute de quoi ils constituent pour cette nationalité une nouvelle et plus profonde aliénation.
L'indépendance nationale se révèle toujours plus comme l'objectif primordial, préalable à tous autres (socialisme, démocratie, etc.) et ceux-ci ne peuvent se réaliser véritablement que dans son prolongement." FF
Toulaiev