Les Antilles empoisonnées par les pesticides

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Sterd » 17 Sep 2007, 22:05

(France2.fr a écrit :Les Antilles empoisonnées par les pesticides
 
La Guadeloupe et la Martinique sont "empoisonnées" par les pesticides, selon un rapport rendu public lundi
 
Le cancérologue Dominique Belpomme, auteur du rapport, évoque dans un entretien à Aujourd'hui/Le Parisien un "désastre sanitaire".

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a estimé lundi qu'aucun "lien scientifique" n'avait été établi par le médecin mais a néanmoins appelé la population locale à prendre certaines précautions.

La mission qu'a menée le docteur Belpomme sur place pour mesurer les conséquences de l'usage massif de pesticides par l'agriculture conclut à un empoisonnement du sol et de l'eau par plusieurs dizaines de pesticides.

Il devrait présenter lui-même les conclusions de son rapport mardi, lors d'une conférence de presse organisée à l'Assemblée nationale.

Parmi les produits incriminés figurent "le chlordécone, le paraquat (interdit très récemment) et plusieurs dizaines d'autres pesticides  utilisés dans des conditions opaques", explique le professeur Dominique Belpomme.

Le taux des cancers de la prostate est "majeur" aux Antilles mais les scientifiques n'ont "pas encore la preuve épidémiologique" qu'ils sont "liés au chlordécone", un produit que "la France a interdit en 1990 sur son territoire, sauf... aux Antilles", précise-t-il.

"Le taux de malformations congénitales augmente" aux Antilles françaises, où "les femmes ont beaucoup moins d'enfants qu'il y a quinze ans" souligne-t-il, estimant que ces phénomènes sont liés aux pesticides. Il souligne également que, en Guadeloupe, on trouve du chlordécone dans le cordon ombilical de tous les bébés.

Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a reconnu sur Europe 1 que la situation était "très grave" et qu'elle avait des conséquences également sur "la qualité des terres".

Il estime qu'on a "une opportunité de faire autrement à partir de maintenant et heureusement, puisque les bananeraies ont été détruites par le cyclone" Dean en août dernier: "Au moment où l'on va replanter, on a l'occasion d'utiliser peu ou pas de pesticides", ajoute-t-il.
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

Message par jeug » 18 Sep 2007, 08:07

R Bachelot a d'ores et déjà recommandé aux Antillais de limiter à 2 fois par semaine la consommation des produits ne provenant pas des circuits commerciaux : production de jardins familiaux ou prélèvements d'eau de source, en attendant les analyses complètes.
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par ravine chien » 18 Sep 2007, 14:02

Le sud ouest de la Martinique devient une zone désertique. Il y avait autrefois, des champs de cannes à sucre. Puis lorsque les besoins en sucre se sont fait moindre (avec le sucre de béterave), la canne a été remplacée par la banane.. Avec la crise de la banane, qui dure depuis ...bien longtemps, ces champs ont été abandonnés. Depuis, plus rien ne pousse, la terre est à nue dans de nombreux endroit sous l'effet combiné du sel marin et des pesticides.
Sur le conseil de ma proprio, je ne consommais que ce qui se trouvait dans les arbres; fruit de l'arbre à pain, papaye, mangue, pomme d'eau...D'après elle, il n'y avait pas de pesticide dans les fruits des arbres. Par contre il ne fallait pas manger de carottes, patates, ignames... :unsure:
Quelqu'un sait c'est quoi les premiers symptomes d'un cancer de la prostate?
ravine chien
 
Message(s) : 0
Inscription : 17 Mars 2003, 14:50

Message par NazimH » 18 Sep 2007, 16:02

Pour les symptômes (je ne suis pas médecin), il me semble que :

- une des difficultés est que ce n'est pas décelable aisément au départ (pas de trouble majeur) en dehors d'une analyse en laboratoire (dont j'ai oublié le nom) de l'augmentation du taux d'une protéine

-en fait le malade vit souvent avec un petit moment puis commence à subir des troubles divers (essentiellement autour de la fonction urinaire : besoin fréquent, douleurs etc..)
- la première méthode de détection -par un médecin- est le toucher rectal. Le médecin va essayer de déterminer si la prostate est atteinte en la palpant (cette détection n'est pas sure)
-en général le médecin va confirmer ou infirmer son diagnostic par l'examen dont j'ai parlé ci-dessus.


Donc pour résumer si on va souvent aux toilettes et que ça fait mal quand on urine... il y a des chances que ce soit un cancer de la prostate (je crois que c'est le cancer le plus fréquent chez les hommes les plus âgés).
NazimH
 
Message(s) : 26
Inscription : 15 Oct 2003, 15:34

Message par Louis » 18 Sep 2007, 19:13

de toute façon, il peut se passer pas mal de temps entre l'ingestion d'un produit possiblement cancérigéne (10/20 ans) et le fait de développer un cancer ! De toute façon, pour le moment, la relation entre ces pesticides et le taux extremement élevés de cancers de la prostate n'est pas établi

Voila une présentation du livre qui a fait "éclater le scandale"

("rfi" a écrit :En mars 2007, les Martiniquais Raphaël Confiant et Louis Boutrin avaient publié à l’Harmattan Chronique d’un empoisonnement annoncé. Le scandale du chlordécone aux Antilles françaises (1972-2002). Ce livre-enquête sur l’utilisation de ce pesticide très nocif, utilisé dans les bananeraies durant près de trente ans, avait permis aux auteurs de pousser un cri d’alarme et d’interpeller les candidats à la présidentielle ainsi que l’opinion publique.

