par jeug » 21 Nov 2007, 17:25
Maintenant, pour répondre aux 2 questions que pose Golgot :
- mais toutes ces violences ne portent-elles pas en germes le stalinisme ?
Pour moi non, ce ne sont pas "ces violences" qui portent le germe, ou plutôt le risque. Ce sont les circonstances sociales d'une part et politiques d'autre part.
Je vois que tu poursuis en parlant de "l'exaspération d'une partie de la société qui se retrouve alors dans Staline... ". Ce dernier ne doit pas son accession au pouvoir à une quelconque partie de la population exaspérée par une évolution de la situation, mais aux possibilités offertes à un nombre croissants de privilégiés d'un type nouveau, les bureaucrates, de consolider et accroître leurs privilèges dans des circonstances économiques difficilés pour le pays, ce qui ne pouvait donc se faire que par l'oppression du plus grand nombre, en se rangeant derrière le pouvoir de Staline.
Et seule une extension de la révolution au-delà de la Russie, aurait pu renverser le cours des choses vis à vis cette situation économique.
Si tu fais une recherche sur ce forum sur vers+fruit, tu tomberas immanquablement sur un nombre important d'échanges concernant la relation entre la méthode et l'objectif.
Et la question qui me semble essentielle c'est celle que tu poses plus loin :
"comment assurer que ceux qui organisent la lutte sauront quand celle-ci ce calme, rétablir davantage de justice"
ou encore formulée autrement :
"Comment faire apres la guerre civile pour que tout le monde continue à se battre pour que le socialisme ne soit pas que le paravent d'une bureaucratie dominante"
Je ne sais pas si je saurai bien répondre à ça de manière complètement satisfaisante. Comme toi, je me pose surtout la question.
Je peux dire cependant que les garde-fous sont la clarté de l'objectif poursuivi, la préoccupation de maintenir (ou rétablir) le contrôle large par le plus grand nombre. Tout autant de choses à l'opposé des orientations du pouvoir Stalinien dès le début, et pour cause.
Mais surtout, il n'y a pas continuité historique entre la révolution d'octobre et la mise en place du stalinisme : la guerre civile a consacré une rupture que l'on a de la peine à imaginer avec le recul. On est passé d'un moment historique, durant 1917-18 ou un fantastique élan populaire général en Russie, tant du monde ouvrier que des paysans pauvres, qui avait créé les véritables conditions rendant possible le développement d'une révolution prolétarienne menant au socialisme, on est ensuite passé à cause de l'atroce brutalité de la guerre civile, de la famine, des maladies, et de tout le cortège d'horreurs qui accompagne cela pour les mêmes ouvriers et paysans pauvres, à une démobilisation totale de cette population.
Ainsi, les bolchéviks, outre le fait qu'ils ont été eux aussi décimés dans leur ensemble par ces mêmes événements, se sont retrouvés isolés, "coupés des masses" finalement très rapidement après cette formidable communion réalisée au moment de la révolution.
Et alors on peut dire que les conditions n'étaient plus réunies pour aller vers un état prolétarien. On ne le savait pas encore à l'époque, mais maintenant, riche de cette expérience, on peut le dire, les conditions se sont alors trouvées au contraire exactement réunies pour une dictature d'un type nouveau : le stalinisme.
Le stalinisme n'est pas du au fait que les révolutionnaires avaient répondu à la violence par la violence, non.
Le stalinisme doit d'avoir pris le pouvoir à la démobilisation des masses après le grand choc de la guerre civile, aux désastre économique consécutif à la guerre civile, et à l'échec de la révolution partout ailleurs en Europe, en Chine...