sur Henri Martin, il y a un papier de
l'Huma:
a écrit :
Henri Martin Condamné pour propagande contre la guerre d’Indochine
En 1936, c’est le Front populaire et j’ai neuf ans. J’allais porter la musette à mon père qui travaillait à l’usine de cuisinières à Rosières, dans le Cher. Dans la musette, il y avait le casse-croûte, et l’Humanité. C’est l’année de la guerre d’Espagne. Dans la ville, on organisait des soirées de solidarité avec le peuple espagnol et les gars y vendaient l’Humanité. Pour s’être opposé aux accords de Munich, mon père est licencié avec deux cents de ses compagnons. L’occupation, la résistance. Mon père attendra 1942 pour me dire ses activités clandestines. Il estimait que j’étais trop gamin. J’ai quinze ans et je diffuse l’Humanité clandestine. Quand je dis l’Humanité, parfois c’étaient des morceaux d’Humanité, quelques articles qui tenaient sur un recto verso. En 1944, je rejoins le maquis de Lignères et de Chateaumeilland, au sud du département. Comme j’étais le plus jeune, on m’envoyait dans les fermes au ravitaillement. Je participe à la Libération de Bourges le 6 septembre 1944. C’est à ce moment-là que j’adhère officiellement au Parti communiste. Aux FTP, on signait juste le code d’honneur, mais là je remplis mon bulletin d’adhésion. L’Huma reparaît et ce n’était plus qu’un recto verso. Je pars sur le front de Royan, j’y reste trois mois jusqu’au 18 février 1945. Démobilisé de l’armée de terre, je m’engage dans la marine, volontaire contre le Japon. Je pars le 17 octobre 1945 pour l’Indochine et j’y arrive en décembre 1945. J’ignorais tout de ce qui s’y passait. Moi, je partais pour poursuivre la lutte antifasciste. Je n’ai plus l’Humanité mais l’Émancipateur, le journal communiste du Cher, et la Vie ouvrière. Les journaux communistes seront interdits dans l’armée en juillet 1949.
Début 1948, trois mois de permission, puis je suis affecté à l’arsenal de Toulon. J’achète mon Humanité, mais je ne l’affiche pas comme avant. Je suis emprisonné le 14 mars 1950, le jour de l’abrogation du décret Seyrole. La peine de mort pour activités communistes se transforme en vingt ans. En prison, je reste à la maritime jusqu’en juillet 1951. Je suis transféré en centrale à Melun. Là, par mon avocat et des gardiens communistes, j’ai l’Humanité. La campagne " Libérez Henri Martin ", c’est avant tout une campagne contre une guerre injuste, contre la répression. C’est la journaliste Hélène Parmelin qui écrit les articles pour ma libération. J’imagine les efforts qu’elle a dû faire pour ne pas se répéter. Je la plains : pour un journaliste, je comprends le drame. C’est un exemple de dévouement que d’écrire sur l’affaire Henri Martin. Je lui rends hommage d’avoir écrit tout ce temps sur cette histoire. Je suis libéré le 2 août 1953. Et l’Algérie arrive dans la foulée.