Une substance toxique
De 1972 à 1993, un produit antiparasitaire de lutte contre le charançon du bananier et dont la matière active était le chlordécone, insecticide organochloré, a été utilisé par les producteurs de banane de Martinique et de Guadeloupe. Le chlordécone est une substance toxique, persistante, qui se dégrade difficilement et a tendance à s’accumuler dans les sols et les graisses.

Breveté en 1952 aux Etats-Unis, puis interdit 24 ans plus tard, le chlordécone est provisoirement autorisé sur le marché français par le ministère de l’agriculture dès 1972. Malgré la toxicité de l’insecticide et son action cancérogène, les autorités françaises l’autorisent sur le marché à partir de 1981. Dès lors, des centaines d’agriculteurs l’utilisent et contaminent sans le savoir les terres bananières, les rivières, les sources et, par extension, l’eau potable.

Empoisonnement
Selon Raphaël Confiant et Louis Boutrin, les autorités publiques connaissaient la toxicité du produit depuis les années soixante-dix mais n’avaient pas jugé utile d’en informer la population et les élus. Les prélèvements actuels montrent qu’il existe plus de 120 kg de pesticides par hectare et que 22 500 hectares en Martinique sont contaminés à 90 %.

Pourtant, dès 1977, le rapport Snégaroff, issu d’une mission de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) démontre la réalité de cette pollution et préconise un plan d’urgence. En 1980, le rapport Kermarrec soulignait quant à lui la bioaccumulation des organochlorés dans l’environnement.
Il relevait notamment l’accroissement de la concentration en perchlordécone dans la chaîne alimentaire, et attirait l’attention sur la nécessité d’effectuer des recherches sur une molécule voisine, le chlordécone.

Interdiction
Or, à l’époque, rien n’est fait pour mettre un terme à la commercialisation du produit, seulement interdit en 1993. En 1998, une mission interministérielle d’inspection relative à l’évaluation des risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires en Guadeloupe et en Martinique est menée par MM. Balland, Mestre et Fagot, à la demande du ministre de l’agriculture et de la ministre de l’environnement.
La mission conclut à l’existence d’un « risque potentiel pour tous les compartiments du milieu et pour les utilisateurs, compte tenu [...] d’une possibilité d’exposition supérieure à ce qu’on peut trouver en métropole [et] des dangers particulièrement élevés, à la fois pour l’homme et l’environnement ». Mais là encore, pas un seul plan d’urgence n’est mis en place par les autorités.
Pire, les services sanitaires retrouvent, en 2003, plus de 9 tonnes de chlordécone stockées dans un hangar en Martinique.

 
Conséquences sur la santé
Pour Louis Boutrin et Raphaël Confiant, les conséquences sur l’environnement sont effectivement catastrophiques. Mais elles ne le sont pas moins pour la santé des Antillais. Les bananeraies contaminées se situent principalement au Sud de Basse-Terre en Guadeloupe et dans le Nord de la Martinique, deux zones qui sont en quelque sorte les châteaux d’eaux de ces régions. Or en Martinique par exemple, 91 % de l’eau potable provient des rivières et ces rivières trouvent leur source dans ces zones.

Selon des études internationales mentionnées par les auteurs, l’exposition au chlordécone peut provoquer des anomalies congénitales, des troubles immunitaires, des troubles de la reproduction, une perte de la fertilité, favoriser les maladies de Parkinson et d’Alzheimer ainsi que des cancers de la prostate.

Les départements des Antilles connaissent d’ailleurs une véritable explosion des cancers de la prostate depuis quelques années, soit 244 nouveaux cas par an pour la Martinique et 266 cas en Guadeloupe. Aujourd’hui, 50 % des cancers des hommes en Martinique concernent la prostate, ce qui représente le 2ème taux mondial après les Etats-Unis, par ailleurs premier consommateur de pesticides au monde.

Responsabilités
Dans leur enquête, les auteurs accusent l’Etat de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour résoudre la crise. Les « latifundistes békés », en l’occurence les propriétaires des grandes plantations de banane, y sont également désignés, à la fois comme les importateurs des produits phytosanitaires responsables de la contamination, de leur commercialisation et de leur mise sur le marché via l’administration locale.

En 2005, une mission d’information parlementaire, dirigée notamment par les députés Joël Beaugendre (Guadeloupe) et Philippe Edmond-Mariette (Martinique), a remis un Rapport sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides dans l’agriculture martiniquaise et guadeloupéenne qui établit la découverte de la contamination par la Direction de la santé et du développement social (DSDS), en 1999. Une découverte tardive malgré les rapports scientifiques cités plus haut, qui concluent tous à la « présence significative de pesticides dans l’environnement ».

