Question sur le pouvoir économique

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par jeug » 16 Déc 2007, 16:40

Les gouvernants sont au service de la classe qui a le pouvoir, c'est-à-dire la bourgeoisie. En toute décision (lois, décrets) ils sont donc préoccupés de l’intérêt du grand capital.
Les véritables avancées sociales ont été acquises de haute lutte par les travailleurs, c'est-à-dire lorsque les gouvernements ont été poussés par le grand patronat à céder plutôt que risquer la crise dans la rue et dans les usines.
Je ne parle pas des mesures telles que les nationalisations faites dans des conditions financières avantageuses pour les vendeurs privés et généralement pour apporter les investissements nécessaires à leur place (d’infrastructure par exemple).
Evidemment, parfois une loi, bénéfique à la majorité des grands patrons, peut aller à l’encontre de l’intérêt ponctuel de quelques uns, par exemple relativement aux commerce international.
Mais jamais une loi ne va gratuitement (c'est-à-dire sans lutte des travailleurs) à l’encontre des intérêt profond de la bourgeoisie dans son ensemble.
Que se passerait-il si un pouvoir en place (droite ou gauche), quelqu’en soit la raison, faisait voter une loi à l’encontre de l’intérêt de la classe dominante ?

Quels sont les moyens à la disposition de cette dernière pour empêcher l’application d'une telle loi ?
A-t-on des exemples historiques ?

Merci
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par Bolchevizma » 16 Déc 2007, 17:00

La bourgeoisie peut trouver le moyen de faire faire un putsch. exemple : coup d'état de Pinochet

La bourgeoisie peut faire du sabotage économique. exemples : lock out au Venezuela, fuites de capitaux, inflation, délocalisation...

Bon y a plein d'autres ressorts, je laisse les camarades compléter.
Bolchevizma
 
Message(s) : 0
Inscription : 29 Avr 2007, 16:44

Message par Vérié » 16 Déc 2007, 17:21

(jeug @ dimanche 16 décembre 2007 à 16:40 a écrit : Que se passerait-il si un pouvoir en place (droite ou gauche), quelqu’en soit la raison, faisait voter une loi à l’encontre de l’intérêt de la classe dominante ?


C'est un poil plus complexe. Il y a les interets immédiats de la bourgeoisie et il y a ses interets à plus long terme. Et il y a aussi différentes catégories de la bourgeoisie qui peuvent avoir des interets contradictoires, meme si toutes se retrouvent contre la classe ouvrière.

Un gouvernement bourgeois, avec un appareil d'Etat bourgeois, peut donc, dans certaines circonstances prendre des mesures qui nuisent à l'interet immédiat de la bourgeoisie ou d'une partie importante de la bourgeoisie. Par exemple les 40 heures, les congés payés et les augmentation de salaires et 36, ou les fameux acquis sociaux de la Libération (Sécu, Comités d'entreprises etc), mesures adoptées par De Gaulle.

Soit une partie importante de la bourgeoisie et de la classe politique est consciente que des concessions provisoires permettent d'assurer la paix sociale et d'éviter le pire, soit un pouvoir fort - genre De Gaulle) parvient à échapper à la pression immédiate de la bourgeoisie et à lui imposer des concessions, en s'appuyant plus ou moins sur la classe ouvrière. (C'est ce que Marx définissait comme le "Bonapartisme", un jeu d'équilibre entre les classes.) Ce fut le cas de Peron, peut-etre celui de Chavez etc.

Mais bien entendu, aucun gouvernement, dans le cadre du système, ne peut prendre des mesures allant complètement à l'encontre des interets de la bourgeoisie, par exemple l'expropriation générale de la bourgeoisie au profit des classes pauvres, et surtout des mesures allant dans le sens de l'affaiblissement de l'Etat bourgeois, telles que le désarmement de l'armée et de la police, pour armer les travailleurs. Et aucun n'a jamais tenté d'en prendre.