 
Réparations
Devant l’absence de réactions des autorités, Louis Boutrin et Raphaël Confiant évoquent une « véritable omerta ». Les auteurs demandent donc que les responsabilités soient clairement établies et que des enquêtes bactériologiques soient menées par des experts indépendants.
Ils préconisent également une décontamination des sols et l’indemnisation des agriculteurs. Aujourd’hui, ce travail d’enquête semble avoir porté ses fruits puisque la justice s’empare du dossier et devrait commencer à enquêter de son côté sur cette pollution des champs de banane malgré les ravages du cyclone Dean.
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par jeug » 18 Sep 2007, 19:14

Mais surtout, ne pas attendre les "premiers symptomes", pratiquer le dépistage.
On peut espérer que des campagnes massives de dépistage vont être organisées à titre exceptionnel, étant donné les circonstances !
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par zejarda » 18 Sep 2007, 20:19

Un article de Combat Ouvrier membre de l'UCI

a écrit :
A propos d’un article publié dans le journal “Spark” (USA) du 18 juillet 2005

C’est la découverte en 2002 dans le port de Dunkerque de patates douces contaminées au chlordécone qui avait attiré l’attention sur la présence dans les plantations bananières en Martinique de ce dangereux pesticide pour la santé et l’environnement. Dans le même temps, près de 10 tonnes de curlone un dérivé du chlordécone stockés dans des exploitations agricoles était saisi, alors que ce produit était interdit depuis 1973.
Les dangers de ces pesticides sont connus. Alors qu’ils sont interdits, les entreprises poursuivent leur utilisation dans des régions où leur impunité est garantie comme dans les Caraïbes, en Amérique latine et en Asie (Philippines). Ces entreprises n’agissent pas par erreur, accident ou imprévus. Leurs actions sont des actes criminels programmés pour le maximum de profit.
C’est ce que nous montre l’article «MULTINATIONALES EN LIBERTE. CRIMES AU NICARAGUA» traduit et reproduit ci-dessous du journal «SPARK» sur le drame que vivent près de 5000 ouvriers de la banane du Nicaragua contaminés par un pesticide, le Némagon, face au mépris des multinationales des USA.
«Plusieurs centaines de personnes ont marché sur la capitale, Managua, où ils ont campé en face de l’Assemblée Nationale durant deux mois. Il s’agit des ouvriers des exploitations de banane qui ont été exposés au Némagon, un pesticide connu pour être à l’origine de très graves maladies. Quelques uns de ces ouvriers sont aujourd’hui à l’article de la mort.
Le Némagon a été inventé au milieu des années 1900 aux Etats-Unis. Dow Chimical a fabriqué et commercialisé ce produit qui est utilisé dans diverses entreprises agricoles, dont Standard Fruit Company, Il combat de manière efficace les organismes qui attaquent les racines des plants. Il permet également de produire de grosses bananes. Et il ne coûte pas cher du tout. C’était la concrétisation d’un rêve pour les entreprises dans ce secteur.
Mais depuis 1958, des études effectuées en laboratoire sur des animaux ont montré que le Némagon était toxique. Ces études ne furent pas divulguées. Enfin, en 1975, l’Agence pour la Protection de l’Environnement des Etats Unis déclara que ce produit est la cause de cancers. En 1977, on a constaté que de nombreux ouvriers états-uniens qui avaient participé à la fabrication de cette substance étaient devenus stériles. En 1979, le Némagon fut interdit au Etats Unis.
Pourtant, le Némagon continue d’être utilisé - d’abord au Nicaragua, mais également en Equateur, en Israël, au Burkina Fasso, en Côte d’Ivoire et aux Philippines – et même aux Etats Unis.
Le Némagon est à l’origine de maladies de la peau, de plusieurs organes, de divers cancers et il entraîne à la fois des déficiences mentales et physiques chez les enfants. Ces problèmes sont même transmis aux générations suivantes étant donné que ce poison se fixe dans les cellules reproductrices.
Les entreprises qui fabriquaient et utilisaient ce poison savaient parfaitement ce qu’elles faisaient: elle ont froidement fait le calcul de laisser souffrir et mourir des gens tant que les profits continueraient de couler.
Combien y a-t-il eu de victimes? Des dizaines de milliers sans doute. Rien qu’au Nicaragua, le nombre est estimé à au moins 20000. Le parlement nicaraguayen, sous la coupe les Etats-Unis, n’a rien fait à ce sujet. Il ignore les quelque deux cents personnes atteintes qui campent en face du parlement.
En 2002 un tribunal nicaraguayen a condamné trois entreprises états-uniennes, leur ordonnant de payer plusieurs millions de dollars à quelque 500 ouvriers. Toutefois, ces entreprises n’ont pas payé et n’ont pas l’intention de le faire. Des vies brisées et un environnement atteint pour des centaines d’années: la conséquence de la marche du capitalisme vers le profit.



moi qui adore les bananes :33:
zejarda
 
Message(s) : 20
Inscription : 01 Oct 2002, 10:40


Retour vers Politique française

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)