Ce qui a été reproché à Allende par la bourgeoisie chilienne, ce n'est pas d'avoir pris des mesures innaceptables pour elle, c'est surtout son incapacité à maintenir l'ordre social et à calmer les travailleurs, en dépit de tous ses efforts. Car, en période de mobilisation ouvrière et populaire, le jeu d'équilibre est évidemment délicat à mener.

Sinon, sans aller jusqu'au putsch, la bourgeoisie dispose d'innombrables moyens et relais pour empêcher l'adoption d'une loi qui la dérange : lobbies de députés et sénateurs, conseil constitutionnel, Cour suprème aux Etats-unis etc. Les constitutions bourgeoises sont étudiées pour cela : éviter qu'un gouvernement un peu audacieux prenne des mesures gênantes - cas pourtant improbable.

Le coup d'Etat à la Pinochet, c'est vraiment en dernier ressort. D'autant que, en Amérique latine, la situation est encore plus compliquée : Pinochet agissait non seulement pour le compte de la bourgeoisie chilienne, mais pour celui de l'impérialisme américain qui a financé et encadré le coup d'Etat.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par titi » 16 Déc 2007, 18:04

la bourgeoisie peut aussi refuser tout simplement de se plier à la loi

et penser que l'appareil de répression (police, armée) ne sera pas utilisé contre elle, voire sera de son coté

la bourgeoisie peut aussi se mobiliser (presse, jeunesse étudiante)
titi
 
Message(s) : 112
Inscription : 21 Juin 2003, 17:09

Message par jeug » 16 Déc 2007, 18:17

Merci pour ces réponses.
Je recentre un peu : Je ne parle pas de s'opposer à l'adoption de la loi (ça, on connaît bien) mais à son application.
Je parle bien d'exemples où une loi a été votée parce qu'il n'y avait pas le choix du point de vue des dirigeants politiques mais où une partie majoritaire du grand capital fait ensuite obstruction parce qu'elle ne correspond pas à son intérêt immédiat ou à court terme.

A-t-on de tels exemples ?
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par Vérié » 16 Déc 2007, 18:31

On a un excellent exemple en ce moment avec la loi SRU et les municipalités de droite (Neuilly en tête) et certaines de gauche qui ne respectent pas le quota de constructions sociales prévues par la loi. D'une façon générale, des quantités de PME - sans doute la majorité - ne respectent pas les lois sociales, par exemple ne paient pas les heures sup ou ne les paient pas à leur tarif etc.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par artza » 17 Déc 2007, 09:42

Il arrive aussi que des lois soient tout bonnement mises au placard ou contournées en toute légalité.

D'ailleurs les décrets dits d'application sont là pour ça, moduler les conséquences diverses et possibles de la loi.

Par exemple la loi sur les 40 heures de travail hebdomadaires adoptées en 1936 sous la pression de la grève générale.

Je ne sais si elle fut appliquée quelques mois, mais jusqu'en 68 elle ne l'était pas.

Toutes les entreprises nationalisées ou privées, et la fonction publique faisaient plus de 40 heures. Le salarié n'avait pas la possibilité de les refuser.

Une seule conséquence bénéfique de cette loi, les heures imposées au-delà de 40 heures étaient majorées.
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Dorvek » 17 Déc 2007, 21:16

Question complémentaire: que se passerait-il si la Bourgeoisie se suicidait collectivement? Socialisme ou barbarie :w00t: ?
Dorvek
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Déc 2007, 17:44

Message par Dorvek » 19 Déc 2007, 07:30

Certes: :cpu: :155: :23: :cobra84: :shooter: :pendu: :124: :co_co:


Bref, avant tout ça, et pour en revenir à nos moutons (de Panurge), je sais plus qui :33: a dit que le capitalisme serait son propre fossoyeur :anim-toilet:

Donc rassurons nous: les Bourgeois vont bien se suicider collectivement!
:marsububu:
Dorvek
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Déc 2007, 17:44

Suivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : gipsy et 2 invité(s)